L'Expression

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AHMED FATTANI CIBLE DU PATRON DE LA DGSN

Ce que l’opinion doit savoir

Ou comment une banale affaire de contrôle routier peut se transformer en une véritable cabale aux forts relents d’un règlement de comptes politicien.

L´histoire est assez longue. Elle est digne d´un bon film policier américain. Il y a de cela environ un mois, Ahmed Fattani a remarqué qu´une voiture blanche, une Golf, suivait la plupart de ses déplacements. Ahmed Fattani, au début, n´y a pas attaché grande importance, à ceci près que le véhicule chargé de couvrir le directeur de L´Expression a, lui aussi, remarqué le manège, il a, à son tour, pris sur lui de suivre la voiture suiveuse. Et quelle ne fut leur surprise de constater que cette voiture, propriété de la police, se rendait régulièrement au XVIIe et au Commissariat central. Fattani en a été informé. Mais, il a pris les choses à la légère en se disant, nous raconte-t-il, qu´il n´avait rien à se reprocher et que cette voiture, finalement, pouvait fort se trouver par hasard sur son chemin. Mais, les choses ne se sont pas arrêtées là. Une seconde affaire est, en effet, venue se greffer à la première. Elle a concerné F. fils adoptif de Fattani, par ailleurs enfant d´un colonel de la gendarmerie nationale. Ce jeune adolescent a été arrêté au niveau de Garidi en date du 16 du mois dernier en compagnie d´un ami qui conduisait une voiture. Voyant que le récépissé de la carte grise avait expiré, le policier a décidé de bloquer les deux jeunes gens.
Le fils de Fattani a tenté d´intercéder en faveur de son copain en demandant au second policier, qui, affirment de nombreux témoignages, était en galante compagnie, de le laisser partir chercher les documents attestant que le véhicule a été acheté par son conducteur et qu´il attendait juste la délivrance de la carte grise. Non seulement, nous disent les témoignages, le policier n´a rien voulu savoir, mais en plus en apprenant la filiation du jeune homme, il l´a insulté en termes orduriers relatifs à la mère, ceux qu´aucun Algérien digne et fière ne peut entendre sans réagir. La réaction a été de rétorquer à l´insulte par une insulte du même acabit. Manu militari, le jeune homme se fait embarquer. Son copain, parti aux nouvelles, raconte que le commissaire Amokrane, responsable du XVIIe, l´a tabassé et bourré d´insultes.

Des droits de l´Homme
dites-vous!

Cet incident, déjà, aurait dû démon-trer qu´une cabale était bel et bien en train d´être montée. Mais, Fattani, comme il nous le raconte lui-même, a estimé qu´il était aberrant de prétendre se battre pour un Etat de droit effectif et user de moyens mettant à bas ce même Etat de droit. Il a, donc, jugé utile de ne pas intervenir du tout, se disant que son fils sera forcément relâché le lendemain, et que s´il avait fait une quelconque bêtise, la justice devrait suivre son cours comme pour n´importe quel autre citoyen. Son fils, à simple titre d´exemple illustratif, nous raconte qu´il a été jeté au cachot avec les menottes aux poignets. Du jamais-vu, même pour les pires terroristes que l´Algérie ait eu à affronter ces dix dernières années. Le supérieur du commissaire Amokrane a été sommé de relâcher le jeune homme en voyant dans quel piteux état il avait été mis, mais aussi au regard de la légèreté des charges retenues contre lui. Le jeune homme sera relâché, mais il lui sera demandé de revenir le lendemain demander des excuses. Ce qu´il fit. Mais mal lui en prit. Puisque à l´instant même, et profitant de l´absence de son supérieur, le commissaire Amokrane reprendra ses insultes avant de présenter le jeune homme devant le parquet qui ordonne sa mise en détention préventive comme un vulgaire malfrat. Ce jeune homme, employé à L´Expression, est diplômé en infographie diplôme obtenu avec mention très bien. C´est loin d´être un délinquant.

Traumatisme indélébile

Le pire, c´est qu´une certaine complicité semble exister entre le commissaire Amokrane et des gardiens de la prison d´El-Harrach. Le jeune homme, en effet, a été mis avec les délinquants les plus dangereux qui soient. Ils l´ont complètement dépouillé avant de le tabasser. En allant se plaindre au gardien-chef, nous raconte-t-il, celui-ci l´a aussi frappé avec une barre de fer avant de le remettre avec ses tortionnaires.
Ce n´est qu´après une semaine d´un calvaire innommable qu´il finira par être présenté devant la justice. Le commissaire Amokrane ainsi que le policier insulté n´ont pas jugé utile de se présenter, pensant que l´affaire allait être reportée et que le jeune homme allait retourner en taule pendant plusieurs mois. Mal leur en prit. Même le procureur a estimé que le policier agressé ramenait trop de jeunes innocents devant la justice.
Le juge a fini donc par ordonner la relaxe pure et simple. C´est à ce moment que, fort d´une décision de justice prouvant bien qu´il y a bel et bien eu bavure policière, que Ahmed Fattani a décidé de déposer plainte contre le commissaire de Kouba pour abus d´autorité, injures, menaces et dénonciations calomnieuses. Entre-temps, le commissaire Amokrane apprenant la libération du jeune Fattani, est venu le tancer jusque dans les locaux du journal comme peut en témoigner une bonne partie de ses employés. Ahmed Fattani, donc, a été reçu par le commissaire divisionnaire chef de sûreté de la wilaya d´Alger qui a promis qu´une enquête sera diligentée. Des gens présents dans le bureau de ce responsable, nous raconte Fattani, ont même admis que le commissaire Amokrane se montrait trop souvent zélé et expéditif. Ils ont, aussi, indiqué que ce commissaire a commis une faute disciplinaire en refusant de libérer le jeune homme comme le lui avait ordonné son supérieur hiérarchique.

Des affaires en cascade et c´est la cabale

Mais, la promesse n´a été suivie par aucun fait concret sur le terrain. Le commissaire Amokrane, au contraire, multipliait les harcèlements contre le jeune Fattani au moment où le manège de la fameuse voiture blanche reprenait de plus belle. Le harcèlement s´est même fait évident depuis que cette voiture a commencé, nous raconte Fattani, à rôder autour de toutes les maisons qu´il occupe à intervalles irréguliers pour des raisons, de sécurité. Les déboires de cette famille ne devaient pas s´arrêter là. Cette fois-ci, c´est à la femme qu´ils s´en sont pris. Cette honorable femme, la cinquantaine, rentrait lundi dernier de l´hôpital Mustapha où elle avait participé, dans le cadre de ses activités dans une association caritative, à la circoncision de jeunes enfants sans ressources. A hauteur du Hamma, la Golf blanche, toujours elle, lui a fait une très dangereuse queue de poisson. Elle l´a de nouveau laissé la dépasser avant de s´arrêter à hauteur du feu rouge de Ruisseau. Là, le préposé à la circulation a interdit le passage à l´épouse de Fattani en des termes extrêmement blessants «b´la rabbak ma´djouziha». Elle a appelé son mari. Arrivé sur place, en compagnie d´autres collègues, nous raconte-t-il, j´ai été étonné par le nombre de policiers en civil et en tenue qui entouraient la voiture de cette «très dangereuse terroriste». Des insultes et des provocations ont été, une nouvelle fois, subies par le couple. Fattani a décidé d´appeler le DGSN, Ali Tounsi. Il lui a assuré qu´une enquête sera ouverte. Or le lendemain, c´est-à-dire hier, la DGSN n´a rien trouvé de mieux à faire que d´organiser une conférence de presse pour démentir en bloc tout ce que dit la famille Fattani. Le bon sens aurait voulu que le couple soit convoqué et que ses dépositions soient prises avant de jurer que rien de ce qu´ils disent n´est vrai. Le bon sens, surtout, aurait voulu que L´Expression, au même titre que les autres journaux soit invité à cette conférence de presse. A moins que les conférenciers n´aient eu peur d´être confondus publiquement en présence de tous les représentants des médias algériens. Une affaire à suivre, forcément...

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