L'incongruité hongro-gaulloise
En France le starter est donné pour la campagne de la primaire à droite et à peine la course entamée que l'ancien président français Nicolas Sarkozy s'emmêle les lacets dans une histoire très bizarre sur la Gaulle et les Gaulois. Gonflé à bloc contre les musulmans de France, Sarkozy a voulu peser de tout son poids pour démontrer que ces gens-là ne sont pas assimilés, qu'ils ne veulent pas être assimilés et qu'ils sont donc non assimilables. Dans son argumentaire de très mauvais avocat, il n'a daigné recourir ni à la preuve par trois que l'on apprend à l'école primaire ni au syllogisme aristotélicien qu'il a certainement étudié au lycée. Il a voulu recourir à la preuve par la... Gaulle.
Mon père est hongrois, a-t-il expliqué, donc je suis né hongrois. Et comme je vis en France, mes ancêtres sont les... Gaulois. En plus d'être une démonstration piteuse et pitoyable faite d'un non-sens absolu, ces paroles ont jeté un discrédit total sur la personnalité de Sarkozy qui montre qu'il est capable de n'importe quelle «incongruité» comme l'a qualifié Juppé, pour faire croire qu'il a raison ou pour convaincre son auditoire qu'il n'a pas tort.
Une gesticulation qui a fait pouffer de rire quelques hommes politiques timides avant de faire carrément éclater de rire ceux qui le sont moins. Malgré les précautions visibles de certains animateurs lorsqu'il s'agit de Sarkozy précisément, le tour des plateaux de télévision est vite fait bien sûr mais, de nos jours, avec les réseaux sociaux, ça va plus vite et le buzz n'a pas tardé à suivre cette déclaration de celui qui fut pourtant président de la France.
Il y a quelques jours, et alors qu'il voulait s'exercer à faire de l'esprit, histoire de parade intellectuelle pour la campagne des primaires qui s'annonçait, Sarkozy avait provoqué une vive polémique en parlant de réchauffement climatique. En effet, critiques et indignation ont vite suivi ses déclarations bizarroïdes dans lesquelles il soutenait que «le réchauffement climatique n'est pas l'oeuvre de l'homme seul». Et il poussa même la bêtise plus loin en expliquant que «de tout temps le climat n'a cessé de se réchauffer». Ces paroles ont donné lieu à une vague de déclarations dans tous les clans et à tous les niveaux. «Il n'a pas l'étoffe d'un homme d'Etat» dit alors de lui la ministre du Logement, quant au climatologue Jean Jouzel, il a tout simplement constaté qu'il s'agit là de propos «vraiment pitoyables».
Quant aux étudiants gabonais qui l'avaient interpellé lors de son dernier meeting, ils ont eu droit au verbe «nature», sans fard ni masque, du candidat à la primaire et probablement candidat à la présidentielle. «Ce n'est pas le Gabon ici» et «rentrez chez vous» leur a-t-il lancé. Un remake du fameux «Casse-toi, pauv' con», en direct cette fois et au pluriel.
Finalement, est-ce que Sarkozy est en train de s'éloigner de la droite pour prendre sa place dans une extrême droite de plus en plus exécrable? Ou bien est-ce que cela a toujours été réellement sa nature que de puiser dans les poubelles de la bêtise, de la haine et de la démagogie?
