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Abdelghani Benamara, expert maritime, à L’Expression

«La souveraineté des ports est une ligne rouge»

Abdelghani Benamara est un expert des questions maritimes, fret et yachting. Il est également patron de la société «Marina System Equipements MSE Algérie». Il nous livre ses analyses et sa vision concernant la gestion des ports et des projections à effectuer, afin d'arrimer les ports aux standards internationaux et leur permettre de suivre la cadence des objectifs des hautes autorités du pays, notamment pour ce qui est de l'accentuation du volume des exportations et l'optimisation des enceintes portuaires. Il aborde également les questions de l'autorité des ports, le management en concessions des enceintes portuaires et d'autres aspects, non moins importants. En voici la teneur.

L'Expression: Les ports du pays restent en décalage avec les défis qui se dressent devant le pays et les objectifs économiques et commerciaux de l'Algérie. Comment voyez-vous cette stratégie de réhabilitation des ports algériens et leur modernisation?
Abdelghani Benamara: En fait, dans le cadre de la modernisation des ports, de leurs futurs aménagements et leurs réhabilitations, il faut absolument intégrer les facteurs clés de la performance de la chaîne logistique portuaire. Les ports jouent donc un rôle primordial dans le commerce international, ainsi que dans la compétitivité, la productivité et la performance d'un pays. L'Algérie dispose de ports de commerce avec une façade maritime considérable et de surcroît, un positionnement géographique stratégique. C'est pourquoi pour les plus hautes autorités du pays, nous devons repenser la notion des «ports du futur» qui doit être la nouvelle vision stratégique de toutes les parties prenantes portuaires, afin d'optimiser les chaînes logistiques internationales et d'augmenter la rentabilité des régions et des territoires.

Comment atteindre justement cette performance et quelles en sont les clés?
Dans ce contexte de la performance portuaire, dans le sens large du terme, il nous vient l'idée de cette problématique qui traite les déterminants, qui influencent la performance des ports. Quels sont donc les principaux facteurs qui influencent sur cette performance portuaire?
On peut aborder plusieurs aspects, dans ce cas de figure. Néanmoins, je me focaliserais sur deux ou trois aspects ou concepts, vitaux et importants à mon sens. Il y a le concept des «ports du futur» à étudier de près, afin de favoriser les facteurs clés pour une performance de la chaîne logistique portuaire optimale dans la réhabilitation et l'aménagement de nos ports.
Il y a aussi le concept du «port multimodal», qui permet d'optimiser les fonctions et l'organisation de l'enceinte ou de l'espace portuaire. Les ports dotés d'infrastructures adéquates, permettent une meilleure connectivité aux chaînes logistiques mondiales. En termes de mulitimodalité, on entend «rail-route-mer».

Nos ports ne sont pas aménagés en termes de grands tirants d'eau qui permettent de multiplier les volumes des échanges et suppriment les escales via des ports concurrents. Qu'avez-vous à dire à ce sujet?
Effectivement, il faut des grands tirants d'eau pour accueillir de plus gros navires et augmenter, ce faisant, la capacité d'accueil pour les navires porte-conteneurs. Cela nous permettra d'éliminer la concurrence des ports limitrophes et de multiplier par deux, trois et davantage si les moyens nécessaires et indispensables sont mis à profit. Dans ce contexte, il est important, à mon avis, de réfléchir à favoriser davantage la conteneurisation.

Comment évaluez-vous l'entrée en action des deux concessionnaires étrangers dans les ports d'Alger, Djen Djen et Béjaïa quelques années après?
Tout d'abord, avant toute démarche, il faut s'assurer de la nationalité des concessionnaires, quel est leur apport en technologies et modes de gestion... Quelle est leur «Add value» et leur expérience, etc. Il y va de la souveraineté et de la sécurité de notre pays. Il faut savoir que le port, ce sont les approvisionnements en temps de crise et même en accalmie, des entrées et sorties de marchandises de divers types et sensibilités, des données sensibles, etc.
En fait, la question qu'il faut se poser dans ce registre, c'est quel est le retour d'expérience de ce partenariat dont j'avais mes express réserves? L'Algérie a-t-elle médité l'expérience DP World pour le port d'Alger? Quelle a été l'évaluation de ce partenariat?

Si je comprends bien, les ports ne doivent pas être donnés en concession?
La souveraineté des ports est une ligne rouge. Le régime d'administration des ports en Europe est conçu en concession uniquement aux opérateurs nationaux. La Constitution, dans la plupart des pays occidentaux attribue à l'État la compétence exclusive sur les ports «d'intérêt général». Elle laisse aux communautés autonomes, autorités portuaires, etc. la possibilité d'assumer les compétences de gestion.
Le concept des «ports de l'État» sont, en vérité, des ports «d'intérêt général» qui figurent et sont inscrits dans la loi des pays, qui ne sont pas des modèles socialistes ou soviétiques. C'est le protectionnisme de l'État, tout simplement, qui administre les infrastructures stratégiques et sensibles. En conclusion, je pense qu'il faut privilégier la concession en national.
Cependant, on peut réaliser des concessions, à titre exceptionnel, avec des pays dont les intérêts communs et stratégiques convergent avec nos objectifs...tout en préservant les données sensibles et s'imprégner de la valeur ajoutée dudit partenaire étranger, pour renforcer le taux d'intégration, en termes d'apports en technologie, formation, mise à niveau, etc.

Pour ce qui est de l'autorité de régulation des ports, pensez-vous qu'elle sera en mesure d'apporter un plus au management fonctionnel et organisationnel des enceintes?
Oui, absolument. L'autorité de régulation des ports est importante dans la mesure où elle prendra en charge les aspects logistiques, la gestion des ports, l'accompagnement des opérateurs, etc.
Elle aura à prendre en charge les différentes opérations de gestion, telles que l'accostage et le débarquement des bateaux, la facilitation des opérations d'exportation et l'accompagnement des opérateurs et le transport de leurs produits à destination des marchés mondiaux. L'autorité est également censée optimiser la capacité d'accueil des ports, afin de réduire les délais d'attentes et les surestaries, etc.

Comment procéder, à votre avis, pour intégrer nos ports dans les flux commerciaux et économiques mondiaux et éviter des transits via des ports concurrents?
Pour ce qui est du mode de fonctionnement et d'organisation, il faut retenir cinq critères, à savoir des activités commerciales internationales s'y déroulent; leur zone d'influence commerciale déborde le territoire de la communauté autonome dont ils relèvent; ils servent des établissements stratégiquement importants pour l'économie nationale; le volume annuel et les caractéristiques de leurs activités sont importants ou correspondent à des éléments essentiels de l'activité économique nationale; ils constituent des éléments essentiels pour la sécurité du trafic maritime.
Ce sont là des éléments déterminants. Il y a aussi un autre aspect important, sans un Pavillon national (compagnie de navigation), fort et dynamique... la souveraineté et la sécurité alimentaire de notre pays reste incomplète et non garantie...

Pensez-vous que le port de Hamdania va apporter un plus dans l'architecture des enceintes portuaires du pays?
Le projet du port de Hamdania «eau profonde» est stratégique pour notre pays, mais dans des conditions de partenariat et de concession «win-win» tout en protégeant notre souveraineté et notre sécurité. Ce sont des aspects importants.

Comment les ports pourront-ils suivre la cadence des objectifs des exportations?
Tout d'abord, il faut créer des infrastructures «port du futur « et des «zones logistiques multimodales» à proximité; adapter les infrastructures aux types des produits exportés, tel l'exemple des entrepôts dédiés (entrepôts frigorifiques pour nos produits agricoles), etc...; la digitalisation des procédures à l'export, la formation du personnel en management des ports et une intégration plus poussée dans le système logistique mondial.

Vous avez récemment mis à flot des plates-formes flottantes au lieudit l'Arc à Boumerdès. C'est quoi au juste? Et à quel titre cette opération a-t-elle été montée?
Ce sont des quais flottants qui ont de multiples applications et usages dans le maritime. Ils servent à l'accostage pour embarcations de pêche et de plaisance, bassins aquaculture, barrages, tourisme (piscines flottantes), aménagement des bassins «Pêcherie d'Alger
«et «les Sablettes», ou à Tipaza Corne d'or, hôtels plages, etc.
L'opération de Boumerdès est une démonstration, à l'occasion de la visite des ministres de la Pêche et celui des Transports... Ainsi que Mme le wali de Boumerdès pour les abris de pêche et plages d'échouage. 

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