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EMOI DANS LE MONDE MUSULMAN APRÈS LE TRANSFERT DE L'AMBASSADE AMÉRICAINE

El Qods profanée

Le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, a dénoncé «un massacre» et le «terrorisme d'Etat», réagissant au lourd bilan des 52 morts palestiniens à Ghaza, lors de manifestations contre le transfert de l'ambassade US. «Je maudis Israël et ses forces de sécurité», a déclaré Cavusoglu.

Comme il s'y était engagé durant la campagne électorale qui s'est achevée par son élection, contre toute attente, à la Maison-Blanche, Donald Trump a mené à terme son intention puis sa décision de transférer l'ambassade des Etats-Unis à El Qods, malgré les protestations et les mises en garde de la communauté internationale alertée par ses violations flagrantes du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Hier, dans un Etat hébreu enfiévré par la nouvelle conquête qu'engendre cette décision brutale, l'armée sioniste a comme à son habitude fait usage de ses armes contre les manifestants palestiniens, tuant en une seule journée 52 d'entre eux et blessé plus de 1600, portant à 102 le nombre de victimes depuis début mars, au point de faire réagir durement l'ONG Amnesty International.
Partisans de la politique du fait accompli, Américains et Israéliens n'ont pas hésité à violer la ville sainte de l'islam en la décrétant partie intégrante de l'Etat hébreu et, non content de ce coup de poignard, le président américain s'est fendu d'un message pour la circonstance dans lequel il réaffirme que les Etats-Unis restent «pleinement» engagés dans la recherche d'un accord de paix durable entre Israéliens et Palestiniens. S'adressant aux participants sionistes à l'inauguration de l'ambassade américaine à El Qods, il proclame que son «plus grand espoir est celui de la paix. Les Etats-Unis restent pleinement engagés à faciliter un accord de paix durable», sous-entendu, pour ceux qui ne le comprennent pas, que la durée de cette paix des cimetières se fera sur les corps massacrés des Palestiniens.
En s'en prenant ainsi à la ville sainte de l'islam, si mal défendue et si mal gardée par ceux qui s'en prétendent les légitimes défenseurs, le président Trump inflige à l'ensemble de la communauté musulmane à travers le monde son plus cinglant outrage et, s'il «écrit l'histoire» comme le scande son mentor israélien Benjamin Netanyahu, c'est certainement l'histoire d'une nouvelle et sanglante tragédie que les peuples musulmans ne sont pas prêts d'oublier.
En écho à la déclaration du président Erdogann le porte-parole du gouvernement turc a ainsi estimé que les Etats-Unis partageaient la responsabilité du «massacre» à Ghaza où 41 Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne en manifestant contre le transfert de l'ambassade américaine à El Qods.» L'administration américaine est autant responsable qu'Israël de ce massacre», a écrit sur Twitter le porte-parole du gouvernement turc, Bekir Bozdag. «En transférant son ambassade à Jérusalem, l'administration américaine a sapé les chances d'un règlement pacifique et provoqué un incendie qui causera davantage de pertes humaines, des destructions et des catastrophes dans la région», a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, a pour sa part dénoncé un massacre» et le «terrorisme d'Etat» en réagissant au lourd bilan des morts palestiniens dans la bande de Ghaza. «Je maudis Israël et ses forces de sécurité», a-t-il ajouté.
Au lendemain de la décision annoncée en décembre par le président américain Donald Trump de transférer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à El Qods, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait pris la tête de la contestation dans tout le monde musulman, convoquant un sommet à Istanbul au cours duquel la principale organisation panislamique (OCI) avait réaffirmé que El Qods (Jérusalem-Est) est et restera la «capitale de l'Etat palestinien», par-delà l'occupation sioniste. C'est ce qu'a encore répété à Londres le chef de l'Etat turc qui semble seul à mesurer l'importance de la ville sainte pour l'ensemble des musulmans à travers le monde, raison pour laquelle il a souligné, avec force, que «les Etats-Unis ne sont plus en mesure de prétendre jouer aux médiateurs» depuis la mesure unilatérale de Trump qui a ajouté du sang au transfert de l'ambassade américaine.
La Ligue arabe a, quant à elle, annoncé une «réunion d'urgence» demain, au Caire, pour discuter du transfert par les Etats-Unis de leur ambassade à El Qods, qualifié par le secrétaire général de l'organisation panarabe de «violation claire du droit international». Cette réunion répond en fait «à la demande de l'Etat de Palestine» pour débattre «des moyens de faire face à la décision illégale des Etats-Unis», et c'est ce qu'a tenu à indiquer Saïd Abou Ali, secrétaire général adjoint pour les Affaires palestinienne de la Ligue arabe. On peut d'ores et déjà se demander quel rôle vont jouer les Etats du Conseil de coopération du Golfe, emmenés par l'Arabie saoudite dont les liens avec Israël ne relèvent plus du mystère, depuis plusieurs mois, compte tenu des conditions très onéreuses posées par Trump et son entourage (familial) pour lui fournir «un parapluie contre la menace iranienne».
Réagissant à l'annonce de cette réunion, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abou Gheit a sobrement qualifié la décision américaine de «violation claire et sérieuse du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité». Il est «honteux de voir des pays participer avec les Etats-Unis et Israël aux célébrations pour le transfert de l'ambassade» américaine, a-t-il tenu à souligner. De bien plus loin et bien plus fort, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a indiqué combien il se sent «particulièrement inquiet» de la situation à Ghaza où au moins 37 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens. «Nous voyons une multiplication des conflits, les vieux conflits semblent ne jamais mourir - je suis particulièrement inquiet aujourd'hui au vu des nouvelles de ce qui se passe à Ghaza, avec un nombre élevé de personnes tuées», a déclaré M. Guterres, à la presse à Vienne, avant de défendre, une nouvelle fois, la préservation de l'accord sur le nucléaire iranien, abandonné par les Etats-Unis mais «très important pour éviter la prolifération» des armes nucléaires. Un accord déchiré par Trump à la grande satisfaction de certaines capitales du Golfe et d'Israël, bien sûr. En France, le MAE Jean-Yves Le Drian a appelé «l'ensemble des acteurs» à prévenir «un nouvel embrasement» tandis que le Koweit envisage de réclamer une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU alors que des dizaines de milliers de Palestiniens sont désormais mobilisés sur la frontière entre l'Etat sioniste et Ghaza, au péril de leur vie, pour dire leur refus du diktat américain.
Et tandis que Londres et Bruxelles invitent à la «retenue», la Russie a mis en garde, une nouvelle fois, contre «les conséquences de ce transfert de l'ambassade américaine» à El Qods qui ne sert qu'à «faire augmenter les tensions».

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