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LES TUNISIENS APPELÉS À ÉLIRE UNE CONSTITUANTE LE 23 OCTOBRE

Un scrutin historique, neuf mois après la révolution

La Tunisie, aux avant-postes du «Printemps arabe», se rend aux urnes dimanche pour élire une Assemblée constituante, scrutin historique neuf mois après la chute de Ben Ali chassé en janvier par un soulèvement populaire.

«C'est un tournant historique. Les Tunisiens n'ont pas le droit à l'erreur, le monde observe ce premier test sur la voie de la démocratie», note un diplomate européen. L'immolation le 17 décembre de Mohamed Bouazizi, jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid, une ville déshéritée du centre-ouest du pays, a déclenché un soulèvement populaire dont nul n'imaginait alors qu'il ferait chuter, 28 jours plus tard, l'indéboulonnable président Ben Ali. Fort du soutien des grandes démocraties occidentales pour son rôle supposé de rempart contre l'islamisme et de garant du «miracle économique» tunisien, le Président a fui le pays le 14 janvier pour trouver refuge en Arabie Saoudite. La révolution, sans visage, sans leaders, a été portée par un peuple poussé dans la rue par l'injustice sociale et écoeuré par la corruption effrénée des dernières années du régime. Après une période de transition tendue, émaillée de grèves et de flambées de violence, les Tunisiens referment dimanche le premier chapitre de la révolution en élisant une Assemblée constituante de 217 membres. Gros enjeu et pari difficile dans un paysage politique remodulé et complexe: 7,3 millions d'électeurs potentiels doivent se déterminer face à quelque 1500 listes de partis et d'indépendants, qui tous déclinent sensiblement les mêmes slogans de liberté, démocratie et justice sociale. La future Assemblée aura pour principale tâche de rédiger une nouvelle Constitution, la troisième de la Tunisie après celles de 1861 et 1959. Elle choisira aussi un Président provisoire qui désignera un Premier ministre à la tête d'un gouvernement de transition jusqu'à la tenue d'élections générales. Le choix d'une Assemblée constituante s'est imposé sous la pression de la rue qui, après avoir chassé Ben Ali, a réclamé un changement total de régime. Fait inédit en Tunisie, l'élection est organisée par une commission indépendante (Isie) agissant à la place du ministère de l'Intérieur, disqualifié par des décennies de bourrages des urnes. Le mode de scrutin à la proportionnelle au plus fort reste a été adopté pour favoriser les petits partis sans grands moyens, parmi une centaine ayant vu le jour depuis janvier. Le paysage reste cependant dominé par les grandes formations. Longtemps interdit, le parti islamiste Ennahda est grand favori selon tous les sondages - à la fiabilité incertaine. Redouté, ce dernier affiche un visage modéré et prône un gouvernement de large union «où tous les Tunisiens seront représentés». Face à une poussée de fièvre extrémiste en fin de campagne, Ennahda a tenu à se démarquer des salafistes. Il a condamné toute forme de violence, mais pourrait profiter du débat relancé sur l'identité arabo-musulmane de la Tunisie. Le Parti démocrate progressiste (PDP, centre gauche) dont le leader Ahmed Néjib Chebbi s'était frontalement opposé à Ben Ali, se positionne comme la principale alternative à Ennahda. Même veine et parcours similaire, Ettakatol (Forum), proche du PS français, est porté par son chef Mustapha Ben Jaafar, un médecin qui a mené une campagne de proximité et a le vent en poupe. A gauche, dans le «Pôle démocrate moderniste», Ettajdid (ex-communiste) rassemble cinq petites formations autour d'un projet laïc. Le Parti communiste des ouvriers tunisien (PCOT, extrême gauche) met en avant Radia Nasraoui, avocate de renom et épouse du chef du PCOT Hamma Hammami. Il s'agit d'une des rares femmes tête de listes (5%) malgré la parité homme-femme obligatoire. Autre force: les héritiers déclarés ou non du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti Etat de Ben Ali dissous après la révolution. Cette mouvance difficile à cerner table sur l'implantation de l'ex-parti unique et ses apparatchiks encore aux manettes. Par ailleurs, le nombre important d' «indépendants» en lice traduit, selon les experts, une méfiance à l'égard des partis soupçonnés de vouloir confisquer les fruits d'une révolution dont ils n'ont pas été les initiateurs. La grande inconnue de ce scrutin sera la participation, alors que nombre d'électeurs avouent leur scepticisme face à des «partis sortis de terre en six mois comme des patates», selon la formule de l'un d'entre eux.

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