Le voile est tombé
Les luttes politiques ont mis la justice algérienne dans tous ses états. Rien ne va plus dans la famille de la magistrature. Alors que certains magistrats affirment que le droit a été violé dans l´affaire du FLN, d´autres apostrophent leurs collègues, les accusant de n´avoir pas respecté le droit de réserve. Résultat: le congrès du Syndicat national de la magistrature est reporté jusqu´après la prochaine élection présidentielle et l´institution judiciaire se retrouve en piteux état.
La preuve est désormais faite sur les tentations du pouvoir politique de faire de la justice un outil pour servir ses desseins. Aussi, sommes-nous tentés de dire que les grands discours sur l´indépendance de la justice et des juges, prononcés par le chef de l´Etat à l´ouverture de chaque année judiciaire, ne reflètent pas les véritables intentions des gouvernants qui, dans le cas présent, n´ont pas hésité à fragiliser l´une des plus importantes institutions de la République, rien que pour interdire à un parti de désigner son candidat. Il est clair, en effet, que dans l´épisode du FLN, quoi qu´en dise Zerhouni sur le respect de la procédure dans le cadre de l´Etat de droit, la justice a montré quelques défaillances dans le traitement du dossier. Et ce sont des acteurs de cette même justice qui sont montés au créneau pour dénoncer ce qu´ils ont qualifié d´instrumentation du «3e pouvoir» censé être indépendant à des fins politiciennes.
Les Algériens que nous sommes savaient déjà tout le poids que représente le pouvoir exécutif dans ce pays. Le chahut qui caractérise la famille des magistrats depuis le 4 octobre dernier ne fait, en réalité, que confirmer ce que l´on savait déjà, à savoir que l´institution judiciaire est encore très loin des aspirations de la société, au sens que dans la pratique elle est simplement satellite de l´administration.
Cela dit, à quelque chose malheur est bon, sommes-nous tentés de dire. En effet, la crise du FLN, qui a déteint sur le fonctionnement de la justice, a eu le mérite de mettre à nu les insuffisances criantes de la justice en Algérie. En d´autres termes, le voile est enfin tombé.
