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L'OMC, une priorité?

C'est du moins ce qu'estime le nouveau ministre du Commerce, Amara Benyounès, dans une déclaration lors de sa prise de fonction la semaine dernière, qui indiquait que «sa priorité» restait l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il est patent que M.Benyounès devait être satisfait de son engagement à placer l'Algérie parmi les «grandes nations» industrieuses et émergentes. L'Algérie à l'OMC? Bien sûr, entrer dans cette organisation mondiale serait l'évidence que le pays a su développer son assise industrielle, agroalimentaire, pharmaceutique et de services atteignant le seuil d'autosuffisance industrielle et agricole qui le qualifie à frayer avec les grands. La réalité est tout autre. Aussi, on est plutôt surpris par une telle déclaration d'intention, émise par un homme qui, de par sa fonction, doit (se doit d') être au fait de ce qu'est la réalité économique du pays. Ainsi, au regard de l'état de notre économie, notamment du commerce, de notre industrie, la priorité est tout autre. Le hic est que l'Algérie, à l'exclusion des hydrocarbures, n'a rien à proposer. Que peut exporter en effet l'Algérie en dehors du gaz et du pétrole? Nous importons près de 90% de nos besoins alimentaires, industriels, alors que la production nationale, déstructurée et démembrée, n'assure pas notre autosuffisance et ne répond à aucun critère de croissance économique. Le commerce, c'est la vente et l'achat, l'échange, vendre ce que nous produisons et acheter ce que nous ne créons pas. D'ailleurs, l'ex-patron de l'OMC, Pascal Lamy, expliquait un jour que «l'économie internationale aujourd'hui suppose que pour bien exporter, vous importiez plus». Certes, nous importons beaucoup - nous importons même en quantité industrielle - mais qu'exportons-nous, lorsque l'on sait que l'exportation, hors hydrocarbures, ne représente que 1 à 3% du Produit national brut (PNB). Un pourcentage grotesque. Qui dit mieux que maintes analyses, le retard abyssal enregistré dans notre développement global. Et c'est cette Algérie, désarmée, pieds et mains liés, incapable de produire en suffisance pour ses besoins et assurer sa croissance qui veut adhérer à l'OMC? Le groupe de travail pour l'accession de l'Algérie à l'OMC - à l'époque «Accord général sur les tarifs et le commerce» (Gatt) - a été établi le 17 juin 1987. C'est-à-dire, il y a vingt-sept ans. Un laps de temps qui aurait dû permettre à l'Algérie de résorber son retard industriel, redynamiser son agriculture et assurer son autosuffisance alimentaire. Cela n'a pas été le cas. Bien au contraire, l'agriculture n'assure plus l'autosuffisance au pays qui, désormais, est devenu un importateur net de produits agricoles et agroalimentaires. En Algérie, notre industrie naissante a été neutralisée par l'avènement d'une économie de marché sauvage marquée par une ouverture chaotique d'un secteur stratégique passé à l'encan. En fait, l'exception admise concernant les industries naissantes afin de faciliter le transfert de technologie n'a pas été prise en compte pour l'Algérie. Ainsi, beaucoup d'entreprises nationales, quand elles n'ont pas disparu, ont vu leur production se dégrader face à une concurrence monopolistique dont elles n'avaient ni les moyens financiers, ni le savoir-faire technique qui les relégua au niveau de sous-traitants. Ce qui donne un avant-goût de ce que sera le commerce en Algérie, une fois l'adhésion acquise. Cela induira la disparition totale d'une industrie nationale restée rudimentaire. Parallèlement, l'informel a fait florès, accaparant de larges créneaux du marché légal, alors que la régulation du marché est quasiment inexistante. Le ministère du Commerce s'occupait de l'aval, quand rien n'a été fait en amont. En effet, concurremment aux négociations avec l'OMC, il fallait remettre à niveau notre agriculture, notre industrie, nos services. Cela n'a pas été fait. Plus, en 1987, la situation agro-industrielle était nettement meilleure qu'elle ne l'est aujourd'hui. En revanche, comme l'indiquait en avril denier, l'ex- ministre du Commerce, Mustapha Benbada, l'Algérie s'est attelée aux réformes induites dans le cadre de «la mise en conformité de son régime de commerce avec les accords de l'OMC». En termes moins abscons, l'Algérie s'attache à mettre ses lois commerciales en adéquation avec les règles du Commerce mondial. L'OMC étant au coeur de la régulation du marché mondial, cela risque de se traduire à terme par la diminution de ses marges de manoeuvre et laisser des décisions qui engagent le devenir de notre pays à des dirigeants extra-nationaux. En somme, on s'engage dans un défi hasardeux, alors qu'à l'évidence l'Algérie n'est pas prête à ce saut qualitatif.

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