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GRAND PRIX ASSIA-DJEBAR DU ROMAN

"De solides talents à l'oeuvre"

Samir Kacimi en langue arabe, Lynda Koudache en langue amazighe et Djamel Mati en langue française ont été les récipiendaires mercredi dernier de cette belle distinction littéraire.

C'est au prestigieux Centre international de conférences (CIC), au Club des pins, que s'est tenue la cérémonie de remise du Grand Prix du meilleur roman 2016, prix du nom de la célèbre écrivaine, historienne et cinéaste algérienne disparue en 2015, organisé pour la seconde année consécutive. Dans la catégorie livre en langue arabe c'est Samir Kacimi, qui n'a pas caché sa joie, qui a remporté ce prix, en le dédiant à sa femme. A propos de son roman Kitab El Macha'a paru chez l'Enag (Entreprise nationale des arts graphiques), l'auteur nous a confié que «l'être humain doit reconnaître ses défauts pour atteindre l'idéal» et de renchérir: «L'histoire est celle du 3ème fils d' Adam, présumé le fils d'Adam et Eve, des peuples du tiers-monde. C'est une pure fiction. J'ai imaginé une autre religion wafidya.
Le roman est philosophique, mais on y trouve beaucoup d'éléments liés à l'histoire et l'actualité de l'Algérie. On retrouve Keddour qui vit à Bachdjerah... Il y a beaucoup de vérités mais de fiction aussi dans ce sixième roman..» Kitab El Macha'a est la suite du roman Halabil édité en 2010 et a reçu des prix.

Seule la créativité...
La romancière, Lynda Koudache a remporté quant à elle le Prix du meilleur roman en langue amazighe pour Tamachaout Taneggarut tandis que Djamel Mati a remporté pour sa part, respectivement mercredi dernier le Grand Prix Assia-Djebar du roman en langue française. L'auteur de Yoko et les gens du Barzakh, édité chez Chihab, était malheureusement absent pour recevoir son trophée. Cette sixième oeuvre de Djamel Mati traite de l'immigration clandestine à travers un huis clos psychologique vécu par un vieux couple, enfermé dans un appartement à Alger avec sa siamoise, après la disparition de sa fille adoptive, noyée en mer. Cette cérémonie qui s'est déroulée par ailleurs en présence de plusieurs ministres et de figures de la scène culturelle algérienne a été rehaussée par la présence du ministre de la Communication Hamid Grine qui fera remarquer à l'assemblée avoir adressé de particulières consignes au jury, à savoir «il ne faut regarder ni l' aspect politique ni la maison d'édition de l'auteur, seule compte la créativité. Car nous sommes tous des Algériens». M.Kaouane, directeur de l'Anep, s'est attaché à parler du parcours universel de Assia Djebar, qui était bien ancrée à la terre et à l'humain, une écrivaine, mais avant tout une moudjahida, dont les romans aussi ont été traduits dans plus de 30 langues dont le japonais. M.Hamidou Messaoudi, directeur de l'Enag et responsable du Sila, qualifiera pour sa part Assia Djebar de «Chevalière de la plume, rappelant que ce prix est le fruit de la collaboration entre l'Anep et l'Enag, sous le patronage du ministère de la Culture et celui de la Communication.
Les deux sociétés sont spécialisées dans l'impression, la diffusion et l'édition du livre et oeuvrent pour la promotion de l'activité culturelle et littéraire en Algérie et c'est dans ce sens qu'a été institué ce prix qui représente un événement majeur dans l'instauration de la culture de qualité en Algérie...» Remplaçant le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi étant absent, son représentant Smaîl Oulbsir dira quant à lui tout l'apport qu'a donné Assia Djebar à la société, notamment en prônant la cause de la femme à travers son oeuvre richissime et surtout via ses films, à savoir La Nouba des femmes du Mont Chenoua (1978), La Zerda ou les chants de l'oubli (1982) primé en 1983 au festival de Berlin. Prenant à son tour la parole, Madame Najet Khadda, présidente du jury, annoncera en sa qualité de présidente de la fondation Mohamed Dib, que le prix Mohamed Dib sera dorénavant «pérennisé».
La présidente du jury a aussi considéré que le Grand Prix Assia-Djebar et d'autres prix mettant en avant la créativité littéraire algérienne, constituaient autant de «jalons» sur la voie «d'édification d'une nation algérienne à la fois moderne et ancrée dans des valeurs civilisationnelles séculaires». Elle fera remarquer que sur les 80 romans reçus, et publiés entre 2015 et 2016 «il y avait sensiblement un lot équitable de 34 en arabe et 32 en français et une dizaine en langue amazighe, avouant que «la diversité linguistique se confirme». Et d'estimer: «Nous avons constaté que de solides talents sont à l'oeuvre, c'est pourquoi nous avons longtemps délibéré.

Un prix de 1 million de DA
Les autres qui n'ont pas reçu de prix n'ont pas démérité». Madame Najet Khadda s'est aussi félicitée de la «percée qualitative» des oeuvres littéraires soumises cette année au vote du jury, composé d'universitaires et d'auteurs dans les trois langues. Ces derniers d'ailleurs sont Ahmed Halli, Hamri Bahri, Mohamed -Ismail Abdoun, Amina Azza Bekkat, Kamel Kerour et Ramdan Abdenbi. Notons que le grand prix Assia-Djebar est doté d'une valeur de 1 000 000 de dinars pour chaque langue. Pour rappel, ont été primés en 2015 les écrivains Abdelwahab Aïssaoui («Sierra De Muerte», la montagne des morts, arabe), Rachid Boukherroub («Tisslit N'ou Ghanim», La poupée en roseau, tamazight) et par Amine Ait Hadi pour son oeuvre en langue française «L'Aube au-delà».Fatima-Zohra Imalayène, dite Assia Djebar, née le 30 juin 1936 à Ouled Hamou près d'Aïn Bessem dans la wilaya de Bouira et morte le 6 février 2015 à Paris. Elle est la première Algérienne à avoir été élue membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Puis élue, le 16 juin 2005, à l'Académie française. Elle est la première écrivaine nord-africaine à y être élue.
Assia Djebar a étudié l'Histoire sous la direction de Louis Massignon et Jacques Berque, respectivement spécialiste du Maghreb médiéval et islamologue. Son premier roman La Soif sortira en 1957, signé du nom d'emprunt Assia Djebar; puis le deuxième, une année après, Les Impatients.
De 1959 à 1962, elle est à la faculté des lettres de Rabat pour enseigner l'histoire moderne et contemporaine du Maghreb; au printemps de 1962, elle sort à Paris son troisième roman Les Enfants du nouveau monde.
Elle regagne l'Algérie pour enseigner l'Histoire, sa matière favorite, comme professeur d'université à la faculté d'Alger, de 1962 à 1965; puis la littérature française et le cinéma de 1974 à 1980. En 1978, la télévision algérienne lui donne l'opportunité de réaliser le documentaire La Nouba des Femmes du Mont Chenoua, long-métrage de deux heures, produit en arabe et en français, qui interroge la mémoire des paysannes sur la guerre, et qui obtient le Prix de Critique internationale, à la Biennale de Venise, en 1979. Assia Djebar n'oubliera jamais ses racines c'est pourquoi son enterrement à Cherchell a été entouré de tous les égards, au milieu des siens, de tous les gens de la région, ainsi que ceux qui l'ont connue de près ou de loin. Partie, aujourd'hui, elle nous lègue un incommensurable héritage et une cause encore et toujours à défendre, la femme et son épanouissement et la légitimité de jouir de tous ses droits et dans une société toujours dominée par un esprit patriarcal.

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