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Avant les législatives du 6 décembre au Venezuela

L’opposition se fracture et Maduro se frotte les mains

Dans tous les cas de figure, la question du destin politique de Juan Guaido se posera avec acuité dès janvier 2021, lors de la séance inaugurale de la nouvelle Assemblée où il n’aura plus de siège.

Voter? S'abstenir? Trois mois avant les élections législatives, l'opposition vénézuélienne se déchire sur l'opportunité d'aller ou non aux urnes, une fracture dont profite le président socialiste Nicolas Maduro, estiment des analystes. Jusqu'à la semaine dernière, la consigne était claire, unanime et reprise en choeur par une trentaine de partis d'opposition regroupés autour de leur chef de file Juan Guaido: hors de question de présenter des candidats aux législatives du 6 décembre, qualifiées à l'avance de «fraude». Mais tout a basculé en début de semaine avec le retour sur l'avant-scène de Henrique Capriles. Deux fois candidat malheureux aux présidentielles - en 2012 contre Hugo Chavez, puis après la mort de ce dernier l'année suivante, contre Nicolas Maduro - il garde un capital sympathie et une certaine aura auprès de l'opposition vénézuélienne. Sa parole pèse..
Son appel lancé mercredi dernier sur les réseaux sociaux de «jouer le jeu de la démocratie», plutôt que de se réfugier dans le boycott, a eu l'effet d'un coup de tonnerre dans les rangs de l'opposition qui se croyait unie derrière Juan Guaido, reconnu comme président par intérim par près de soixante pays. C'est même «le pire schisme au sein de l'opposition de ces vingt dernières années», avance Benigno Alarcon, politologue à l'université Andres-Bello de Caracas. Et le «grand gagnant» dans cette affaire, «c'est le gouvernement» de Nicolas Maduro, qualifié d'»usurpateur» à longueur de tweets par Juan Guaido et son premier cercle en raison de la présidentielle de 2018. Mais Henrique Capriles, qui s'était fait très discret ces dernières années, a aussi surfé sur un de ces «coups» aussi soudains que spectaculaires dont la vie politique vénézuélienne a le secret.
Lundi soir, le gouvernement a annoncé un geste de Nicolas Maduro «en faveur de la réconciliation nationale» avec l'«amnistie» de 110 opposants, dont bon nombre d'élus emprisonnés ou en exil. A la manoeuvre: Henrique Capriles et le député Stalin Gonzalez, jusque récemment très proche conseiller de Juan Guaido. Pris de court, Juan Guaido a dit n'avoir «pas connaissance» de ces négociations menées «à titre personnel» par Henrique Capriles et Stalin Gonzalez. C'est que le temps passe. L'abstention à laquelle Juan Guaido appelle part d'une erreur de jugement, «l'erreur de penser que tout le monde va continuer à reconnaître indéfiniment sa présidence par intérim», analyse Luis Vicente Leon, président de l'institut Datanalisis.
Nicolas Maduro a certes «démantelé l'opposition» en remplaçant les cadres de ses partis par voie judiciaire ou en frappant ses dirigeants d'inéligibilité, à l'instar de Capriles, rappelle le politologue Luis Salamanca. Mais présenter des candidats et appeler à voter le 6 décembre aurait le mérite d'«augmenter l'intensité du conflit contre le régime» en jouant le jeu électoral. La «pression politique» sur le pouvoir chaviste «est très faible. La pression populaire à son encontre est très faible. La seule pression qui s'exerce contre lui est financière», fait valoir Luis Salamanca.
Or, si une partie de l'opposition se décide finalement en faveur d'une participation, «il est fort probable qu'elle obtienne un tiers des sièges au Parlement» monocaméral, qui est entre ses mains depuis les dernières législatives de 2015, pense le politologue Jesus Castillo-Molleda. Avec une opposition parlementaire certes minoritaire mais bien vivace, «l'équilibre du pouvoir vénézuélien» serait alors différent. Ce jour-là, les députés devront élire leur président, fonction qu'occupe Juan Guaido depuis janvier 2019 et dont il s'est prévalu pour se proclamer président par intérim. Et sans le perchoir de l'hémicycle, ni même un siège de député, Juan Guaido sera condamné «à l'exil» et «à l'oubli», prédit Jesus Castillo-Molleda.

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