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EN ATTENDANT LE SOMMET EXTRAORDINAIRE DE L'UNION AFRICAINE EN DÉCEMBRE

La Libye panse ses plaies

Cette réunion prévue le 14 décembre à Addis-Abeba permettra de faire le point sur un dossier auquel l'Algérie, les membres du groupe des pays voisins et l'UA attachent une importance primordiale, non sans déplorer de trop «nombreuses interférences»...

Un mois après la réunion de Tunis qui devait sceller les retrouvailles entre représentants du Conseil d'Etat de Tripoli (majoritairement composé de membres de l'ex-Conseil général national, Parlement de 2012) et leurs rivaux du Parlement de Tobrouk, la situation semble de nouveau enlisée comme si une fatalité pesait sur les rapports entre les différents camps libyens. Ces derniers assurent constamment de leur bonne volonté et de leur souci de parvenir à la réconciliation mais, comme à Tunis le 15 octobre dernier, il y a toujours une faction pour jouer les trouble-fêtes, à un moment ou à un autre, pour telle ou telle raison.
L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Ghassan Salamé, aura mesuré réellement la difficulté de la tâche, lui qui espérait réussir rapidement ce que ses prédécesseurs n'ont pas obtenu malgré leurs efforts. Chercher à «unifier toutes les démarches de médiation» est une gageure car la route de la paix en Libye est longue, incertaine et semée de nombreuses embûches.
La diplomatie algérienne qui travaille sur ce dossier depuis plus de deux ans maintenant en sait quelque chose. Indifférente aux critiques et aux impatiences, elle poursuit opiniâtrement ses efforts, contextualisés dans le cadre du groupe des pays voisins et de l'Union africaine qui s'apprête à accueillir le mois prochain un sommet extraordinaire consacré à la Libye. Cette réunion, le 14 décembre à Addis Abeba, permettra de faire le point sur un dossier auquel l'Algérie, les pays membres du groupe des pays voisins et l'UA attachent une importance primordiale, non sans déplorer de «nombreuses interférences».
Auparavant, une approche méthodique de la place et du rôle des partisans de l'ancien Guide Mouamar El Gueddafi dont un des représentants a déjà rencontré, à Istanbul puis à Khartoum, le chef de file islamiste Abdelhakim Belhadj, devrait être débattue à Alger, preuve que la diplomatie algérienne travaille toujours, sans tambour ni trompette, à réaliser la réconciliation inter-libyenne, dans le cadre du dialogue strictement inclusif. La remise en liberté de Seif al Islam, fils de Mouamar El Gueddafi et porte-parole présumé des Gueddadfa, rend nécessaire cette approche, tant pour l'UA que pour l'ONU, partant du principe que les partisans de l'ancien Guide connaissent mieux le pays que les actuels protagonistes comme Khalifa Haftar, en exil doré aux Etats-Unis, ou les chefs islamistes.
L'échec de Tunis peut en partie s'expliquer par le fait que ses organisateurs ont cherché à mettre la charrue avant les boeufs, avec ces amendements à l'accord de 2015 qui a donné naissance au Conseil présidentiel et au gouvernement d'union (GNA) que conduit Fayez al Serraj. Presque deux ans plus tard, Fayez al Serraj, même appuyé par les milices de Misrata, n'est pas parvenu à étendre son influence au-delà de la Tripolitaine, et encore! Certes, il peut prétendre avoir vaincu Daesh à Syrte, mais la communauté internationale attend autre chose de lui. Quant aux autorités de l'Est, les milices de Zintan ainsi que de nombreuses tribus, elles cachent à peine leur méfiance à son égard, sans toutefois partager les mêmes ambitions. Parfois, c'est avec des futilités, comme cette exigence de «propositions écrites» que les deux délégations à Tunis se sont envoyées à la figure, que le processus de «dialogue» est volontairement torpillé. Preuve qu'il reste un immense travail à accomplir pour transcender tous les obstacles.
La mission de l'ONU en Libye (Manul), un temps réfugiée à Tunis, a repris le chemin de Tripoli avec le sentiment qu'il «reste beaucoup à faire». Des promesses ont été faites, qui laissent entendre que les deux camps, l'ex-CGN et Tobrouk, vont poursuivre les «consultations internes». On sait ce que de telles promesses signifient. Pourtant, il y a eu, en septembre, un regain d'espoir après qu'une annonce ait été faite par le médiateur onusien concernant un «accord sur la formation d'un Conseil présidentiel de trois membres et d'un nouveau gouvernement».
L'urgence d'une solution en Libye est devenue impérative avec les derniers évènements en Syrie et en Irak qui signalent la fin du groupe autoproclamé Etat islamique et sa probable atomisation en groupuscules disséminés dans d'autres pays et peut-être sous d'autres formes. Le Sahel, une poudrière à ciel ouvert, avec la présence de conseillers militaires américains, français, italiens et autres, peut ainsi s'embraser au moment où on s'y attendra le moins.
A cette heure, le regard des Libyens est concentré sur les puits de pétrole et sur les terminaux qui ont constitué, voici quelques mois, l'objet d'une guerre larvée, notamment entre l'armée du maréchal Haftar et les milices de Zintan. Depuis l'été dernier, une accalmie précaire mais réelle permet à la compagnie libyenne National Oil Corporation (NOC) dirigée par Mustapha Sanalla de travailler dans une relative sérénité. Il a déploré en septembre la perte de 180 milliards de dollars à cause des attaques et des entraves successives que les factions ont porté aux installations, depuis 2011. Même en situation de guerre, les Libyens ont, semble-t-il, compris qu'ils n'ont pas intérêt à porter préjudice à l'unique moyen d'alimenter le Trésor national, faute de quoi c'est tout le pays qui sombrerait dans une immense tragédie. La NOC ainsi que la Banque centrale sont devenues par-là même un instrument de paix que tous les Libyens s'évertuent à préserver coûte que coûte...

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