L'Expression

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LA RADIO ALGÉRIENNE ET LE MONDE DE L'ART EN DEUIL

Yazid Ait Hamadouche n'est plus...

Agitateur de talent, journaliste, producteur et réalisateur de clips, en attendant le grand saut dans le monde du cinéma, cet artiste-né nous a quittés hélas, en le funeste mardi dernier pour aller rejoindre les anges...

«Le handicap est considéré comme un problème, un défaut, quelque chose qui nous empêche de vivre, d'exister ou d'être heureux, je pense qu'il faut avoir l'intelligence de transformer en fait ce problème en force, de dépasser tout cela pour pouvoir changer sa vie, changer le monde et déplacer des montagnes. J'en parle parce que je pense être la preuve.» Quoi dire de plus après ces propos ô combien lourds en philosophie de la vie? Triste nouvelle qui a frappé le monde des médias et des arts mardi après-midi. Yazid Ait Hamadouche qui nous a quittés à l'âge de 38 ans, suite à une occlusion intestinale n'avait pas fini de donner le meilleur de lui-même, lui qui a pourtant tant fourni, beaucoup donné de sa personne et davantage encore qu'une centaine de personnes réunies. Beaucoup de jeunes artistes algériens lui doivent aujourd'hui beaucoup... car Yazid, depuis qu'il travaille à la radio, n'a cessé de sillonner toute l'Algérie à la recherche de nouveaux talents et de les faire éclore, les faire connaître. Combien de scènes, de tournées, de concerts, a-t-il organisé, de plateaux contre le sida a-t-il assuré? D'événements pour la Journée internationale du handicapé avait-il parrainé? Engagé jusqu'au bout des ongles, Yazid Ait Hamadouche est né avec quasiment le micro à la main. Très tôt il savait déjà ce qu'il voulait faire. Nous l'avons connu avec son émission Serial Tagguer qui a fait du chemin sur les ondes de la Radio Alger Chaîne 3 et qui a permis la révélation de nombreux jeunes talents de la scène musicale actuelle. Yazid était la fierté de tout le monde. Le sourire aux lèvres, jamais il ne se plaignait de son handicap. Bien au contraire, il était celui qui incarnait le modèle de courage, la force et la persévérance à toute épreuve. Yazid mettait son travail au-dessus de tout. Voire de sa personne. Il aimait les gens et ces derniers le lui rendaient bien. Le funeste mardi dernier, les réseaux sociaux ont explosé en termes d'hommage et de messages de stupéfaction et de colère contre la tragique nouvelle qui nous a secoués tous. Sous le choc! Nous l'étions et le sommes toujours au moment d'écrire ce papier. Car nous l'aimions tant cet homme à la grandeur des rares. Il y a quelques mois, en mai, dans un autre article nous louions le beau travail de réalisation d'un de ses derniers clips en date, à savoir gangster, conçu sur une chanson du jeune artiste rappeur Kami Phénomène. Ce clip Gangster raconte l'histoire d'un homme, à la tête d'un gang, tiraillé entre son devoir de père et ses activités mafieuses. L'histoire prend une tournure tragique lorsque ce jeune père se rend compte que son fils tente de marcher sur ses traces...Un clip tellement touchant qu'il nous vient en mémoire la voix de Yazid sur les ondes de la radio alors qu'il animait en direct de Tipasa il y a quelques semaines de cela, sa nouvelle émission estivale «Menthe à l'eau», en direct de Tipasa. Alors que je rêvais de la plage, la voix de Yazid m'accompagnait en route avec le sourire aux lèvres. Yazid discutait avec deux jeunes garçons algériens qui vivent à Londres... Cette petite discussion en l'air avec ces deux petits n'avait d'égal que le charme naturel de Yazid baignant comme un poisson dans l'eau dans son élément, une aisance radiophonique de savoir parler à tout le monde, y compris à deux jeunes adorables enfants qui chahutaient en direct à la radio. Yazid était un homme beau et bon. Il était l'exception. Il rêvait de fonder un foyer. Mais en attendant, il avait pour mission de remplir son devoir de journaliste haut la main. De l'amour il en a tant donné. Yazid incarnait cet amour désintéressé, quasi naïf, mais avec une telle grâce que digne de braves gens. Yazid était un ange fait homme. Personne ne pourra l'égaler ou le remplacer aujourd'hui. Il était unique et il le restera à nos yeux à tout jamais. Yazid a son actif une cinquantaine de clips pour différents artistes algériens. En plus du montage son, celui de l'image n'avait plus de secret pour lui. Mais son désir de cinéma était grand. Il était avide de tout apprendre. Boulimique de travail et curieux comme un enfant de cinq ans, Yazid a prouvé que quand on veut réellement on peut, peu importent les moyens et qu'il faut travailler dur pour y arriver. Ingénieur en informatique, c'est pourtant à la radio qu'il rencontrera sa seconde famille. Aujourd'hui, cette dernière pleure la perte d'un immense confrère, mieux d'un homme au grand coeur comme ça! De ces êtres si merveilleux dont on se dit qu'on a eu la chance de l'avoir côtoyé. Handicapé depuis l'âge de 8 ans, c'est plus tard qu'il prit conscience de sa différence. Comme il le dit, il avait le choix entre se lamenter ou vivre. Yazid a fait le pari fou de la seconde option et il ne cessera de respecter son pacte personnel. Appartenir à ce monde de la radio était tout pour lui. Et il l'a fait. Yazid apportera du sourire aux gens, de la magie, a permis à de nombreux artistes de donner libre cours à sa créativité, à des jeunes et moins jeunes de lire des poèmes, en direct sur les ondes, chose rare. Un agitateur de talent qui a tout fait pour faire changer les mentalités par amour de l'art et du progrès. Donner sens à sa vie? Se dépasser? «Je ne sais pas s'il existe véritablement une réponse. J'ai choisi d'être heureux. Ne pas être comme les autres. Mais mieux que les autres? Je n'ai peut-être pas la possibilité de marcher mais j'ai la possibilité de faire marcher les autres. Je n'ai pas la possibilité de faire certaines choses, mais j'ai la possibilité d'offrir à certaines personnes la chance d'accomplir beaucoup de choses... au fond n'essayez pas de vous dépasser, cherchez à vivre et à être heureux...»Tu peux te reposer en paix à présent Yazid, tu as tant travaillé! Je t'imagine entouré de fleurs dans la campagne, là où tu aimais aller te ressourcer ou à la mer de Tipasa...Nul ne t'oubliera de sitôt...

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