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AVANT MÊME LE 2E TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE, LA FRANCE VIT AU RYTHME DES LÉGISLATIVES

A l'heure du grand débat, demandez le programme

De ce point de vue, il va de soi que le candidat d'En Marche mérite d'être soutenu sans aucune réserve, au-delà des a priori et des griefs qui peuvent être faits à tel ou tel aspect de son programme, tant il y va de la sauvegarde des intérêts de notre communauté.

Plus que quatre jours de campagne avec un moment fort, demain soir, sur quelques chaînes de télévision qui transmettront le débat entre les candidats du deuxième tour de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Les commentaires aigre-doux sur la volte-face de Nicolas Dupont-Aignan qui a opté pour un ticket gagnant aux côtés du FN ont rejoint ceux des nombreux soutiens du chef du mouvement En Marche, très critiques envers Jean-Luc Mélenchon qui refuse toujours d'appeler à voter Macron, même s'il a mis en garde contre «la terrible erreur» qui consisterait à choisir le bulletin Marine Le Pen. Le revirement stupéfiant de Dupont-Aignan qui, jusqu'à samedi dernier, excluait catégoriquement, d'un ton indigné, toute entente avec le FN, mettant en avant son ancrage «historique» avec le gaullisme, depuis qu'il adhérait au RPR, conjugué au suspense entretenu sciemment par les dirigeants de la France insoumise dont les consignes sont apparues lors des manifestations lycéennes de jeudi dernier, avec des slogans tels que «Ni patrie ni patron, Ni Le Pen ni Macron», voilà les signes évidents des calculs et des projections de chaque camp, tous les regards étant, par avance, braqués sur les élections législatives du 11 juin prochain.Fruit d'une douteuse transaction politico-commerciale, le deal Le Pen-Dupont-Aignan relance le débat sur la nature extrémiste du FN, au moment où Macron comme Le Pen rivalisent de présence opportune dans les cimetières, les commémorations et l'hommage aux disparus, même si chacun a ses propres martyrs. De ce point de vue, il va de soi que le candidat d'En Marche mérite d'être soutenu sans aucune réserve, au-delà des a priori et des griefs qui peuvent être faits à tel ou tel aspect de son programme tant il y va de la sauvegarde des intérêts de notre communauté. Une raison nécessaire et suffisante pour qu'on puisse déplorer les réserves incompréhensibles de Jean-Luc Mélenchon, trop pressé de mettre ses troupes en ordre de bataille pour les législatives alors que le feu menace en la demeure.C'est dire combien les calculs politiciens, ô combien réducteurs, ont prévalu au sein de la gauche radicale, comme on a pu le constater à la faveur des manifestations du 1er mai, là aussi en ordre dispersé selon qu'on marchait avec la CGT ou la CFDT. Toujours est-il que la grande majorité des «figures» de la gauche, du centre et de la droite s'est rangée sagement derrière la bannière d'Emmanuel Macron, à l'instar d'une centaine d'associations nationales et d'ONG, de présidents d'universités et grandes écoles et de responsables des organismes de recherche comme l'Inserm et le CNRS. Des indices qui ne laissent place à aucun doute sur l'issue du scrutin, dimanche prochain, même s'il est de bon ton d'entretenir un suspense et une espèce de doute inquiétant grâce auquel la différence sera d'autant plus marquée. Il suffit pour s'en rendre compte de rendre visite au blog d'Alain Juppé, candidat malheureux à la primaire des Républicains puis un temps appelé en guise de plan B au plus fort de la crise des emplois fictifs qui a plombé l'élan de François Fillon. Le maire de Bordeaux a mis l'accent sur la gravité de l'enjeu, lançant un cri d'alarme en avertissant que la victoire du FN serait un «séisme politique» doublé d'»un désastre économique» pour la France. Pour y parer, estime Juppé, ni le vote blanc ni l'abstention ne peuvent être envisagés bien au contraire, un vote sans faux-fuyant ni réserve hypocrite doit bénéficier au candidat Macron. Une attitude qui a l'immense mérite de la clarté, un peu comme celle de plusieurs autres dirigeants de la droite comme Jean-Pierre Raffarin ou le centriste Jean-Louis Borloo. La faible marge qui sépare les deux candidats sortis vainqueurs du premier tour leur impose une stratégie de campagne à peu près similaire, consistant à dragueur les électeurs de droite comme de gauche, dans une France traumatisée par la désindustrialisation et le chômage endémique. Aussi, Marine Le Pen s'emploie-t-elle depuis des semaines à accréditer la thèse qu'elle serait la candidate «du peuple et des ouvriers», une autre façon de poursuivre le travail de dédiabolisation du Front national. Mais c'est compter sans Jean-Marie Le Pen qui se fait un malin plaisir de semer des cailloux, parfois tranchants, sur le chemin de croix emprunté par sa fille. Face à elle, Emmanuel Macron tire, c'est le cas de le dire, à boulets rouges sur sa rivale traitée de «fraîchement convertie» à la soupe populaire. Le peuple, dit-il, «elle s'en moque» car son seul but est de «l'utiliser» électoralement, «ce qui est le propre des vrais démagogues». Hier, ils étaient l'un comme l'autre en campagne avec un meeting à Paris et dans sa banlieue, afin de tenter une ultime pêche aux voix des indécis et des partisans des neuf candidats éliminés au premier tour. La candidate du FN vise tout particulièrement les partisans de la France insoumise (19,6%) de Jean-Luc Mélenchon car c'est là qu'elle peut éventuellement parvenir à une réduction de l'écart avec Emmanuel Macron, tel qu'il est encore énoncé par les sondages (59% contre 41%).A vingt-quatre heures du débat qui creusera ou nivellera cet écart de façon inéluctable, Macron et Le Pen affûtent leurs armes tant ils se savent fortement attendus sur l'essentiel de leur candidature: leur programme. Le centriste Macron doit s'employer à rassurer le milieu ouvrier qui se méfie beaucoup de son parcours néolibéral et de son passé dans le monde de la haute finance, jusqu'à lui faire le procès d'un projet Hollande bis. S'il ne donne pas sans tarder des gages à cette frange d'insoumis, il risque fort de laisser quelques plumes dimanche soir pour peu que le taux d'abstention remonte à son niveau des scrutins antérieurs.Quant à Marine Le Pen, son verbe mielleux sur sa soudaine prise de conscience des «attentes» de la France ouvrière ne va duper personne, pas plus que son rétro- pédalage sur la sortie de l'Union européenne qui risque, de surcroît, de fâcher bon nombre de ses inconditionnels.

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