L'Expression

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Un continent malade de la longévité de ses dirigeants

A l'ouverture du 24e Sommet de l'Union africaine (U.A) consacré, pour l'essentiel, à la lutte contre le terrorisme et singulièrement le «phénomène» nigérian Boko Haram, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, tout en appelant l'Afrique à unir ses forces contre le terrorisme, a toutefois «recadré» ses dirigeants, leur demandant de ne pas «s'accrocher» au pouvoir. La conjoncture s'y prêtait en fait au moment où l'Afrique adressait depuis Addis-Abeba un mauvais signal au monde en plaçant à la présidence de l'UA, le nonagénaire président du Zimbabwe, Robert Mugabe (91 ans). Mauvais message, au moment où la classe politique dans le monde s'est nettement rajeunie alors que de nombreux pays africains ont des velléités de remise en cause de l'alternance au pouvoir en rétablissant, ou en tentant de rétablir, des mandats sans limite à la tête de l'Etat. Plusieurs pays africains sont ainsi revenus sur cette borne, en supprimant la limitation d'exercice du pouvoir à deux mandats. D'autres responsables africains tentent aujourd'hui de les imiter. Pour tous, le chemin direct a été la révision de la loi fondamentale par la suppression de l'article faisant obstacle à leur reconduction. D'autres essayèrent des moyens détournés afin de demeurer au pouvoir, comme en République démocratique du Congo(RDC), par le linkage entre la loi électorale et le recensement général de la population, qui aurait permis au président Joseph Kabila - dont le mandat s'achèvera en 2016 - de se maintenir durant encore au moins quatre ans à la tête de l'Etat. Ainsi, partout en Afrique on constate un retour incongru en arrière, confirmant l'échec de l'avènement de la démocratie dans notre continent. Des présidents, à l'exemple de l'ex-chef d'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo - qui ne voulut pas reconnaître sa défaite électorale - qui suscita une guerre sanglante pour rester au pouvoir, ou encore - plus récemment - le président burkinabé, Blaise Compaoré, chassé du pouvoir en octobre dernier, par le peuple après 27 ans passés à la tête de l'Etat. Les dirigeants africains donnent ainsi l'impression de n'avoir retenu aucune leçon, de vivre en vase clos qui font tout pour demeurer au pouvoir. Or, ces dirigeants africains, malgré leur long règne - qui ne se compte plus en années mais en décennies - ne sont pas parvenus à booster le développement de leur pays, s'estimant toutefois indispensables. Certes, quelques pays ont maintenu - en dépit des problèmes auxquels ils sont confrontés - cette dynamique, aussi imparfaite soit-elle, d'une démocratie en évolution. Cet exemple est cependant minoritaire pour être significatif. Notons que le président soudanais, Omar El Bechir qui aurait pu estimer qu'après 26 ans au pouvoir - en sus de ses démêlés avec la justice internationale - le service à rendre à son pays était encore de s'éclipser en catimini, continue de s'accrocher. Il est candidat à sa succession en mars prochain. C'est donc dans ce contexte de remise en cause de l'alternance démocratique, qui ne donne pas une image rassurante de l'Afrique, qu'est intervenu, devant le sommet de l'Union africaine, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Celui-ci n'y est pas allé par quatre chemins, interpellant les dirigeants africains, les appelant à «ne pas s'accrocher» au pouvoir. Et Ban de déclarer devant les chefs d'Etat africains: «Je partage les craintes émises vis-à-vis des dirigeants qui refusent de quitter leurs fonctions à la fin de leur mandat.» M.Ban d'ajouter: «J'exhorte tous les dirigeants, en Afrique (et dans le monde), à écouter leur peuple. Les dirigeants modernes ne peuvent se permettre d'ignorer les voeux et aspirations de ceux qu'ils représentent.» Fallait-il que les dirigeants africains reçoivent cette énième apostrophe de la part de responsables politiques étrangers? Le monde change, le monde a changé, mais l'Afrique, ses dirigeants en fait, résiste à ce changement, quand le pouvoir personnel continue de sévir à tous les niveaux occasionnant des richesses sans cause pour les uns, tout en maintenant les pays qu'ils dirigent, dans la pauvreté, endettés, comptant sur les aides étrangères. Avec au final, cette image exécrable d'une Afrique aux deux visages: des dirigeants cossus et des peuples vivant au seuil de la pauvreté. Pourtant, les richesses du continent sont immenses, dilapidées toutefois sans profit par des dirigeants qui s'incrustent au pouvoir.

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