Ces indépendants qui peuvent changer la donne

N'arrive pas toujours premier celui qui fait des pas à grand bruit. Les 18 listes partisanes en lice pour les législatives dans la wilaya de Tizi Ouzou risquent de connaître de mauvaises surprises le 5 avril prochain. Quatre listes indépendantes actuellement sans grand bruit peuvent chambouler tout le paysage politique local. Des noms qui peuvent secouer sérieusement l'ordre établi.
En effet après un grand suspense dans les partis qui ont fini par lever le secret sur leurs listes et dévoiler les noms de ceux qui vont les conduire, le temps est à l'analyse des configurations. Au niveau des listes partisanes, les personnes adoubées et désignées pour mener la bataille politique ne sont pas connues, du moins pour la majorité d'entre elles. Le FLN qui remet la mise avec l'ancienne équipe puisera ses voix dans ses structures de base très larges d'ailleurs. De même pour le RND qui a préféré l'assurance du vieux à l'aventure du nouveau. Le réservoir militant peut assurer la relève au cas où cas l'électorat dédaignerait se rendre en masse aux urnes. C'est vraisemblablement la même stratégie que les deux autres partis, RCD et FFS, ont mis au point. En mettant en avant des têtes de listes inconnues du moins publiquement, les deux formations politiques comptent sans nul doute sur la mobilisation des militants. Une stratégie qui n'a, pour rappel, jamais donné de grands résultats dans la formation de Hocine Ait Ahmed qui possède des militants souvent solitaires contrairement au RCD dont les militants mobilisent leurs familles et proches.
Aussi, dans cette configuration en apparence bien rodée, une inconnue risque de tout bouleverser. Hier, la Drag faisait état de quatre listes indépendantes retenues. En analysant les profils des têtes de ces locomotives solitaires, l'on remarque aisément que deux d'entre elles présentent plusieurs particularités. En effet, deux candidats ont fait partie des instances dirigeantes de deux formations politiques, le FFS et le RCD. Noureddine Aït Hamouda qui se présente avec la liste alternative est un ex-militant et responsable du RCD. Belkacem Ben Belkacem qui se présente avec la liste Izouran (Racines) est, lui, un ancien fédéral du FFS à Tizi Ouzou. Ces deux listes, dit-on dans leur entourage, n'ont eu aucune difficulté à réunir les signatures exigées. Bien au contraire, le nombre de signatures collectées font peur aux états-majors des partis. Les deux autres listes indépendantes, «Tizi Plus» conduite par Omar Aït Mokhtar et «Changement» menée par Mohamed Chabouni ont le privilège de pouvoir convaincre sans avoir à justifier un quelconque passé auprès des électeurs. Selon toute vraisemblance, les listes menées par Aït Hamouda et Ben Belkacem vont grignoter dans le réservoir du RCD et du FFS. Jouissant d'une part de l'estime d'une bonne partie des militants, ces derniers attireront sans nul doute des voix qui devraient, sans leur présence en course, aller dans les listes des partis. D'autre part, l'on n'ignore pas que les listes confectionnées n'ont pas réuni le consensus parmi les militants de base qui voient de grosses pointures écartées. Un mécontentement qui sera mis à profit par les quatre indépendants. Par ailleurs, certains observateurs affirment que cet avantage qui semble profiter aux indépendants ne serait qu'une stratégie des partis. Pour se prémunir des tirs qui viseraient les têtes lors de la campagne pour les législatives, ces derniers ont préféré celles qui ne sont pas connues. Mieux vaut une tête inconnue qu'une autre facile à reconnaître et à abattre surtout si la campagne tournait à une bataille à casseroles interposées. Une ancienne mandature est déjà un bruit de casseroles à cacher à des électeurs courroucés par le sentiment d'avoir éé abandonnés par leurs représentants après chaque élection. Cette bataille, faut-il le préciser, le FLN et le RND ne semblent point la craindre étant donné que leurs têtes de listes jouissent de l'estime de beaucoup de citoyens car ils ont toujours su rester parmi la foule.