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TRUMP EST PRÊT À RENCONTRER LES IRANIENS «QUAND ILS VEULENT»

Pourquoi ce revirement

Quelques jours auront donc suffi pour qu'intervienne un changement de ton spectaculaire, du côté de la Maison-Blanche où Donald Trump adopte une attitude brusquement tempérée et souligne pour l'occasion que ce qui «est bon pour eux, (est) bon pour nous, bon pour le monde entier».

Au plus fort d'une tempête verbale qui aura duré plusieurs mois entre les deux belligérants, vint la divine surprise avec des échanges d'abord par Corée du Sud interposée puis directement entre le dirigeant Kim Jong Un et le président américain Donald Trump. Les menaces cataclysmiques oubliées, il y eut ainsi devant le monde entier médusé un sommet historique à Singapour au cours duquel les deux hommes ont rivalisé de bonnes intentions.
Décidément imprévisible, le président américain vient de surprendre son monde une fois de plus en affirmant qu'il est prêt à rencontrer les dirigeants iraniens «quand ils veulent» et surtout «sans aucune condition préalable». Le fait qu'il ait ajouté, en réponse à une question d'un journaliste au cours de la conférence de presse, qu' «il ne sait pas s'ils y sont prêts» rappelle d'ailleurs étrangement les propos qui avaient précédé les premiers contacts avec la Corée du nord. Mais Trump «imagine qu'ils voudront le rencontrer» et c'est pourquoi il anticipe en assurant qu'il «est prêt à les rencontrer quand ils le veulent». Ces déclarations interviennent moins d'une semaine après l'escalade verbale la plus violente entre Trump et son homologue iranien, le président Hassan Rohani.
Celui-ci avait averti qu'une guerre menée contre l'Iran serait la «mère de toutes les guerres», un haut responsable de l'armée iranienne agitant la menace d'une fermeture du détroit d'Ormuz par lequel transite un tiers du pétrole mondial. La réplique du président Trump fut exprimée en lettres majuscules, porteuse d'un avertissement selon lequel les conséquences (de cette menace» seraient uniques dans l'histoire. Ultime réaction, toute diplomatique celle-là, un appel à la «prudence» sera lancé par le MAE iranien Mohammad Javad Zarif.
Quelques jours auront donc suffi pour qu'intervienne un changement de ton spectaculaire, du côté de la Maison-Blanche où Donald Trump adopte une attitude brusquement tempérée et souligne pour l'occasion que ce qui «est bon pour eux, (est) bon pour nous, bon pour le monde entier» mais en distillant en filigrane que «si nous pouvons trouver une solution sérieuse, pas un gâchis de papier comme l'autre accord (sur le nucléaire)», tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
La question est désormais dans tous les esprits: pourquoi ce revirement soudain? Qu'est-ce qui peut bien motiver le geste de bonne volonté que le président américain esquisse en direction de son «pire ennemi», dés lors qu'Israël l'a désigné ainsi en ce qui concerne l'Etat hébreu? Abstraction faite de la position, réitérée à plusieurs reprises par le Guide suprême, le président de la République et de hauts responsables iraniens pour qui d'éventuels pourparlers avec les Etats-Unis ne peuvent avoir lieu qu'à la condition de réduire les hostilités et de revenir à l'accord sur le nucléaire, on voit mal dans les conditions actuelles comment un tel dégel peut avoir lieu alors que les sanctions décidées par Donald Trump vont entrer en vigueur incessamment, causant un grave préjudice aussi bien à l'Etat qu'au peuple iranien.
En 2013, les présidents Hassan Rohani et Barack Obama ont ouvert la porte du dialogue après un échange téléphonique. Serait-ce aujourd'hui le cas? Peu probable car les données sont très différentes et le rôle d'Israël autrement plus nocif. Quant à faire un parallèle avec le deal Pyongyang-Washington, il y a un pas qu'on ne saurait franchir sans une certaine prudence. D'abord, il n'y a pas entre Téhéran et Washington le pendant sud-coréen qui a permis la jonction au bout de laquelle Trump et Kim se sont rencontrés à Singapour. On voit mal, dans ce cas de figure, quel pays pourrait jouer les intermédiaires, à moins de convoquer l'Histoire pour les besoins de la conciliation. Auquel cas, la médiation éventuelle semble toute désignée. Il faudrait ensuite prendre en considération les doléances diamétralement opposées des deux camps et, à partir de là, trouver le lien focal qui permettrait de rétablir la connexion entre Iraniens et Américains. La chose est tout sauf aisée. Aux exigences israélo-américaines sur le nucléaire et les armes balistiques de l'Iran s'opposent, non sans objectivité, les revendications légitimes de Téhéran à disposer d'un nucléaire civil et à recevoir des réparations pour tous les préjudices subis depuis plusieurs décennies. C'est d'ailleurs ce que revendique Pyongyang dont la démarche st d'autant plus «apaisée» qu'il dispose désormais de l'arme atomique, certes en quantité nettement moindre que celle de l'Etat hébreu, par exemple, mais effective et opérationnelle. Dans la négociation, c'est une réalité qui compte beaucoup et Washington le sait qui joue vivement la partition du dialogue. Ce n'est pas le cas de l'Iran, même si Israël tente, sans cesse, d'alarmer les Américains et, à un moindre degré, les autres pays occidentaux pour arracher une politique coercitive, sinon guerrière, contre Téhéran. Le meilleur argument dont dispose le régime iranien, aujourd'hui, reste sa position géostratégique dans le Moyen-Orient et sa capacité à brouiller les cartes dans le jeu de dupes que veulent organiser à ses dépens Israël et les Etats-Unis. Aussi, on voit mal comment il pourrait y avoir, dans le contexte actuel, une réponse positive, d'autant qu'en décembre dernier, le président Trump a tenté à huit reprises de rencontrer le président Rohani, sans le moindre succès.

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