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LA TURQUIE CONSULTE MOSCOU AVANT UNE «CATASTROPHE» À IDLIB

Les tractations s'accélèrent avant l'offensive de l'armée syrienne

La concertation s'est donc intensifiée au cours des deux dernières semaines entre Moscou et Ankara, de sorte que l'objectif du président Erdogan est passé à la trappe et une importante délégation politico-militaire turque a été reçue vendredi dernier à Moscou sur ce dossier.

Une dizaine de jours après la mise en garde de la Turquie à l'adresse de Moscou qui intervient militairement en Syrie, en soutien au régime de Damas, contre une possible «catastrophe» générée par une «solution militaire» à Idlib, un sommet tripartite va réunir le 7 septembre prochain à Téhéran la Russie, la Turquie et l'Iran afin de faire le point de situation au moment où l'armée syrienne se prépare à lancer une offensive de grande envergure contre le fief terroriste où ont été regroupées toutes les factions dites rebelles et extrémistes. Quand bien même la position d'Ankara reste réservée sur la question, il n'y a aucun doute quant à la volonté de Damas de libérer cet ultime bastion de l'emprise terroriste et le fait que l'offensive paraisse imminente aura sans doute pesé sur la volonté d'organiser cette concertation qui renvoie à des calendes grecques la réunion souhaitée par le président turc Erdogan, début août. Celui-ci proposait, on s'en souvient, d'accueillir à Ankara un sommet auquel seraient conviées la Russie, la France et l'Allemagne. Dans quel but? La motivation première est apparente, elle ne concerne pas la recherche d'une solution pour la sauvegarde de la souveraineté et de l'intégrité de la Syrie, bien sûr, mais semble devoir surtout appréhender l'enjeu des trois millions de réfugiés syriens présents en Turquie. Ankara redoute, à juste titre semble-t-il, que l'offensive à Idlib va projeter des dizaines de milliers de réfugiés supplémentaires sur sa frontière avec la Syrie, rendant la situation encore plus critique qu'elle ne l'est actuellement. D'où l'appel du pied à peine discret à l'adresse de l'Allemagne et le geste concordant envers la France qui mène depuis 2011 un combat d'un autre âge contre la Syrie au sein d'une coalition internationale conduite par les Etats-Unis pour des intérêts régionaux évidents.
La concertation s'est donc intensifiée au cours des deux dernières semaines entre Moscou et Ankara de sorte que l'objectif du président Erdogan est passé à la trappe, et une importante délégation politico-militaire turque a été reçue vendredi dernier à Moscou sur ce dossier.»Une solution militaire causerait une catastrophe non seulement pour la région d'Idlib mais aussi pour l'avenir de la Syrie. Les combats pourraient durer longtemps, les civils seront touchés», a déclaré à cette occasion le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue russe Sergueï Lavrov.
Le gouvernement syrien, dont Moscou est le principal allié, entend reconquérir cette région du nord-ouest de la Syrie, dominée à 60% par Hayat Tahrir al-Cham, formé de membres de l'ex-branche d'Al-Qaïda, et qui compte également une multitude de groupes rebelles. «Néanmoins, il est très important que ces groupes radicaux, les terroristes, soient mis hors d'état de nuire. C'est également important pour la Turquie car ils sont de l'autre côté de notre frontière. Ils représentent en premier une menace pour nous», a pourtant reconnu M. Cavusoglu.
La province d'Idlib, l'ultime fief des rebelles et des terroristes en Syrie, a une importance stratégique en raison de sa situation à la frontière avec la Turquie, parrain des rebelles, et près de la province côtière de Lattaquié, fief du régime du président Bachar al Assad. Elle fait en outre partie des «zones de désescalade» mises en place lors des négociations de paix d'Astana, parrainées par la Russie, la Turquie et l'Iran. Cela, Ankara le sait pertinemment qui ne peut dénier à Damas le droit de libérer son territoire dont chaque parcelle a été affranchie tant par la neutralisation du plus grand nombre de terroristes que par leur évacuation en aussi grand nombre vers Idlib après des sièges meurtriers.
C'est ainsi que le MAE russe Sergueï Lavrov a reconnu que la situation à Idlib est «très difficile». «Mais lorsque l'on a créé une zone de désescalade à Idlib, personne ne proposait d'utiliser cette zone pour que des combattants, avant tout ceux du Front al-Nosra, devenu pour les besoins de la diplomatie Fateh al Cham, s'y cachent en se servant des civils comme d'un bouclier humain», a-t-il déclaré. «Non seulement ils restent là-bas, mais il y a des attaques et des tirs permanents en provenance de cette zone contre les positions de l'armée syrienne», a souligné M. Lavrov, qui a rappelé à juste titre que, tout récemment encore, une cinquantaine de drones attaquant la base aérienne russe de Hmeimim avaient été lancés par les terroristes et détruits par les forces alliées.
Fin juillet, le président Bachar al Assad a été on ne peut plus clair: «Idlib est désormais notre but», a-t-il martelé. Il avait ajouté que ce n'était «pas le seul» objectif. Le 9 août, l'armée syrienne a largué des tracts appelant les habitants et les éléments armés à se rendre. Si Damas a le souci de la concertation avec Ankara pour un meilleur résultat sur le terrain, il n'a pas besoin cependant de son aval pour cette offensive, malgré le fait que des groupes rebelles parrainés par la Turquie vont se retrouver sous le feu des forces alliées syriennes, russes, iraniennes et libanaises. Il reste une issue pour éviter un chaos annoncé, et c'est ce que recherche visiblement la diplomatie turque: Ankara qui compte plus de trois millions de réfugiés syriens sur son sol peut sceller un accord avec Damas, par Moscou et Téhéran interposés, pour l'élimination radicale des terroristes d'Idlib sans la nécessité d'une grande offensive militaire sur l'ensemble de la province. Il semble que les tractations qui se déroulent depuis une dizaine de jours à Moscou où le président Poutine a reçu le chef de la diplomatie turque, ainsi que le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, et le chef du Service de renseignement turc, Hakan Fidan, louant la coopération «de plus en plus profonde» avec la Turquie dans le règlement des dossiers «épineux comme la crise syrienne», tournent autour de cette option qui contribuera pour beaucoup au règlement de la crise syrienne.

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