Fin de cavale
Celui qui voulait descendre des maquis, sinon en conquérant, du moins en position de relative force, a connu une mort atroce de la main même de ceux qu´il avait fait chefs. Hattab, désormais, ne sévira plus. Un des plus irréductibles terroristes, celui qui contrôlait les plus redoutables maquis encore actifs dans le pays, ne sévira plus. Il a subi le même sort que celui qu´il a infligé à des dizaines, voire des centaines, de malheureuses victimes, dont le seul tort est de s´être trouvées au mauvais endroit, au mauvais moment. «Puisse-je user du glaive et périr par le glaive», a, un jour, écrit un grand poète. L´épitaphe sied fort sur la pierre tombale d´un corps que nous ne retrouverons sans doute pas puisque ses acolytes, avant de s´éclipser, ont dû prendre toutes leurs précautions. Ce n´est pas pour rien, du reste, si la mort de l´émir national du Gspc est demeurée très peu connue, même au sein des maquis, près d´une année après son avènement.
Peu s´en faut, du reste, que sa sortie sur le domaine public ne fut jamais connue à la faveur de cette folle rumeur de redditions à la pelle, dans lesquelles personne ne connaît personne, ni ne voit rien. Mais par delà cette nouvelle, dont la connaissance ira se propageant telle une traînée de poudre, c´est le sort même du Gspc, jusque-là incertain, qui vient d´être à peu près scellé. Celui qui en est le fondateur, qui lui a donné sa triste et terrible envergure nationale, était le seul qui soit capable de fédérer des «têtes brûlées» telles que celles de Sahraoui et El-Para. Ce groupe court tout droit vers son éclatement. Plus jamais, sans doute, il ne disposera de ce pouvoir de nuisance qui lui permettait de tendre de cruelles et sanglantes embuscades à des services de sécurité, pourtant sur le qui-vive, et sur-entraînés.
Certes, le terrorisme garde encore un relatif pouvoir de nuisance. Mais la mort de l´un de ses ultimes «bastions» humains, et l´absence d´une véritable relève, précipite sa fin inéluctable. Le tout est de tenir bon. Le pire, heureusement, est derrière nous.