L'Expression

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EVÉNEMENTS DU 19 MAI 1981

Béjaïa n'a pas oublié

Il y a 37 ans, jour pour jour, des lycéens de Béjaïa sortaient dans la rue pour revendiquer tamazighth, la démocratie et la liberté d'expression et surtout s'opposer au détournement du projet d'université de Béjaïa qui allait se concrétiser en catimini.

Un peu plus d'un an après les événements du 20 avril 1980, Béjaïa inscrit toute seule cette fois-ci une autre date dans les annales de l'histoire des luttes démocratiques et identitaires de la région de Kabylie. «Le 19 mai 1981 est une journée qui appartient au domaine des luttes populaires pour les libertés, contre l'oppression et la négation», indiquait dans une contribution sur le site d'information locale Béjaïa-news, l'un des détenus de ces événements, en l'occurrence Mokrane Aggoune, estimant que la mise sous éclairage est salutaire à plus d'un titre, car ces événements sont aussi décisifs que ceux d'avril 80 de Tizi Ouzou».
Les mouvements d'avril 80 et de mai 81sont le socle du printemps berbère au point de lui faire dire que «notre printemps a duré une année; du 20 avril 1980 à Tizi Ouzou au 19 mai 1981 à Béjaïa». Plusieurs centaines de lycéens sont sortis ce jour-là dans la rue. Ils étaient venus de toutes les régions qui comptaient à l'époque des lycées? Les lycéens d'Akbou et Sidi Aïch se sont joints à ceux de la ville de Béjaïa pour marcher et défier le pouvoir du parti unique avec des revendications plurielles qui vont toutes dans le sens de l'intérêt collectif.
La douleur et la colère nées des événements d'avril 1980 à Tizi Ouzou étaient encore là à travers l'exigence de la «libération inconditionnelle des détenus de Berrouaghia de 1980», leurs frères, ceux qui, lors de l'interdiction de la conférence de feu Mouloud Mammeri à l'université de Tizi Ouzou ont été interpellés et emprisonnés. Il va de soi pour «la reconnaissance de l'arabe algérien et de tamazight», «la prise en compte du rapport du séminaire de Yakouren dans la définition de la politique culturelle».
Les lycéens de Béjaïa entendaient s'élever également contre le détournement du projet d'une université à Béjaïa, qui allait se traduire concrètement n'eut été cette mobilisation qui confirme la grande marche de la lutte pour la démocratie, la liberté et l'identité, entamée à Tizi Ouzou un an plus tôt.
En dépit d'un important dispositif policier, les lycéens de Béjaïa, épaulés par quelques enseignants, des travailleurs, des chômeurs, des étudiants, ont marché. «Nous avons utilisé nos draps de l'internat pour confectionner des banderoles, nous avons utilisé les moyens de l'Unja pour imprimer des tracts. Nous avons disposé de moyens plus que limités, mais d'une volonté inébranlable pour donner de l'épaisseur et de la voix au cri en vogue alors «IMA...ZI...GHEN», raconte Mokrane Aggoune.
L'intervention des forces de l'ordre donnera lieu aux barricades, puis aux émeutes qui s'étaleront la nuit-même pour toucher d'autres régions, dont, notamment la vallée de la Soummam.
A Seddouk, les jeunes occupaient la mosquée usant du mégaphone pour appeler la population à la rescousse. A Sidi Aïch la kasma FLN est réduite en ruines en quelques secondes, les mêmes scènes étaient observées à Akbou, El-Kseur, Amizour,... la suite verra des arrestations arbitraires puis des condamnations à de lourdes peines dans des procès expéditifs. 53 détenus ont été dénombrés et mis en prison; certains ne sont plus de ce monde ou ont quitté le pays, d'autres sont encore là à le construire et à continuer la lutte, celle née d'un combat sincère loin des calculs partisans ou individuels, comme il est de règle aujourd'hui au point de discréditer et de dénaturer toute idée de mobilisation.

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