OMAR MESSALHA ET LE MOYEN-ORIENT
«De nouvelles alliances s’imposent»
Selon le conférencier, le Proche-Orient «risque de devenir rapidement la façade occidentale de l’Asie».
«Proche-Orient: vers une Pax europa´ ou une Pax Asia´», tel est le thème d´une conférence donnée par le politologue palestinien, Omar Massalha, mercredi soir à l´hôtel El Aurassi. Invité à la 2e édition du forum culturel de l´Anep, le conférencier a essayé d´apporter un nouveau regard sur le conflit israélo-palestinnien et sur la situation au Moyen-Orient en général.
D´emblée, M.Messalha, incombe la responsabilité de la situation en Palestine à l´opinion internationale, à leur tête, le Vieux Continent. «L´Europe, considérée par beaucoup d´observateurs comme impuissante à imposer son règlement, a une responsabilité historique, stratégique et sécuritaire» sur la situation actuelle en Palestine et au Moyen-Orient. Un conflit, rappelle-t-il, associé à cinq guerres, dont deux Intifadhas, et à trente-quatre plans de paix, qui n´ont jusqu´à ce jour, abouti à aucune issue. Pour le conférencier, l´Europe est la seule puissance qui pourrait déployer et diriger une force internationale pour préserver la sécurité d´Israël et la liberté des Palestiniens. Pourquoi l´Europe? Parce que c´est elle, affirme-t-il, qui est à l´origine de l´idée du partage. C´est aussi elle qui assume une responsabilité stratégique et sécuritaire dans cette région du monde. L´auteur avertit, toutefois, que l´éventuelle échec de l´Europe à imposer sa «discipline» au Moyen-Orient, oblige le monde arabe à trouver de nouvelles alliances. C´est sous cet angle que M.Messalha estime que le Proche-Orient, la Méditerranée de l´est et du sud «risquent de devenir rapidement une façade occidentale pour l´Asie» et donc, la «Pax Asia» remplacera la «Pax Europa». Selon cette analyse, le rapport de religion, l´Islam, peut aboutir à un rapprochement entre les Arabes et les musulmans asiatiques. Cela sans prendre en considération la force économique que représentent certains pays asiatiques comme la Chine, l´Inde, la Russie et d´autre pays à forte communauté musulmane. S´exprimant sur l´état de dévastation dans lequel se trouvent les territoires palestiniens, l´invité de l´Anep a déclaré que cette situation menace, en premier lieu, à la fois le président palestinien et le gouvernement de Hamas. «Il y a un grand fossé entre les deux visions du Hamas et de l´OLP. Les deux parties ont deux visions divergentes. Cela va éloigner, dans le temps, la possibilité de créer un gouvernement d´union». D´après M.Massalha, le projet de Hamas vise à gérer le conflit au lieu de le résoudre. Il considère que la solution unilatérale ne sera qu´une nouvelle période de transition de onze à quinze ans. Il ajoute, «Hamas cherche aussi une trêve (houdna) de dix à vingt ans afin de pouvoir réislamiser la société palestinienne. Or, cette tentative d´imposer une nouvelle phase de ni guerre ni paix, risque de transformer ce conflit national en un conflit religieux.» Devant l´échec de la solution unilatérale et bilatérale, l´orateur déclare qu´il ne reste qu´un seul choix, celui multilatéral imposé par l´étranger.
«L´échec du système intérieur palestinien finirait alors par entraîner la communauté internationale à intervenir», a-t-il dit. Et de préciser qu´«aujourd´hui, le président Abbas n´a plus qu´une option: si un gouvernement d´union nationale n´est pas viable, il faut constituer un gouvernement de salut national´´, sans Hamas ou bien procéder à des élections anticipées.» Néanmoins, l´ancien représentant de l´OLP à l´Unesco, estime que cette dernière option est risquée pour Abbas comme pour les Palestiniens, car le «Hamas s´y opposera probablement. Cela va conduire à la guerre civile» Enfin, le politologue palestinien a souligné que le seul résultat important des pourparlers entre les deux parties, est le consensus trouvé pour remettre le dossier des négociations entre les mains du président palestinien.