Le pétrole a clôturé la semaine dernière sous 90 dollars
Le baril dans le dur
Les cours de l’or noir, qui sont pratiquement retombés à leur plus bas niveau depuis le mois de janvier, débutent une nouvelle semaine incertaine, aujourd’hui.
Quelle va être la réaction du marché pétrolier? Les prix vont-ils rebondir après plus d'une semaine cauchemardesque? Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, a perdu plus de 11% en 10 jours pour se retrouver à 87,62 dollars. La conjoncture est incertaine. Elle ne leur laisse pratiquement pas de marge de manoeuvre. Les cours de l'or noir demeurent, en effet, plombés par une demande mondiale annoncée en recul et la politique zéro Covid en Chine. Le marché garde en tête «la préoccupation liée à la demande» chinoise, sur fond de flambée des cas de coronavirus, «qui rendent peu probable l'allégement des restrictions sanitaires», indiquent les analystes du second groupe bancaire allemand Commerzbank.
Le rythme de contagion a plus que doublé en une semaine, selon un bilan établi par la Commission nationale de la santé (NHC). Il a fait état le 18 novembre de 22 000 nouveaux cas.
Un nouveau record depuis la fin du mois d'avril. Ce qui va contribuer très probablement au durcissement du dispositif anti-Covid en Chine et affecter négativement vraisemblablement la consommation d'or noir de l'empire du Milieu, premier importateur mondial de brut. Une bonne raison de croire que la demande d'or noir se présente plutôt en berne en cette fin d'année 2022 alors qu'elle ne semble guère partie pour s'améliorer en 2023. C'est ce que disent les prévisions de l'Opep. «La prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2022 est révisée à la baisse de 0,1 million de barils/jour (mb/j) pour s'établir désormais à 2,5 mb/j», indique l'Organisation des pays exportateurs de pétrole dans son rapport mensuel du mois de novembre. Pour 2023, le Cartel table désormais sur une croissance de la demande à 2,2 mb/j. Soit une baisse de 0,1 mb/j par rapport à son estimation du mois d'octobre.
Il faut rappeler que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) avaient souligné dans leurs rapports mensuels respectifs sur le marché de l'or noir publiés le mois dernier que la demande sera moins robuste que prévu en 2022 et 2023. Autre facteur d'inquiétude: les mesures contraignantes de la Réserve fédérale (Fed). Les opérateurs s'inquiètent, plus largement, d'un ralentissement de la demande provoqué par le resserrement monétaire brutal de la banque centrale américaine, souligne Phil Flynn, de Price Futures Group. Il faut ajouter à cela un prétendu rapprochement entre Riyadh et Washington.
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane devrait bénéficier d'une immunité lui évitant des poursuites aux Etats-Unis pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi (journaliste saoudien assassiné le 2 octobre 2018 au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul en Turquie Ndlr), a annoncé jeudi dernier le gouvernement américain. «Certains spéculent sur le fait que ce changement de politique est lié au pétrole», même si la Maison-Blanche a assuré le 18 octobre que cette décision n'avait «absolument rien à voir avec la relation bilatérale avec l'Arabie saoudite», a indiqué l'analyste de Price Futures Group. Une information qui a enflammé les spéculateurs qui pensent qu'en contrepartie de l'ouverture de Washington, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés de l'Opep+ dont la Russie, pourraient «relever leur production» lors de leur prochaine réunion qui devrait se tenir, en principe, le 4 décembre prochain à Vienne en Autriche. Info ou Intox? La logique pencherait pour la seconde hypothèse. Il faut rappeler, en effet, que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, dont la Russie, avaient décidé le 5 octobre dernier à Vienne en Autriche de réduire leur offre de 2 millions de barils par jour à partir du début du mois en cours. Une décision intervenue dans un contexte d'indicateurs défavorables à la consommation, qui ont plombé les prix du pétrole. Une conjoncture pratiquement identique à celle de l'heure actuelle. Ce qui fait penser que l'Opep+ va plutôt opter pour un nouveau tour de vis. Réponse le 4 décembre.