APRÈS SON HOSPITALISATION À PARIS
Bouteflika remercie Chirac
Dans son message, le président a fait l’impasse sur les questions politiques.
Le chef de l´Etat a regagné, hier matin, Alger après une absence de cinq jours. Le président s´est rendu dans la capitale française pour effectuer un contrôle médical à l´hôpital du Val-de-Grâce où il a été hospitalité en novembre dernier. Le récent déplacement du président était motivé par des examens post-opératoires faisant suite à l´intervention chirurgicale qu´il a subie au niveau de l´estomac.
Contrairement à ce qui a été rapporté de part et d´autre, l´état de santé du président de la République n´est pas du tout critique, soutiennent des sources autorisées. Preuve en est, le résultat du bilan de santé, précise notre source, est satisfaisant.
Le président n´a séjourné que deux jours seulement à l´hôpital du Val-de-Grâce avant de se rendre en Suisse. Il est vrai que son déplacement à Paris n´a pas été annoncé, mais il était prévu de longue date, relève-t-on.
A son retour au pays, le chef de l´Etat a adressé un message à son homologue français, M.Jacques Chirac pour le remercier du bon accueil qui lui a été réservé lors de son séjour à Paris. «Je voudrais (...) vous dire combien j´ai été sensible aux témoignages que j´ai reçus de la part de tous ceux qui, en France, sont restés fidèles à la vieille tradition d´hospitalité du peuple français», écrit le président dans un message. Dans sa lettre, le président a souligné la qualité de l´accueil dont il a bénéficié à l´hôpital du Val-de-Grâce et les égards particuliers dont il a fait l´objet. Il a tenu, pour cela, à demander au chef d´Etat français de transmettre ses remerciements «auprès du corps médical de l´hôpital du Val-de-Grâce qui a manifesté, de bout en bout, une compétence reconnue et un dévouement exemplaire».
Le chef de l´Etat a fait l´impasse sur la polémique qui empoisonne les relations des deux pays et n´a soufflé mot sur les commentaires de la classe politique sur sa visite. L´absence, dans le message du président, de toute référence aux relations politiques entre les deux pays, illustre, selon de nombreux observateurs, que la «brouille» née de la loi glorifiant le colonialisme n´est pas encore dépassée. En évitant d´évoquer le traité d´amitié algéro-français, d´habitude thème central des échanges épistolaires entre Chirac et Bouteflika, le chef de l´Etat semble confirmer le discours du FLN qui exige des excuses officielles de la France avant la conclusion du traité d´amitié entre les deux pays.
Le «froid politique» a d´ailleurs été aggravé par certaines déclarations peu amènes à l´endroit du chef de l´Etat, tenues par des officiels de l´Hexagone. La droite française, faut-il le rappeler, a saisi l´occasion pour tirer à boulets rouges sur le président de la République, lui reprochant ses propos sur la colonisation.
L´Elysée, qui a gardé le silence, a préféré répondre par la voix de son président de l´Assemblée nationale, M.Jean-Louis Debré, et son ministre des Affaires étrangères, M.Douste-Blazy. Les deux responsables ont eu des mots peu diplomatiques en réponse aux critiques du chef de l´Etat.
Le président de l´Assemblée nationale française Jean-Louis Debré a qualifié dimanche dernier d´«inutile agression» les propos du président Bouteflika, sur le passé colonial français. «J´ai été agressé dans ma conscience de Français», a dit M.Debré au Grand jury RTL-Le Figaro-LCI.
Le chef de la diplomatie française, M. Philipe Douste-Blazy, a, de son côté, appelé le président Bouteflika à ne pas «galvauder» l´expression «génocide». Dans ce message protocolaire, le président s´est contenté juste d´exprimer sa reconnaissance au staff médical français. Ce message sonne comme un «merci et adieu» à la médecine française.
En effet, des sources concordantes ont déclaré à L´Expression que la décision va être prise pour que les officiels algériens de haut rang ne soient plus hospitalisés en France.