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EDUCATION NATIONALE

Faut-il faire la guerre aux défaitistes?

On oublie tous ces «héros ordinaires» qui écrivent en silence et dans l'indifférence de formidables pages de l'Education nationale.

L'Education nationale bénéficie du plus important budget de la République. Avec ces 10 millions d'élèves, ses 700.000 fonctionnaires, ses 12 ou 13 millions de parents d'élèves et ses 28.000 établissements, ce secteur est sans doute le plus proche des Algériens. L'écrasante majorité de la société est, directement ou indirectement, concernée. Aussi, l'intérêt que l'on porte à l'école en Algérie relève de l'intérêt de tous. Et à côté d'une vision sociétale quant aux rôle et mission de l'institution éducative dans la promotion de toute la société, il y a aussi et certainement un certain attachement individuel. Chaque Algérien veut voir l'école à sa mesure, selon ses propres espérances.
En fait, en chaque Algérien sommeille un ministre de l'Education nationale, comme on peut compter 40 millions de présidents de la République, de sélectionneurs de l'Equipe nationale de football ou encore d'imams. Cela pour dire que les attentes sont très fortes, voire impossibles à réaliser à court, moyen ou long terme.
Dans cinquante ans, il y a de fortes chances que le débat que l'on a aujourd'hui sur l'école ne soit encore d'actualité et il se trouvera toujours plusieurs dizaines de millions d'Algériens, qui estimeront que rien de sérieux n'a été fait dans ce domaine.
Mais avant d'évoquer la question du futur de l'Ecole algérienne, restons dans le présent pour entendre la ministre, Nouria Benghberit dire à qui veut l'entendre que l'Education nationale n'est pas si sinistrée que cela. Outre le taux «phénoménal» de scolarisation, la ministre souligne les avances notables dans l'amélioration des conditions d'enseignement et de prise en charge des élèves. Ce n'est pas Mme Benghebrit qui le dit seulement, mais des chiffres consolidés et confirmés par les instances nationales et internationales. Cela pour dire que quoi qu'on dise, l'Etat n'est pas resté les mains croisées et les choses évoluent au plan de la pratique tout au moins.
Mais que constate-t-on face à ces efforts concrets? La réponse est dans la bouche de la ministre, comme elle pourrait être dans celle de tous ceux qui ont participé à l'essor actuel de l'Ecole algérienne, à savoir que l'insatisfaction est proportionnelle aux performances réalisées par le secteur. En d'autres termes, plus l'école avance, plus il y a des mécontents.
Bref, personne ne semble rassuré par ce qui se passe dans l'institution éducative et encore moins les parents d'élèves qui déroulent un chapelet de critiques à l'endroit de l'administration et le corps enseignant.
On en est donc, là en Algérie, à scruter les trains qui ont du retard, sans prêter la moindre attention à ceux qui font des kilomètres et des kilomètres de progrès. En d'autres termes, on s'accroche aux faux-profs, aux proviseurs-affairistes et l'on oublie tous ces «héros ordinaires» qui écrivent en silence et dans l'indifférence de formidables pages de l'Education nationale.
Cette tendance à chercher la petite bête, juste pour se dire que rien ne bouge dans ce pays, a minimisé l'effort et la profession d'éducateur au profit d'une «horrible» inversion des valeurs, voire une perte de repaires qui s'exprime à travers une sorte de fuite en avant des parents d'élèves. Les cours payants traduisent, certes, une volonté de voir ses enfants acquérir des connaissances à même de leur ouvrir les portes de l'université, mais dans le même temps, ils font ressortir un cruel manque de confiance dans le système éducatif. Les profs ne sont pas en reste dans cette fuite en avant en monnayant honteusement leurs compétences.
L'administration participe à ce scénario en restant spectatrice visiblement incapable d'agir sur le cours des choses. C'est cela l'image de l'Ecole algérienne de 2015, ou en tout cas, c'est comme cela qu'elle est perçue par les 700.000 fonctionnaires et les 12 ou 13 millions de parents d'élèves. C'est une image. Mais elle est loin de refléter la réalité profonde.
La ministre veut convaincre son monde de cette réalité qui peine à sortir au grand jour.
Le drame n'est pas que les Algériens soient d'éternels grognards et veulent toujours plus et toujours mieux. Cela peut se concevoir comme un moyen de booster les fonctionnaires. Le drame c'est que ces grognements sont tellement importants et généralisés qu'ils finiront par démobiliser nos «héros ordinaires».
Mme Benghebrit est à la tête du secteur depuis 18 mois, tout juste. En ce laps de temps, elle et son équipe ont travaillé sans relâche pour que l'école se relève. Mais l'insatisfaction permanente est en train de ronger les nerfs des milliers de «Benghebrit» de l'Education nationale. S'il y a un réel danger, ce serait de voir tout ce beau monde déposer les armes.

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