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LE MEETING DE FILLON A RASSEMBLÉ HIER PLUSIEURS MILLIERS DE PARTISANS

Drôle de campagne

Situation ubuesque que cette campagne focalisée sur les déboires du candidat Fillon alors que les autres candidats de la gauche, du PS, d'En Marche et du Front national peinent à rendre leur voix audible et à imposer le débat sur leurs programmes respectifs.

Le candidat de la droite à la présidentielle française, François Fillon, espérait bien faire, hier, du rassemblement de ses partisans à Paris une démonstration de force, à la fois face à l'appareil judiciaire, auquel il reproche un agenda politique d'instruction des emplois fictifs qui lui sont reprochés, et face aux ténors de son parti qui multiplient les pressions depuis plusieurs jours pour le contraindre à jeter l'éponge.
Bras de fer ou bras d'honneur? Avec quelques dizaines de milliers de militants venus de toutes les régions et rassemblés sous une pluie battante, ce «grand rassemblement populaire» organisé non loin de la Tour Eiffel, devait être l'une des dernières cartouches tirées par François Fillon pour tenter de s'extraire de la nasse et répliquer à un «assassinat politique» dont il accuse l'administration. Tour à tour, son trésorier de campagne, son porte-parole et son principal lieutenant ont sonné l'urgence d'un retrait contraint et forcé. Il faut dire que les sondages donnant Fillon éliminé dès le premier tour, devancé par la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen et Emmanuel Macron, ancien ministre du président socialiste François Hollande, repositionné au centre, ont nourri crescendo les inquiétudes du parti Les Républicains, conduisant quelque 260 élus à lui retirer leur soutien et provoquant, chose inimaginable voici seulement quelques jours, une rencontre entre Alain Juppé, la «sortie de secours», et Nicolas Sarkozy pas plus tard qu'hier.
C'est sous les cris «Fillon, tiens bon! On va gagner» que plusieurs milliers de manifestants ont envahi, sous une pluie battante, la place du Trocadéro pour un rendez-vous décisif qui va déterminer, dans les heures qui viennent, l'avenir du candidat controversé autour duquel les ténors étaient fort peu nombreux. L'initiative d'un groupe de «frondeurs» conduits par Xavier Bertrand et Valéry Pécresse, très critiques avec quelques autres ténors du parti était sans doute dans les esprits, alors que l'instance dirigeante a convoqué une réunion d'urgence pour prendre une décision sur la suite des évènements.
Ce baroud d'honneur intervient le jour même où l'épouse du candidat, Pénélope Fillon, rompt son mutisme dans Le journal du Dimanche (JDD) avec une confession aussi pathétique que tardive. Curieux timing, quand même, qui voit cet entretien et ce rassemblement du Trocadéro concourir pour relancer une candidature bien mal en point. Même dans l'hypothèse où «le peuple de la droite et du centre» se serait massivement mobilisé pour sauver le soldat Fillon, quelle marge de manoeuvre reste à cette candidature dont presque tous les dirigeants du Parti ne veulent plus entendre parler, conscients que la bataille est perdue d'avance et que leur sort pourrait s'en ressentir fortement lors des législatives? Et si Alain Juppé obtient le sacre moyennant les deux conditions préalables, quel programme va-t-il défendre durant la campagne, le sien désavoué par la primaire ou celui de son rival consacré? Situation ubuesque que cette campagne focalisée sur les déboires du candidat Fillon alors que les autres candidats de la gauche, du PS, d'En Marche et du Front national peinent à rendre leur voix audible et à imposer le débat sur leurs programmes respectifs. La campagne telle qu'elle se déroule aujourd'hui tient beaucoup du bunker. Bunker à droite toute, Marine Le Pen ayant vu son immunité parlementaire levée par le Parlement de Strasbourg pour cause...d'emplois fictifs. Bunker chez Les Républicains où les batailles fratricides sanctionnent les dérives morales d'un candidat sorti champion de la primaire grâce à ses engagements, vite contredits par ses pratiques révélées au grand jour dans le Canard enchaîné. Bunker au sein de la gauche, divisée entre un candidat du PS, Benoît Hamon, tirant à hue et à dia pour remettre son parti dans le sillon traditionnel au grand dam de l'aile libérale conduite par Valls et consorts, et un Jean-Luc Mélenchon, tête chercheuse de la «France insoumise» qui refuse de se laisser abuser par les hollandais comme lors des précédentes élections et qui veut garder son programme de la gauche réelle. Et Macron, direz-vous, dans tout cela? Taxé de cheval de Troie de François Hollande, le candidat météore genre «ni droite ni gauche» talonne Marine Le Pen, selon les sondages, et l'emporterait au second tour, à plus de 60%. Mais on n'en est pas encore là et bien des surprises peuvent encore pleuvoir durant cette campagne à nulle autre pareille. Au Trocadéro, hier soir, Fillon en a appelé au soutien de la famille politique, malgré le fait qu'il «s'interroge sur ceux qui doutent et qui finissent par quitter le navire» et qu'il déplore cette «désertion assumée sans honte mais aussi sans orgueil». Dénonçant un «mauvais feuilleton dans lequel «la France a disparu», il a donc recommandé un examen de conscience pour ressouder les rangs et éviter une fracture dont le parti est menacé. Rappelant les épreuves vécues pendant deux mois, faite d'injonctions, de caricatures et parfois d'invectives, il a livré un réquisitoire sévère contre le quinquennat Hollande et la candidature de Macron, mais n'a pas dit un traître mot sur la candidate du FN. Il est vrai que les organisateurs de ce rassemblement du Trocadéro sont des adeptes de Marine Le Pen! Enfin, prenant en compte les critiques de ses envolées précédentes contre les juges et l'appareil judiciaire jusque dans son camp, Fillon a évité soigneusement d'évoquer le rôle du parquet national financier qui instruit l'affaire des emplois fictifs présumés de son épouse et de ses deux enfants, s'attardant sur ses «erreurs» et sa «bonne foi» plutôt que sur sa prochaine mise en examen. Plusieurs contradictions ont ainsi émaillé son discours durant une demi-heure, dont nous retiendrons un cri du coeur à l'adresse des milliers de supporters auquel il demandait s'ils pensent réellement qu'il a «nourri l'ambition d'accéder à la présidence depuis longtemps», avant de confesser, quelques paragraphes plus tard, que «pendant toutes ces années où j'ai préparé ma candidature», un tel scénario ne lui était jamais venu à l'esprit. Et pourtant, la démonstration de force qu'il a souhaitée et tenue suffira-t-elle à contenter les nombreux élus et les ténors des Républicains, plus que jamais convaincus de la nécessité de son retrait? La réponse viendra vite, dans les tout prochains jours, peut-être même dans les prochaines heures...

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