Ni Nord, ni Sud...
La tension persiste au Sud où tous les arguments sont bons pour occuper les places publiques. Après l'emploi, c'est le logement qui met le feu aux poudres. Les incidents regrettables ayant émaillé le mouvement de protestation contre une liste de bénéficiaires de logements, fait craindre le pire si les pouvoirs publics continuent à s'entêter à ne composer qu'avec leurs relais «traditionnels». Les mesures annoncées par le chef du gouvernement à Béchar, n'auront finalement servi que le temps d'une visite.
La litanie de chiffres - entre enveloppe financière et projets de développement - annoncée par le Premier ministre doit être conjuguée à un dialogue sans exclusive, intégrant, aussi bien les notables, les élus, que les représentants des jeunes chômeurs. Ces derniers exigent un dialogue sérieux et des mesures concrètes prises de concert avec les jeunes protestataires.
Après Tamanrasset, Ouargla et El Oued, c'était hier au tour des jeunes chômeurs de Ghardaïa de tenir leur rassemblement. Leur seule et unique revendication: avoir droit à un emploi décent. Cependant, le dénominateur commun de ces manifestations, c'est leur caractère pacifique. Les organisateurs ont, non seulement dénoncé les tentatives de manipulation, mais surtout les débordements enregistrés, notamment à Ouargla et Ghardaïa. Une attitude hautement patriotique, d'autant plus que les jeunes protestataires inscrivent leur mouvement dans un cadre unitaire. Pas question de céder au chant des sirènes, de ceux notamment qui mettent en «scène» l'approche sécessionniste.
La réponse des jeunes du Sud a été on ne peut franche: l'Algérie et une et indivisible et l'intégrité territoriale chèrement acquise au prix de lourds sacrifices est non négociable. En réponse à ceux qui voulaient prendre le train en marche, les jeunes du Sud se sont dressés comme un seul homme pour dire non à l'utilisation d'un mouvement à essence sociale à des fins politiciennes. Ils ont également refusé de servir d'alibi à Al Qaîda au Maghreb islamique qui, dans un communiqué, a tenté une «incursion» dans une région hostile à toute forme d'extrémisme.
Sur un autre chapitre, que ceux qui avancent l'argument que les ressources pétrolières viennent du Sud et que par conséquent les population locales doivent en profiter en priorité se trompent lourdement. Car la problématique du chômage se pose à travers tout le pays. C'est pour cette raison que le gouvernement ne doit pas commettre l'erreur d'adopter une approche «régionaliste» dans le règlement des problèmes sociaux, qui, en réalité, sont les mêmes pour tous les Algériens.
Il n'y a donc, ni Nord, ni Sud; il y a une Algérie unie arrachée des griffes du colonialisme au prix d'énormes sacrifices. C'est ce qui fait la spécificité de l'Algérie, qui non seulement a fait l'une des plus grandes révolutions du XXe siècle, mais surtout a payé un lourd tribut au terrorisme et à l'extrémisme religieux, qui aujourd'hui, plongent plusieurs pays de la région dans le chaos. A Evian, les négociateurs algériens n'ont pas fait la moindre concession sur la moindre parcelle d'un territoire irrigué par le sang des chouhada. Les vrais...