L'Expression

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SALAH GOUDJIL, MEMBRE DU COMITÉ CENTRAL DU FLN, À L'EXPRESSION

«Belkhadem doit partir!»

Salah Goudjil, un des doyens de la direction du FLN, ancien ministre des Transports, fondateur du mouvement de redressement et de l'authenticité du FLN en 2010, s'exprime, dans cet entretien, sur la crise qui secoue son parti, à la veille de la tenue de la réunion du comité central.

A la veille de la tenue de la réunion du comité central du FLN la situation semble encore floue. Comment appréhendez-vous cette rencontre?
La réunion du comité central est importante même si elle est ordinaire, car au regard des problèmes posés à l'intérieur du FLN, ce rendez-vous revêt de fait un caractère extraordinaire. Selon les déclarations des uns et des autres, j'ai constaté qu'il y a une majorité de membres de ce comité central qui veulent le départ de Belkhadem. Je voudrai à ce propos rappeler une période de crise qu'avait vécue le FLN, il y a quelques années, à l'époque où le défunt Abdelhamid Mehri était secrétaire général. Lorsqu'il a remarqué qu'au niveau du comité central une majorité des membres le contestait, en grand homme, il a pris la décision de partir de son propre chef. Toutes proportions gardées, on est aujourd'hui dans la même situation et M.Belkhadem doit s'inspirer de M. Mehri s'il y a une majorité au comité central qui le conteste. Abdelaziz Belkhadem, a duré plus que tous les autres à la tête du parti. Sept ans barakat!
J'ai reçu une convocation pour assister à cette réunion et en tant que redresseurs on a décidé de tenir une réunion préalable pour expliquer notre position. Pourquoi on participe ou alors pourquoi on ne participe pas. On a décidé de prendre part à cette réunion et on a préparé un préambule et une résolution pour trouver une issue à la crise que subit le parti. Hier (mardi Ndlr), un groupe d'anciens militants composé entre autres, de Abdelkader Hadjar, Abderrezak Bouhara, Ahmed Sbaâ... a rencontré le secrétaire général Abdelaziz Belkhadem. Après trois heures de discussions, ils ne sont pas arrivés à un consensus. Ils n'ont pas pu se mettre d'accord sur la manière avec laquelle devaient se dérouler les travaux du CC, sur l'ordre du jour, le mode du vote et les autres modalités de la réunion. Tous ces problèmes restent toujours posés. Je dois rencontrer ce soir (Hier, Ndrl), ce groupe pour discuter de la position à prendre par rapport à la réunion du CC.

Mais vous en tant qu'initiateur du mouvement de redressement et de l'authenticité, quelle est votre position?
Je vous livre ma position de principe: Belkhadem doit partir! Avec tout ce qui s'est passé au 9e congrès, il ne peut plus gérer le parti. La base est totalement disloquée. En perdant ses militants, le FLN a perdu son âme. Notre mission à nous est de rassembler cette base pour que les militants s'expriment librement et pour qu'ils puissent choisir leurs responsables au niveau local.

Vous proposez une direction collégiale composée d'anciens militants. Donc c'est le retour aux caciques...aux dinosaures?
On doit s'entendre sur une direction collégiale qui sera composée de 9 à 11 membres. Lesquels membres ne doivent avoir aucune ambition politique avec, à leur tête, un coordinateur. Cette direction va revenir vers les militants de base, les écouter, discuter avec eux et rétablir la confiance pour remettre le FLN sur les rails. En même temps, cette direction va assurer l'activité externe du parti. Comme vous le savez, le FLN a des relations avec des partis politiques étrangers, le FLN est interpellé par des situations régionale et internationale auxquelles il doit prendre position et s'expliquer. Le FLN n'est pas n'importe quelle formation politique. Je vous donne un exemple: lors du dernier congrès, pas moins de 43 partis politiques de 34 nationalités différentes y ont assisté. D'autre part, cette direction va préparer un congrès extraordinaire avant la fin de l'année en cours ou au plus tard au début de l'année 2013 et il doit y avoir une forte participation de la jeunesse qui sera désignée par l'urne et non par cooptation car avant la tenue de ce congrès, il y aura une conférence nationale.

Donc on peut dire que le FLN aura à sa tête un jeune qui sera candidat à la présidentielle de 2014?
La certitude est que le futur secrétaire général du parti sortira de l'urne. La composante du comité central ne dépassera pas 150 membres. Le système de désignation est terminé. S'agissant de la présidentielle, il me semble qu'il est encore trop tôt d'en parler.

Quel scénario prévoyez-vous pour le déroulement des travaux du comité central?
Mon rôle est d'abord d'apaiser les tensions car il va du devenir du parti et non des personnes. Si on nous écoute, on peut s'en sortir, nous avons des propositions concrètes de sortie de crise. Si on ne nous écoute pas, on risque d'aller vers la confusion et l'incertitude. Je n'aspire à aucun poste de responsabilité. Ma carrière est derrière moi. J'ai juste un capital d'expérience au sein de ce parti depuis 1962. J'ai vécu toutes les péripéties du FLN en tant que membre de la direction et je veux faire bénéficier mon parti de cette expérience. A chaque fois que la collégialité du FLN est remise en cause, il y a une crise au sein du parti. Le FLN a banni le zaïmisme à sa naissance et M. Belkhadem veut se faire zaïm. Il va à l'encore de l'un des principes fondateurs du FLN.

Donc il y a un risque d'affrontement?
S'il n'y a pas un accord sur la démarche à suivre et des discussions préalables à cette réunion, nous risquons d'aller vers les affrontements physiques ou tout au moins verbaux. Les gens doivent se ressaisir pour éviter un saut dans l'inconnu.

Des observateurs soutiennent que la crise au FLN est directement liée à l'élection présidentielle de 2014?
Ce n'est pas tout à fait juste. Le problème posé actuellement est qu'il y a un réel problème interne au FLN. Ce problème je l'ai posé en 2010 dans le cadre du mouvement de redressement et de l'authenticité, c'est-à-dire un an après l'élection présidentielle de 2009. C'est vous dire que c'est un problème de fonctionnement interne qui n'a rien à voir avec la présidentielle de 2014. Nous devons au préalable régler cette crise interne. D'ici demain (aujourd'hui, Ndlr) nous devons trouver la position à prendre lors de cette réunion du CC pour éviter, je le répète, l'affrontement.

Donc, selon vous, il n'y a pas une relation entre l'ambition présidentielle de Belkhadem et la crise au FLN?
La présidentielle est une ambition personnelle. Si cette ambition existe chez Belkhadem c'est son problème. Pour moi,, ce qui intéresse c'est d'abord le FLN qui doit être fort et uni pour ensuite trancher sur cette question de la présidentielle. On est arrivé aujourd'hui à un stade où il faut avoir le courage de dire la vérité.

Et quelle est cette vérité?
Belkhadem ne peut plus gérer la situation. Son bilan a été catastrophique. On est arrivé à un stade où le FLN n'existe plus, il est disloqué en tant que parti.

Vous parlez du bilan de M. Belkhadem, donc vous remettez en cause les résultats des dernières législatives où le FLN a raflé la mise?
Absolument pas. Je parle du bilan interne du parti. Le peuple a donné une majorité pour le FLN. On doit donc avoir un parti fort pour gérer cette majorité. Belkhadem est-il capable de le faire? A l'heure actuelle je dirai non.

Votre mouvement avait comme objectif, entre autres, de faire partir Belkahdem de la tête du FLN. Résultat des courses, c'est Salah Goudjil qui a été destitué de la tête du mouvement de redressement.
Le mouvement de redressement et de l'authenticité a été créé suite à notre position par rapport au 9e congrès. Au cours d'une conférence nationale on a élaboré une plate-forme pour aboutir au changement. Notre démarche était donc claire, elle ne visait pas les personnes mais la démarche et des idées. On l'a écrit, dit, répété dans la presse et dans les différentes rencontres. Ce qui a perturbé ce mouvement ce sont les élections législatives et les ambitions personnelles. Certains frères dans le mouvement on rejoint les contestataires au comité central qui s'insurgent contre la démarche de Belkhadem. Une démarche que notre mouvement avait dénoncée deux années auparavent.
Partant de ce fait, j'ai donc refusé de rejoindre les contestataires du CC, c'est à eux de nous rejoindre surtout que ces frères du comité central n'avaient pas reconnu notre mouvement. Au lieu que les membres contestataires du CC rejoignent le mouvement de redressement, c'est l'inverse qui s'était produit. Et c'est ainsi qu'ils ont décidé unilatéralement de me destituer du mouvement de redressement, ce qui est un non-sens.

Aussi parce que vous avez appelé à la trêve à la veille des législatives.
D'abord, je n'ai pas utilisé le mot trêve pour la simple raison qu'on n'est pas en guerre. J'ai simplement dit:rassemblons nos forces pour aller, en rangs unis, devant le peuple, à l'occasion de ces législatives et la suite se fera après cette échéance électorale. Il se trouve que certains frères voulaient destituer Belkhadem avant les législatives. Je leur ai dit que ce n'est pas possible et la meilleure preuve est qu'il est toujours à la tête du FLN.
J'ai discuté avec M.Belkhadem en tête-à-tête six mois avant les élections. Et j'ai discuté avec lui en présence d'anciens militants comme témoins avec un PV de réunion. On s'est revus quelques mois avant les législatives et on s'étaient entendus sur des listes communes. Je lui ai présenté ma liste et il ne m'a jamais présenté la sienne jusqu'à la veille des législatives pour nous mettre devant le fait accompli. S'agissant des listes indépendantes, la question a été tranchée puisqu'on s'est dit qu'ils devaient rejoindre le parti après les élections et après le règlement de la crise. Certains, qui n'ont pas suivi de près toutes ces péripéties, m'ont reproché d'avoir mal négocié avec M. Belkhadem, or la réalité est que ce dernier a joué trop la ruse.

Que pensez-vous de l'exclusion des 16 membres du comité central?
Je suis contre cette procédure qui peut être interprétée comme une provocation de la part de M. Belkhadem. Car au lieu de chercher l'apaisement, on crée une autre tension, ce n'est pas ma démarche. Tous les membres doivent assister à la prochaine réunion du comité central.

L'actuel statu quo que connaît le gouvernement n'est-il pas dû à la crise au sein du FLN?
Je n'ai pas de données sur cette question. Laissons d'abord l'Assemblée nationale constituer ses structures, former ses commissions, désigner les présidents des commissions, les vice-présidents et les rapporteurs et tout le travail interne.
Je ne pense pas que la crise du FLN entrave le fonctionnement de l'Etat, car la Constitution donne toutes les prérogatives au chef de l'Etat pour prendre les mesures nécessaires.

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