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DAESH A REVENDIQUÉ L'ATTENTAT D'ISTANBUL SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

La diagonale du feu

Face à un contexte aggravé d'angoisse et de défiance, la population turque s'interroge de plus en plus sur la politique du président Erdogan qui a joué la carte de l'islamisme et plus ou moins directement nourri Daesh, avant de se retourner contre lui.

Alors que toutes les polices de Turquie sont en branle-bas de combat et continuent la traque du terroriste qui a tué 39 personnes et blessé 65 autres dans la discothèque Reina d'Istanbul, dans la nuit du samedi au dimanche marquée par les fêtes du Nouvel An grégorien, le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué hier cet attentat dont l'auteur est toujours en fuite. «Dans la continuité des saintes opérations menées par l'Etat islamique contre le protecteur de la Croix, la Turquie, un soldat héroïque du califat a frappé une des discothèques les plus connues où les chrétiens célèbrent leur fête apostate», proclame l'EI dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. C'est la première fois que Daesh revendique un attentat à Istanbul, mais de multiples attaques contre des cibles touristiques et des bâtiments officiels dans la métropole turque lui sont imputées par les autorités. Ainsi, l'attentat contre la gare centrale d'Istanbul, au début de l'année écoulée, avec plus de 130 morts, représente-t-il l'opération la plus meurtrière que Daesh ait opérée en Turquie.
Hier encore, la police antiterroriste a annoncé avoir arrêté huit suspects, dans le cadre de l'enquête sur l'attentat d'Istanbul, personnes aussitôt placées en garde à vue, mais elle n'a fourni aucun autre détail susceptible d'éclairer les conditions exactes de cette attaque. Ce sont là les toutes premières interpellations en lien direct avec l'attentat qui a ciblé Reina dont la revendication n'est pas passée, comme on s'y attendait, par Amaq, l'agence de propagande de l'Etat islamique. Parmi les victimes, pour la plupart originaires de pays arabes, on compte deux Jordaniens, trois Irakiens et trois Libanais, selon les autorités de ces pays respectifs. Une Franco-Tunisienne, une Canadienne et une jeune Arabe Israélienne en font également partie. Les familles des victimes étrangères ont été autorisées hier à récupérer les corps de leurs proches. Les détails de l'attentat sont de plus en plus cernés, et on sait que le tueur a tiré entre 120 et 180 balles en moins de sept minutes, avant de changer de tenue vestimentaire, d'abandonner l'arme, un fusil d'assaut, et de prendre la fuite. D'après le quotidien Hüerriyet, il pourrait s'agir d'un Kirghize ou d'un Ouzbek, des pays voisins de la Turquie mais pour la police qui a fait circuler une photographie du tueur, voilée en noir et blanc, récupérée grâce aux caméras de surveillance de l'établissement attaqué, il est encore trop tôt pour de telles affirmations, même si la piste de l'EI est fortement privilégiée. Le ministre de l'Intérieur, Süleyman Soylu, avait déclaré peu après l'attaque que d'intenses efforts seraient entrepris pour retrouver le tireur, tout en «espérant qu'il serait attrapé rapidement». Mais 48 heures plus tard, l'angoisse n'a pas baissé d'un cran car le même journal, Hürriyet, estime que «tant que ce terroriste ne sera pas arrêté, nous ne saurons pas où et quand un massacre pourrait avoir lieu». Et ce quotidien laisse entendre que le tueur appartiendrait peut-être à la cellule de Daesh qui a commis en juin dernier le triple attentat-suicide à l'aéroport Atatürk d'Istanbul, causant 47 morts, même si le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique s'est abstenu de le revendiquer. Face à un contexte aggravé d'angoisse et de défiance, la population turque s'interroge de plus en plus sur la politique du président Erdogan qui a joué la carte de l'islamisme et indirectement nourri Daesh avant de se retourner contre lui dans le cadre d'une coalition internationale qu'il accuse maintenant de pratiquer un double jeu. Autant d'inconséquences dont le résultat immédiat est une véritable montée des périls que la Turquie doit affronter, quasi quotidiennement, le pire n'étant pas forcément représenté par l'EI, mais par la conjonction des velléités kurdes qui se conjuguent sur les frontières syrienne et irakienne et à l'intérieur du pays. Seule la solution, qui permettrait de venir à bout du terrorisme dans les deux pays voisins et le respect de leur intégrité ainsi que de leur souveraineté pourrait assurer à Ankara une bouée de sauvetage. Au cas contraire, d'autres vagues de réfugiés viendront s'ajouter, dans les mois qui viennent, aux quelque quatre millions déjà présents dans les camps turcs et, parmi eux, Daesh aura forcément quelques bras armés pour semer encore la terreur. Telle est la diagonale du feu allumé par les puissances occidentales dans une région martyre où les richesses pétrolières auront surtout contribué à faire couler beaucoup de sang.

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