Les nus et les morts

Cela fait des semaines et des semaines que les Etats-Unis se complaisent à «déplorer» l'agression barbare que le Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahu et son armée mènent contre une population civile à Ghaza, faisant plus de 32 000 martyrs, en majorité des enfants et des femmes. Si les bombardements et les attaques meurtrières durent depuis plus de cinq mois, c'est bien parce que les Etats occidentaux, avec à leur tête les Etats-Unis connus pour être «inconditionnellement» alliés d'Israël, n'ont jamais cessé de livrer les bombes et les obus qui ont fait de Ghaza un «cimetière à ciel ouvert», comme le déplore l'ONU. La communauté internationale, impuissante mais farouchement remontée contre une férocité digne du nazisme et du colonialisme éhontés, a pris conscience du double standard pratiqué par ces puissances qui prétendent agir au nom du droit international mais n'ont d'autre pratique que celle d'imposer leur diktat, y compris par la force. Pendant que les enfants de Ghaza meurent par dizaines, chaque jour, non seulement sous les pluies de bombes, dont celles au phosphore, que Washington livre, sans aucun état d'âme, à son allié au Moyen-Orient, mais aussi de famine, dès lors que l'armée sioniste tend des embuscades meurtrières aux familles en quête d'une aide humanitaire fantomatique, les palabres continuent. L'objectif, dit-on, est d'obtenir «une trêve de quelques semaines» assortie de la libération des otages israéliens contre des prisonniers palestiniens. Mais là n'est pas l'essentiel. Faute de parvenir au but initialement recherché, à savoir un nettoyage ethnique dans toute la bande de Ghaza, les Etats-Unis sont engagés dans une autre démarche qui vise à domestiquer davantage l'Autorité palestinienne, avec la bénédiction des Etats du Golfe qui ne verraient pas d'un mauvais oeil le coup recherché. En entamant sa sixième tournée dans la région du Moyen-Orient où l'Arabie saoudite et l'Egypte sont ses principaux interlocuteurs, le secrétaire d'Etat tente de mettre en oeuvre l'autre plan qui «promet» une hypothétique mise en oeuvre d'un Etat palestinien mais, dans les faits, il n'a pas d'autre souci que de garantir à l'allié sioniste une domination complète et «définitive» sur l'échiquier régional. Entre-temps, il est utile de parler et de reparler de l' «aide humanitaire» qui «doit parvenir sans entrave» à une population palestinienne niée dans son humanité comme dans ses droits. Mais quand aux bombes et aux missiles succèdent les largages de vivres qui tuent, il n'y a pas lieu de s'étonner d'un tel scénario.