L'Expression

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Nna Ouiza, la veuve d’Ali Zamoum, vient de nous quitter

Ighil Imoula perd la gardienne de la mémoire

Sa maison est la destination inéluctable de tout visiteur qui vient sur les traces de l’histoire.

Cette grande dame avait jalousement gardé, jusqu'à son dernier souffle, la Ronéo qui a servi à la rédaction de la déclaration du 1er Novembre. Nna Ouiza, la veuve du Moudjahid Ali Zamoum est partie. Elle est décédée avant-hier après une vie pleine de...combats. Sa vie est chargée de symbolique. Une femme au ton libre qui ne passe pas par mille chemins pour dire la vérité, même si elle déplait. Nna Ouiza est partie après avoir passé sa vie à se battre pour la mémoire. Elle est, elle-même, mémoire. Dans le village Ighil Imoula, village où a été rédigée la déclaration du 1er Novembre, Nna Ouiza est une icône. Sa maison est la destination inéluctable de tout visiteur qui vient sur les traces de l'histoire. C'est dans cette maison qu'elle a vécu les plus beaux moments de sa vie et surtout les plus chargés d'émotion. C'est là qu'elle a vécu avec son mari, Ali Zamoum qui a donné toute sa vie à l'Algérie, avant et après l'indépendance. C'est dans cette maison qu'elle a senti les meurtrissures de la guerre de libération. Et, c'est dans cette maison qu'elle recevait, aussi, des amis dont Kateb Yacine. En 2013, Nna Ouiza racontait ces moments à L'Expression et elle livrait pour la première fois des photos de la ronéo qu'elle gardait jalousement. Elles nous racontait avec tendresse, chagrin et déception, sa situation et celle du village Ighil Imoula. Très naturelle, franche et sincère, elle n'hésitait pas à placer les mots...sur les maux. C'était Nna Ouiza tout simplement. Lors de cette visite que nous lui avions rendue en 2013, Nna Ouiza parlait de la révolution, de son mari et de Kateb Yacine, aussi. «La ronéo et la machine dactylographique doivent être dans un musée et non chez une vieille femme comme moi», disait-elle déjà tout en reconnaissant que son âge ne permettait plus de veiller à ce patrimoine qui devait trouver sa place au musée. Nna Ouiza qui gardait sa verve de révoltée n'a pas hésité à égratigner les responsables en affirmant qu'Ighil Imoula méritait mieux. La dame se remémorait aussi des moments passés en famille avec Kateb Yacine. «Nous l'avons connu lorsque nous habitions au Télemely, à Alger. Il nous rendait visite aussi lorsque nous avons déménagé à Bouira et il a continué à venir nous voir ici à Ighil Imoula», racontait-elle ajoutant que Yacine «venait toujours ici à Ighil jusqu'en 1989. Yacine aimait ramener ses enfants ici. Il connaissait presque tous les villageois. Il s'était fait adopter comme un fils d'Ighil Imoula». Gardant encore le souvenir de l'ambiance «révolutionnaire» qui régnait dans sa maison à Ighil Imoula, Nna Ouiza a tenu à clore par cette phrase: «Je me souviens du jour où mon mari et Yacine ont pleuré des larmes chaudes en apprenant la mort de Che Guevara». Nna Ouiza s'en va laissant ainsi son souvenir planer éternellement sur Ighil Imoula. Elle part laissant l'Algérie entre les mains des futures générations. Elle part mais elle ne nous quitte pas car les papillons qui s'envolent et se posent sur les rosiers de son jardin, resteront encore.

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