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TRUMP ORDONNE UNE ATTAQUE CONTRE LA SYRIE

Le diktat des faucons

La base d'al-Chaayrate, dans la province centrale de Homs, a été frappée jeudi soir par 59 missiles Tomahawk tirés par les navires américains USS Porter et USS Ross, qui se trouvaient en Méditerranée orientale, détruisant 9 avions et tuant 9 civils dont des enfants.

Quelques jours seulement après avoir déclaré que le sort de Bachar al Assad ne constitue plus la priorité des Etats-Unis, le président Donald Trump a «ordonné une riposte» à la supposée attaque chimique de Khan Cheikhoun par l'aviation syrienne. Avec cette volte-face, il démontre non seulement son inconstance, mais également la facilité avec laquelle il s'adapte aux difficultés internes rencontrées ces derniers mois avec l'Obamacare et le décret anti-immigration dont les dérapages ont enflammé la société américaine. Au plus bas dans les sondages, après un moment d'euphorie tributaire de son élection surprise au détriment de la candidate démocrate, Hillary Clinton, Donald Trump peine encore à s'ancrer dans le nid de faucons qui domine, depuis des décennies, le Pentagone et une large partie du Congrès. C'est pourquoi il s'est laissé aller à une «émotion» spectaculaire, liée aux images abondamment relayées à travers le monde, pour se découvrir «de nouvelles responsabilités», assumées «fièrement» avec les représailles exercées unilatéralement contre la Syrie. Peu importe la réaction du président russe, Vladimir Poutine, qui a dénoncé «une agression contre un Etat souverain» en réclamant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité. Trump s'inscrit désormais dans la logique américaine de ces dernières décennies, jouant volontiers au gendarme du monde et se parant d'une moralité suspecte, faisant fi des conclusions accablantes après les agressions contre l'Irak de Saddam Hussein et la Libye de Mouammar al Gueddafi.
Les Etats-Unis, une puissance amie du peuple syrien? Peut-être, si l'on estime que leur intervention en Irak et leur appui à l'Otan en Libye ont fait le bonheur des peuples irakien et libyen. Walid Mouallem, le ministre syrien des Affaires étrangères, a révélé hier que «les premières informations faisant état d'une attaque chimique sont arrivées quelques heures avant que l'aviation syrienne ne réalise le 4 avril sa première frappe sur un entrepôt de munitions du groupe terroriste Al Nosra». Et là, on comprend qui est le véritable bénéficiaire de cette réplique américaine à coups de 59 missiles tomahawk sur la base aérienne syrienne d'où sont partis les avions qui ont bombardé l'entrepôt. Al Nosra, c'est-à-dire Al Qaïda en Syrie, bénéficie directement du soutien des Etats-Unis dans cette affaire. Tout comme cette organisation terroriste, rivale et complice tout à la fois de Daesh, a longtemps bénéficié du soutien de puissances occidentales comme la France et la Grande-Bretagne. On se souvient, à cet égard, des propos de Laurent Fabius, alors MAE, qui se félicitait ouvertement des exactions de ce qui est devenu, pour faire plus fréquentable, le soi-disant Fath al Cham.
Une fois de plus, l'ONU apparaît comme un «machin», impuissant à conjurer le cavalier seul de Washington qui, faute d'imposer son diktat, passe outre le Conseil de sécurité. En réaction, la Russie a «suspendu le mémorandum avec les Etats-Unis sur la prévention des incidents et la sécurité des vols lors des opérations en Syrie», selon la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. De même que le porte-parole de l'armée russe, Igor Konacchenkov, a indiqué qu' «afin de protéger les infrastructures syriennes les plus sensibles, une série de mesures seront prises au plus vite pour renforcer et améliorer l'efficacité du système de défense antiaérienne des forces armées syriennes», ce qui laisse supposer un déploiement plus large des S300, voire même des S400, jusque-là installés à Hmeimim et Tartous. La base d'al-Chaayrate, dans la province centrale de Homs, a été frappée dans la nuit de vendredi à samedi par 59 missiles Tomahawk tirés par les navires américains USS Porter et USS Ross, qui se trouvaient en Méditerranée orientale, détruisant neuf avions et endommageant les infrastructures de l'aéroport militaire, y compris la piste. Damas a également fait état de neuf morts civils dont quatre enfants. Il est significatif que plusieurs groupes rebelles, outre Fath al Cham, saluent l'attaque américaine, estimant que «frapper un seul aéroport n'est pas suffisant; car il y a 26 aéroports», selon Mohammad Allouche, dirigeant de Jaich al-Islam et membre du Haut comité des négociations (HCN) de l'opposition syrienne. Faudra-t-il demain, quand la Syrie aura implosé sous les coups de boutoir d'une coalition internationale dont l'objectif évident est de travailler pour Israël et la politique expansionniste du Likoud, décréter la mobilisation générale contre les nouveaux Daesh que seront devenus Fath al Cham ou Jaïch al Islam? On imagine sans peine l'allégresse des dirigeants sionistes qui sont préoccupés par le rôle du Hezbollah en Syrie et entendent poursuivre leur action contre l'accord sur le nucléaire iranien. Donald Trump a donc «redoré» son image, du moins pour un temps si, demain, la preuve est établie quant à l'inanité des arguments avancés pour justifier cette agression contre la Syrie. Tout se passera alors comme pour l'Irak et pour la Libye, et les puissances occidentales, après avoir reçu le satisfecit de leurs commanditaires, feront comme si de rien n'était. Elles chercheront alors les chevaux de trait locaux qui tireront le joug au nom des intérêts des unes et des autres. L'histoire a tendance à bégayer, c'est un fait. Il suffit de se référer aux réactions de plusieurs capitales, Paris qui salue «le durcissement de la position américaine» mais souhaite «davantage, dans le cadre de l'ONU» alors que Pékin, sans doute gêné par la présence de Xi Jinping dans la résidence de Trump en Floride, appelle «au calme». L'Iran condamne le recours à de «fausses allégations», la Turquie crie son enthousiasme et l'Otan propose ses services pour «mettre fin aux brutalités en Syrie». Quant aux capitales arabes et à la Ligue, c'est le silence radio, hormis l'Arabie saoudite dont on devine la satisfaction.Rompant avec l'unanimisme des principaux pays européens, la Belgique s'est démarquée des Etats-Unis, affirmant que l'intervention militaire américaine en Syrie est une action «unilatérale». «Nous (la Belgique) n'avons en aucune manière participé à cette opération», a affirmé le ministre belge de la Défense Steven Vandeput à la chaine de télévision belge Rtbf, en marge d'une cérémonie annuelle d'hommage aux soldats belges morts en opération depuis 1945, à Bruxelles. On le voit, l'histoire bégaie, avec les mêmes discours et les mêmes prétextes, mais une leçon quand même pour ceux qui ont cru à la détermination du nouveau patron de l'administration américaine de recadrer la stratégie militaire et socio-économique de son pays. Visiblement, il y a loin de l'intention à l'action et Trump est en train de découvrir qu'une campagne électorale est une chose, mais que l'exercice du pouvoir, coincé entre un Congrès tout-puissant et un lobby juridico-militaire aussi fort, nécessite une certaine flexibilité selon les conjectures. Ainsi, s'explique son virage à 180 degrés sur la crise en Syrie et les relations qu'il aurait souhaitées avec la Russie de Vladimir Poutine. Un gage de soumission aux milieux qui lui ont imposé depuis des mois, une pression insoutenable sur ses prétendues accointances avec Moscou...

Moscou: «Une violation flagrante de la loi internationale»
La Russie, principal soutien de la Syrie, a accusé les Etats-Unis, hier à l'ONU, d'avoir violé la loi internationale en frappant militairement le régime de Damas. «Les Etats-Unis ont attaqué le territoire souverain de la Syrie. Nous qualifions cette attaque de violation flagrante de la loi internationale et d'acte d'agression», a déclaré le représentant de Moscou à l'ONU, Vladimir Safronkov, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.

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