L'Expression

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La Tunisie piégée?

Coup de tonnerre dans le ciel nuageux de l'élection présidentielle en Tunisie! L'écart entre les deux prétendants, Beji Caïd Essebsi, leader de Nidaa Tounès et de Moncef Marzouki, qui se chiffrait à plus de dix points voici à peine quelques semaines, est subitement passé à six points, selon les chiffres communiqués par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie).
Selon cet organisme, le premier a obtenu 39,46% des suffrages exprimés et le second 33,43%, au lendemain du 1er tour du scrutin. Le second tour aura bien lieu mais sa date dépendra des recours déposés dont l'examen sera tranché au plus tard le 23 décembre.
La tenue du deuxième tour se fera fin décembre, fort probablement le 31 décembre, alors que la campagne débutera une semaine avant, sitôt les résultats définitifs du 1er tour proclamés.
Le décor est planté qui n'augure rien de bon pour une Tunisie où on se sera donné beaucoup de mal afin d'ouvrir une page démocratique exemplaire et où les nuages d'une possible, voire probable, tempête ont brusquement surgi.
La réduction inquiétante de l'écart entre les deux candidats majeurs que sont Essebsi et Marzouki s'est amorcée lors des dernières quarante-huit heures de la campagne, à la grande surprise des observateurs, et la preuve est faite de l'implication graduelle du parti Ennahda, son soutien allant bien évidemment au candidat Marzouki après que Essebsi ait considéré ses appels d'offres à l'Assemblée comme un «geste de peu survenu tard».
Qui plus est, ce ne sont pas toutes les voix d'Ennahda qu'a engrangé Marzouki et il va donc renégocier son deal avec le parti de Ghannouchi pour obtenir un soutien franc et massif, option qu'il n'a à aucun moment écartée. Là, de fortes chances existent pour qu'il booste davantage son score et, même, qu'il parvienne à devancer son concurrent de quelque encablure, aussi minime soit-elle.
Caid Essebsi, dont l'inimitié pour son rival a dû culminer ces dernières heures, n'a pas d'autre choix que de sceller au plus vite une alliance avec Hamma Hammami, figure de proue de la gauche, arrivé troisième avec 7,82% des voix, et Slim Riahi (5,55%) qui n'ont donné aucune consigne de vote jusqu'à présent.
«Nous savons exactement comment nous allons obtenir le soutien de la majorité de l'assemblée législative» avait-il déclaré récemment, et le moment est donc venu pour savoir comment il va obtenir l'avantage sur Marzouki dont il estime que «pour un homme de droit, qui défend les droits de l'homme, qui écrit des livres, un homme cultivé, un médecin, il y a quelque chose qui ne colle pas» (son «alliance avec les djihadistes»).
Accusé d' «incarner l'ancien régime renversé par la révolution de janvier 2011» par Moncef Marzouki persuadé «d' avoir empêché le chaos en Tunisie par son alliance avec Ennahda», Beji Caid Essebsi a de quoi se ronger les ongles car, d'une part, il lui faut concrétiser sa suprématie au niveau de l'Assemblée des représentants du peuple d'où sortira le futur gouvernement et, d'autre part, il doit impérativement porter l'estocade, au soir du second tour de la présidentielle.
Le drame serait que sa victoire intervienne avec une différence de quelque dizaines de milliers de voix, un écart guère significatif, auquel cas Marzouki aura beau jeu de crier à la fraude, de contester le verdict des urnes sous n'importe quel prétexte. L'enjeu est d'importance pour la Tunisie et pour sa démocratie naissante, tant il lui faut éviter, coûte que coûte, une dérive fatale.
Beji Caïd Essebsi porte sur ses épaules le poids de tout un pays qui rêve de tourner la page du désordre et des incertitudes. Il ne pourra pas le faire seul, mais quels alliés peut-il espérer?...

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