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NUCLÉAIRE IRANIEN

Riyadh a monnayé la remise en cause de l'accord

L'Arabie saoudite aspire à devenir l'unique puissance économique et militaire dans la région Mena.

Trump est finalement allé jusqu'au bout de son entêtement que rien ne justifie dans les termes de l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015. L'accord en question peut avoir des insuffisances par rapport aux souhaits des signataires, comme la question des missiles balistiques non inclus dans l'accord et l'échéance de 2025, mais l'essentiel y est, en l'occurrence l'engagement iranien de ne pas produire l'arme nucléaire. Quant aux armes balistiques et l'après-2025, ce sont des aspects qui peuvent être discutés parallèlement à l'application de l'accord de 2015. Washington qui se prépare à un sommet avec le leader de la Corée du Nord pour négocier une paix durable dans l'Extrême-Orient, ne semble pas intéressé par le respect de son propre engagement avec l'Iran et par ricochet, fait fi des risques et des conséquences qui peuvent découler de ce revirement spectaculaire et inédit dans les relations internationales. Les conséquences immédiates de ce retrait américain, sont les sanctions commerciales et financières que les Etats-Unis imposent d'ores et déjà à l'Iran. Ces sanctions ne pénalisent pas uniquement l'Iran qui n'a pas vraiment renoué avec la reprise économique, dont le marasme dure depuis des décennies. Les premières victimes de ces sanctions sont les multinationales occidentales, notamment européennes dont les pays signataires, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont estimé, hier, que l'accord sur le nucléaire iranien leur convient. L'Union européenne qui n'est pas encore sortie de l'oeil du cyclone provoqué par la crise financière de 2008, risque de ne pas renouer avec la croissance durable en raison de l'annulation des contrats signés par les firmes européennes avec l'Iran dans différents secteurs et dont la valeur avoisine ou dépasse les 180 milliards d'euros. Cette situation n'arrange pas les affaires des Européens dont les dirigeants grincent des dents. Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire estimait, hier, que «c'était inacceptable» que les Américains s'imposent comme les «gendarmes économiques de la planète» précisant que «en deux ans, la France avait multiplié par trois son excédent commercial avec l'Iran». Washington menaçait dès hier, les firmes qui ne respectent pas les sanctions américaines. A ce propos, les entreprises allemandes sont sommées de cesser leurs activités en Iran «immédiatement», a ainsi demandé mardi dernier l'ambassadeur américain en Allemagne. De son côté, l'Elysée a affirmé que les Européens allaient «tout faire pour protéger les intérêts» de leurs entreprises en Iran «en intervenant auprès de l'administration américaine» au niveau de l'Union européenne. Manifestement, les firmes américaines ne courent pas autant de risques que leurs homologues européennes, puisque la seule explication à ce coup de théâtre de Donald Trump est à chercher dans le pactole ramassé par le président américain lors de sa visite à Riyadh en mai 2017, quand le roi Salmane Ben Abdelaziz lui a remis un chèque de 480 milliards de dollars sous forme de contrats d'achats d'armement et d'équipement, le prix de la remise en cause de l'accord avec l'Iran. Avec le soutien actif et enthousiaste d'Israël, l'Arabie saoudite qui a annoncé les couleurs de sa stratégie anti-iranienne depuis la guerre israélienne contre le Hizbollah puis en 2008 lorsque «le front sunnite» a commencé à prendre forme au sein même de la Ligue arabe, ensuite lors de l'offensive contre le régime de Bachar El Assad mettant la Syrie à feu et à sang. Le régime saoudien soutenu par certaines monarchies du Golfe, ainsi que la Jordanie, l'Egypte, le Soudan et le Maroc est décidé à s'imposer comme unique puissance économique et militaire arabe dans la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Sous le mandat d'Obama, les Etats-Unis voyaient d'un mauvais oeil l'ambition anachronique de Riyadh, du moins n'accordaient pas d'importance aux velléités hégémoniques d'un Etat obscurantiste, arriéré et sources de violences terroristes, en raison de son idéologie wahhabite. Manifestement, les changements intervenus en Arabie saoudite, comme la montée fulgurante de Mohamed Ben Salmane, les réformes sociales et doctrinales engagées, sont le prélude à cette offensive diplomatique pour isoler l'Iran dans l'espoir de faire capoter l'accord de 2015 et provoquer le renversement du régime iranien. Si le Maroc a toujours répondu aux chants des sirènes du Golfe, il n'en demeure pas moins que son alignement sur la stratégie saoudienne en rompant ses relations diplomatiques avec l'Iran, cache mal le souhait de Rabat de voir la communauté internationale se liguer contre l'Algérie pour l'empêcher de devenir une puissance régionale et un Etat pivot dans la sous-région et en Afrique. On se souvient de la campagne médiatique initiée par le Makhzen dès le début des années 90 pour présenter l'Algérie comme un pays en passe de fabriquer la bombe nucléaire.

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