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LE PROCHAIN RETRAIT DES ETATS-UNIS ET L'AVENIR DU PAYS

Le système politique de l'Irak en voie de «libanisation»

L'Irak, huit ans après la chute du régime de Saddam Hussein, se dirige vers une «libanisation» de son système politique, avec un pouvoir réparti selon des lignes ethniques et religieuses, une voie potentiellement périlleuse.

Mouaffaq al-Roubaïe, ex-conseiller à la Sécurité nationale, le dit sans détour: «Ce que nous craignions, c'est une libanisation et malheureusement c'est ce qui se passe». «Certains partis politiques, qui affirment parler au nom d'une confession, pensent qu'une libanisation du régime est dans leur intérêt», déplore-t-il. L'Irak a été dirigé pendant près de 80 ans par la minorité sunnite, qui n'a cédé les rênes à la majorité chiite qu'après l'invasion américaine de 2003. Ont suivi des années de terribles violences confessionnelles qui ont culminé en 2006-2007. Il y a un an, les dirigeants irakiens pérennisaient, après plus de six mois de vacance politique, un compromis de partage du pouvoir: la présidence a été attribuée à un Kurde, Jalal Talabani, le poste de chef du gouvernement revenait au chiite Nouri al-Maliki et la présidence du Parlement au sunnite Oussama al-Noujaifi. Cet accord se rapproche de celui en vigueur au Liban, ravagé par une guerre civile de 1975 à 1990 et où le pouvoir est réparti entre les 18 communautés chrétiennes et musulmanes du pays, avec un président chrétien, un Premier ministre sunnite et un chef de Parlement chiite, et un système de quotas pour les postes de ministres, de hauts fonctionnaires et de députés. Pour Ihsan al-Chamari, professeur de sciences politiques à l'Université de Baghdad, «il y a de grandes similitudes entre la nature des régimes d'Irak et du Liban, les divisions sont les mêmes, basées sur des critères ethniques et confessionnels même si ce n'est pas écrit dans la Constitution comme au Liban».
«Malheureusement, ces quotas ne concernent pas seulement les trois postes principaux, ils ont débordé sur les ministères et ont eu un effet boule de neige au point d'affecter les employés du Parlement et des services gouvernementaux, et même les forces de l'ordre», souligne-t-il. Résultat: beaucoup d'Irakiens se plaignent d'être tenus à l'écart de certains postes pour des raisons confessionnelles, alors que les thèmes religieux ou ethniques étaient officiellement tabous avant le reversement de Saddam Hussein. Wissam al-Faili, un ingénieur kurde chiite de 39 ans, a été embauché au ministère des Ressources hydrauliques du temps où le ministre était un Kurde. «Maintenant c'est un sadriste (de la mouvance du chef chiite Moqtada Sadr) et la plupart des gens nommés sont à présent des Arabes chiites». Pour Ahmed al-Sammaraï, un Arabe sunnite de 36 ans employé au ministère de l'Electricité, «les hommes politiques et même les gens en général n'ont plus de loyauté envers le pays, contrairement à avant 2003». «Les quotas confessionnels et partisans sont présents partout et concernent les choses les plus simples comme les groupes de pèlerins (pour La Mecque) pour lesquels les chiites ont droit à deux fois plus de fidèles que les sunnites», déplore-t-il. Et, comme au Liban, les pays voisins jouent en coulisse. Le fragile accord ayant propulsé M.Maliki au pouvoir reflète de fait l'équilibre des puissances régionales, Washington et son allié saoudien d'un côté, et l'Iran de l'autre, selon les experts. «Tous les partis ont des allégeances à l'étranger, qui comptent plus que celle vis-à-vis de leur patrie», remarque M.Chamari. «Ces liens sont la principale cause du malaise» politique. «Nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-mêmes car nous avons permis à ces voisins d'interférer», relève M.Roubaïe. Malgré cela, il se veut optimiste: le retrait des forces américaines d'Irak représente une «occasion en or de régler nos problèmes. C'est une grande chance de cesser de transformer l'Irak en un deuxième Liban».

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