L'Expression

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SOMMET KIM-TRUMP

Une victoire nord-coréenne!

Une étonnante accélération des évènements a marqué la crise de la péninsule coréenne cette semaine. Un retournement de situation improbable il y a seulement quelques semaines, surtout après que la prise de «bec» entre les deux hommes «forts» des Etats-Unis et de la Corée du Nord a mis la région au bord de l'abîme. Or, voilà que, coup sur coup, est annoncée une rencontre au sommet entre les frères ennemis coréens fin avril, et celle plus inconcevable - ce n'est pas le moindre - qui réunirait [de fait qui «pourrait réunir» si l'on excipe de l'inconstance du président états-unien] à la fin du mois de mai, le président des Etats-Unis, Donald Trump avec le leader nord-coréen Kim Jong Un, à l'invitation de ce dernier. Venu à Washington, mercredi dernier, pour informer le président Trump des résultats de la rencontre intercoréenne de Pyongyang, le Sud-Coréen, Chung Eui-yong, conseiller national à la sécurité, a annoncé jeudi soir que le président des Etats-Unis avait accepté l'invitation du leader nord-coréen. Impensable se sont récriés d'aucuns. En fait, cette évolution inattendue - dans le bon sens, faut-il le souligner - a pris de court et à contre-pied analystes et observateurs. D'aucuns de fait se demandaient comment cela a-t-il pu être possible. La magie des Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang en Corée du Sud? La nouvelle sérénité dont font montrent les Nord-Coréens? La volonté du président sud-coréen Moon Jae-In, de trouver un terrain d'entente avec le Nord? Il y a un peu de tout ça et un peu plus et l'alchimie semble prendre. De fait, cette modification à tout le moins incroyable de l'approche de la crise entre les deux Corées d'une part, la Corée du Nord et les Etats-Unis, d'autre part est essentiellement due à un homme «Kim Jong Un». Une personnalité que le président Trump n'a pas hésité à brocarder sous le vocable peu amène de «petit homme fusée» au plus fort de la polémique ayant opposé les deux dirigeants en décembre dernier. Or, en deux mois, il y eut une décantation exceptionnelle du contentieux intercoréen. Il a suffi pour cela que les Coréens du Nord et du Sud se parlent - directement - entre eux, contre l'avis et la volonté de Washington - qui diabolisait à dessein le dirigeant nord-coréen - pour que les barrières de l'incompréhension tombent, que les yeux se dessillent. Les Coréens ont ainsi pu constater qu'ils pouvaient se parler, se comprendre et, pourquoi pas, aplanir les problèmes qui les opposent. De fait, les émissaires sud-coréens - qui se sont déplacés à Pyongyang - étaient sous le charme du leader nord-coréen, qui les a accueillis chaleureusement, et de son ouverture d'esprit. D'ailleurs, c'est cette disponibilité au dialogue qui a surpris aux Etats-Unis, comme l'indiquait vendredi, le chef de la diplomatie, Rex Tillerson, qui assura: «Ce qui a changé c'est sa position et d'une manière assez spectaculaire. Et très honnêtement, ça a été un peu une surprise pour nous qu'il soit aussi ouvert dans ses discussions avec la délégation sud-coréenne.» En fait, ce n'est pas Kim Jong Un qui a changé - selon ses déclarations, le leader nord-coréen maintient ses objectifs primordiaux qui restent la garantie de la sécurité pour son pays - ce qui a changé est le fait que l'on a pu enfin entendre ce que dit l'autre partie. Si les Etats-Unis ont compris, par cette évolution, que la Corée du Nord renoncerait - ou serait prête à renoncer - à sa dissuasion nucléaire, il font alors fausse route. Du moins, un tel renoncement a son prix à payer. C'est ce qu'a assuré Kim Jong Un, il veut sa réciprocité: l'abandon par les puissances nucléaires de leur propre armement atomique. C'est essentiellement de cela que les Nord-Coréens veulent discuter et sont ouverts à un tel dialogue. Il est évident qu'ils ne discuteront pas d'un désarmement ou d'une dénucléarisation de la Corée du Nord à sens unique. L'autre face de ce retournement de situation, est que, désormais (les «grands» le veuillent ou non) la diplomatie internationale doit tenir compte d'un pays qui s'est imposé comme puissance nucléaire. C'est de fait le noeud gordien de l'affaire: si maintenant les Etats-Unis daignent prendre langue avec la Corée du Nord, si le président Trump accepte de rencontrer son homologue nord-coréen [ce que aucun de ses prédécesseurs n'a accepté] c'est bien parce qu'ils ont en face d'eux un égal: on ne respecte que ceux qui ont des arguments tonnants. Le changement c'est celui-là: la Corée du Nord est de facto membre du club (fermé) des puissances nucléaires. Il y a peu, Trump exigeait la dénucléarisation de la Corée du Nord avant toute discussion. Or, voici que Trump accepte l'invitation de Kim, sans évoquer son préalable. En fait, cela est d'abord une victoire de Kim Jong Un qui s'est montré fin diplomate sans pour autant renoncer aux exigences de sécurité pour son pays. A partir de là, il est patent qu'il y a de la place pour de vraies négociations, gagnant-gagnant, avec pour finalité la paix et la sécurité pour tous!

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