L'Expression

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Ah, ce très beau passé!

On peut annoncer, d´emblée, que cela faisait quelques «Ramadhans» que l´on n´avait pas eu l´occasion d´assister à un morceau d´anthologie en matière de justice rendue. Ce mercredi du 21 Ramadhan 1428, soit 17 ans en arrière...

Il y avait dans la salle d´audience du tribunal d'Hussein Dey (cour d´Alger) cette sacrée jeune juge du pénal, Nadia Amir ouche, qui remplace l´autre non moins sacrée juge du siège, Bahia Allalou, en congé ce mercredi. Et qui dit Amirouche, dit compétence, rigueur, honnêteté, sévérité, et surtout attention soutenue. Devant l´état alarmant de madame à terme, un agent de sécurité se rue... En face, pour défendre un agent de sécurité poursuivi pour coups et blessures volontaires à l´encontre d´un agent préposé dans un établissement de soins premiers, qui brandit un certificat médical de vingt jours «tout rond», il y avait ce monstre doux du barreau d´Alger: Me Bouchachi, pas Rachid, Mustapha. Ce face-à-face sera à l´avantage du plaideur qui aura été probablement un des profs d'Amirouche, laquelle n´est jamais malléable devant des ratés de plaidoiries qui passent à côté. Il est vrai que l´avocat d'Abdelkrim Khattabi, avait su planter quelques banderilles de droit, mais aussi de contournements des effets d´un délit dévastateur, car il s´est agi d´une agression d´un employé dans l´exercice de ses fonctions au sein même de l´établissement de soins. Plus grave, alarmé par l´état de son épouse à terme, l´inculpé, l´agent de sécurité n´avait même pas eu le temps d´ôter son uniforme. Ce qui constitue en soi des circonstances aggravantes. Or, Me Bouchachi va tout tenter pour renverser la vapeur, i-e, en faire des circonstances atténuantes. «Oui, Mme la présidente. En se précipitant en uniforme, vociférant devant cette infirmière occupée à courir pour une parente - Ce qui constitue un scandale - l´inculpé venait de faire l´objet d´une première provocation», s´est naturellement, écrié le conseil devant une Amirouche bizarrement tolérante, elle, qui n´a jamais permis à un quelconque plaideur de sortir des sentiers battus. Et ce n´était pas fini. Passant à la vitesse supérieure, le défenseur s´en est allé droit sur des explications qu'Amirouche suivait avec une attention propre à...Nadia, la juge. «Ce qui est malheureux dans ce dossier, c´est qu´il y a eu, certes, des coups et blessures volontaires, mais le ministère public, avec sa terrible opportunité des poursuites, n´a pas estimé nécessaire de retenir la ré-ci-pro-ci-té.» «Oui, Mme la présidente. C´est quoi en fait que cette affaire? C´est un morceau de mauvais choix du comportement quotidien dans nos administrations. Voilà un jeune futur papa qui arrive avec son épouse à terme à onze heures. Trois heures plus tard, les patients défilaient grâce aux interventions. Le sang a fait un quart de tour dans les veines de l´agent de sécurité qui voyait sa femme au bord de l´agonie. Et ce qui s´est passé, la justice le sait. Tous les jours, vous avez affaire à de la provocation qui mène à la rixe.»
La juge Amirouche, elle, suivait presque religieusement la plaidoirie qui a vu l'élégant avocat poser la problématique «´une victime d´injustice en inculpé en détention préventive depuis le 29 août 2008». «Le comble, c´est lorsqu´il était en garde à vue, que le joli poupon est né par...césarienne. C´est inadmissible, Mme, car une intervention chirurgicale n´est pas un jeu d´enfant!» s'était aussi écrié l´avocat qui n´a pas voulu demander la relaxe (oh! non, jamais), mais les circonstances atténuantes, car le détenu a aussi un certificat médical à la suite de coups de pied reçus en pleine poitrine. L´émotion aidant, l´assistance où l´on avait remarqué la présence du bâtonnier Mustapha-Farouk Ksentini, de Me Fadhila Attaïlia-Belahcène, Me Garmia Féria, Me Saïd Hamed, Me Messaoud Chedri et autre Me Tahar Boukhari, était comme paralysée. Et l´article 264 (lire en colonne ci-contre) une fois utilisé, voit certains magistrats y aller avec le dos de la cuillère. Durant le délibéré, Me Bouchachi a dû espérer du fond de ses méninges que la juge ne passe pas trop de temps à examiner les photos qui démontrent, sans aucun doute, que la victime, affreusement amochée, a dû recevoir de ce véritable inculpé mastodonte, une raclée dont ielle se souviendra toute sa vie. En outre, il y a ces vingt et un jours d´incapacité (certains mauvais esprits tordus parlent de solidarité entre gens de la santé et surtout que la rixe - à supposer qu´il y en ait une, puisqu' aucun être humain normalement constitué, ne croira une seule seconde qu´une victime qui reçoit des coups, ne puisse répondre, ne serait-ce qu´en se défendant, des coups peuvent toucher l´adversaire agresseur. Bref, passons. Lorsqu´il apprit le verdict -deux mois ferme- Me Mustapha Bouchachi a eu cette réflexion: «Cette bonne juge aurait pu éviter le 264, et aller vers l´excuse de provocation.» Mais bon, a dû se dire le membre du conseil de l´Ordre de la capitale. Et mieux pour l´avocat: «C´est tout de même une bonne décision au vu des photos présentées au dossier.» Le détenu, lui, avait reçu le verdict comme un gnon, comme il en avait donné à la victime. Voilà où atterrit un futur papa d´un beau bébé qu´il n´avait pas encore vu à la naissance par «césarienne», comme l´avait déploré Me Mustapha Bouchachi, au cours de sa plaidoirie, une plaidoirie qui a fait souffrir la victime, et Naïma Dahmani, la charmante parquetière, et légèrement égayé la présidente, somme toute égale à elle-même, une très bonne magistrate de...Ramadhan.

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