L'Expression

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DES MILLIONS D'ALGÉRIENS MARCHENT POUR L'AVÈNEMENT DE LA DEUXIÈME RÉPUBLIQUE

Au bord de l'éclosion

Cette colère a fort heureusement été conjuguée au pacifisme. Le temps passe, la mobilisation s'intensifie, la foule grandit et la fête est encore de plus belle. La mobilisation a été plus importante que les précédentes semaines.

«Libérez, libérez l'Algérie!» C'est avec ce cri de la révolte que des millions d'Algériens ont envahi les quatre coins du pays pour dire «stop» au système Bouteflika.,Rues, boulevards, places, ruelles, chemins, sentiers... étaient noirs de monde. On y est venu seul où accompagné, en familles ou entre amis pour fêter encore une fois le renouveau de l'Algérie et dire non au prolongement du mandat du chef de l'Etat. La capitale grouillait déjà d'une foule compacte dès les premières heures de la matinée.
Les balcons des beaux bâtiments blancs ont eux retrouvé des couleurs. Ils étaient blindés de protestataires qui saluaient les marcheurs en brandissant l'emblème national. Les banlieusards eux y ont afflué très top. «De peur de trouver les routes fermées», confiaient-ils, alors que des bus, fourgons et voitures aux différentes immatriculations du pays se «bousculaient» a l'entrée d'Alger. Ils étaient filtrés par les services de sécurité qui ont comme à l'accoutumée encerclé «El Mahroussa».
Mais cela n'a aucunement altéré la détermination de ces jeunes femmes et ces jeunes hommes, de tous âges et catégories sociales confondues, venus répondre à la proposition du Président sortant Abdelaziz Bouteflika.
Les slogans adaptés à l'évolution de la situation, ainsi que les pancartes préparées scrupuleusement la veille, étaient sans ambigüités. Les «Bouteflika matzidche dikika» (Bouteflika tu ne rajouteras pas une minute) fusaient au même titre que les «Inana lil tarik wa inna ilayhi radjioune» (À la rue nous appartenons, à elle nous retournons). Les écriteaux plus originaux les uns que les autres étaient arborés fièrement par ces Algériennes et Algériens afin de lever toute équivoque. «On ne sait jamais, il semble que le pouvoir en place semble ne pas comprendre. On lui écrit alors noir sur blanc, et avec même des dessins», plaisantent certains venus dire non à ce qu'ils qualifient de «mandat 4++». Ainsi, on pouvait lire les «Stops au viol de la Constitution», «La tamdide, la tahdid. Chaâbe yourid takhyire» (Pas de prolongation, ni de menace. Le peuple veut le changement), «trouhou gaâ, c'est gaâ» (vous allez partir tous, c'est tous), «La 4++, c'est pour l'Internet pas pour Bouteflika».
Le Président Français Emmanuel Macron a eu aussi pour son grade avec des «Macron dégage» ou «non à l'ingérence, prépare-toi. L'hiver sera rude, on te coupera le gaz».
Le nouveau Premier ministre Nouredine Bedoui et le vice-Premier ministre, Ramtane Lamamra ainsi que Lakhdar Brahimi, n'ont pas échappé à la colère des marcheurs.
«On ne fait pas du neuf avec du vieux. Lamamra et son computeur ont prouvé le fossé qui sépare le pouvoir de notre génération», soutiennent ces manifestants qui voient ces nominations comme des provocations.
Néanmoins, cette colère à fort heureusement été conjuguée au pacifisme. Le temps passe, la mobilisation s'intensifie, la foule grandit et la fête est encore de plus belle. On essaye de marcher, même s'il est très difficile de le faire avec la foule immense qui a envahi Alger.
Des cortèges s'ébranlent de la Grande Poste vers le tunnel des Facultés, rebaptisé pour la circonstance «Ghar Hirak». D'autres groupes préfèrent aller du 1er Mai vers la place Maurétania en passant par la rue Hassiba Ben Bouali. On a même assisté à la simulation d'un tribunal populaire avec de vrais avocats et des magistrats.
«La rue a rendu son verdict: la transition se fera sans vous, M. le Président», lancent avec humour les initiateurs. Ça chauffe! On chante, on danse et surtout entonne l'hymne national ainsi que les chansons patriotiques. Ce qui vient mettre encore plus d'émotion à cette nouvelle journée historique! Le «Hirak» écrit une nouvelle page de l'histoire du pays avec une mobilisation encore plus importante que celle des trois derniers vendredis. On pensait avoir tout vu avec la mobilisation du 8 mars dernier, qui avait ébahi le monde, néanmoins, les Algériens ne cesseront pas de nous impressionner.
Le temps passe comme une flèche, le pacifisme de la marche est lui toujours présent. Mieux encore, on assiste à des gestes de civisme et de solidarité tels que le nettoyage de la voix publique par des jeunes ou encore les distributions d'eau et de bonbons. Il y avait également nos Gilets jaunes qui sont des jeunes... secours!
Les forces de l'ordre ont aussi été exemplaires en évitant toutes formes de provocations. Ils étaient même en communion avec leurs frères et soeurs qui ne se faisaient pas prier pour les saluer et échanger quelques mots. Des images que l'on ne voit que chez nous... Il est 17h, comme convenu par les «marcheurs», c'est le moment de rentrer chez soi.
Toujours avec la même joie et la bonne humeur, mais surtout la détermination du changement. À un peu plus de 18h, la capitale s'est presque complètement vidée de son monde. Mais les voix de millions d'Algériennes et d'Algériens continuent à résonner: «Partez!».

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