Retour à l’en
«Choc et terreur». Tels sont les maîtres mots de la politique adoptée par les faucons de l´Administration américaine dans leur guerre contre l´Irak. «Choc et terreur», avec de la stupeur en prime. Tels doivent être les slogans adoptés par les résistants irakiens. Aux milliers de bombes et de missiles qui s´abattent constamment sur les villes et infrastructures irakiennes répondent désormais des attaques inattendues, originales et quasi quotidiennes. Après l´attentat-suicide d´un officier irakien qui a causé la mort, samedi, de quatre marines, voici venu le tour d´un camion fou en pleine base militaire au Koweït. Des bilans recoupés avancent le chiffre de 15 blessés au moins. Quelques jours auparavant, un soldat américain avait attaqué à la grenade ses camarades.
Chocs et stupeurs s´échangent donc allègrement des deux côtés de la ligne de front. Quoique les Irakiens semblent détenir un certain avantage sur leurs adversaires coalisés. Si le peuple a fini par s´habituer aux sirènes d´alerte et aux bruits des bombes, rien n´indique, en effet, que l´on puisse se faire un jour à cette invisible mort, pouvant surgir de n´importe où, à n´importe quel moment et sous n´importe quelle forme. Pour triste et étonnant que cela soit, c´est l´exacte chose qui est en train d´arriver aux Américains, plus sujets au «choc» et à la «terreur» que leurs adversaires irakiens.
Ce retournement de situation, au reste, est d´autant plus vrai que les fameux «tirs amis» commencent à peser lourd dans la balance des victimes et pertes matérielles enregistrées dans les rangs des coalisés.
Mieux, les risques d´attentats terroristes de très grande envergure ont été exacerbés par cette guerre jugée «illégale» par la communauté internationale et dénoncée par des centaines de millions de manifestants à travers le monde. La psychose liée à ces risques d´attentats en sont à un point assez proche de celui qui avait suivi de près les actes terroristes du 11 septembre 2001.
C´est cet inattendu renversement des rôles qui se trouve derrière la fronde, à peine déguisée, déclenchée contre Rumsfeld par des hauts gradés du Pentagone. Si tant est qu´il soit permis de pousser le raisonnement aussi loin, vers l´absurde en somme, comme l´ont fait les Américains devant le Conseil de sécurité de l´ONU, force nous serait de constater que présentement, c´est le ministre d´Etat à la Défense en personne qui est en train de subir les «choc et terreur» de la part des hauts gradés de l´armée la plus puissante du monde. Sa doctrine, désormais, ne tient qu´à un fil. Son poste aussi...
