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Niddal El Melouhi, comédien et metteur en scène

«Une fierté d'avoir interprété le rôle de Yacef Saâdi...»

Comédien algérien né en 1972, Niddal a créé la compagnie Tin Hinan pour mener à bien ses projets et animer des ateliers de création théâtrale auprés de jeunes en difficultés. Formé initialement au Conservatoire municipal d'art dramatique de Sidi Bel Abbès, il a perfectionné sa pratique dans le cadre de stages, notamment au Théâtre national de Chaillot. En France, où il vit aujourd'huii, il cumule les rôles que ce soit, à la télé, au théâtre ou au cinéma. Niddal El Melouhi a eu l'insigne honneur de camper le role de feu Yacef Saâdi dans la pièce de théâtre «Dialogue», adaptée et mise en scène par Jean Quercy, inspirée de l'oeuvre de Germaine Tillion «Combats de guerre et de paix». Il nous parle ici de son rôle phare, mais aussi de tous ces autres rôles de héros historiques qu'il a incarnés durant son riche parcours, jusqu'à bien entendu celui de Abane Ramdane dans le film Ben M'hidi de Bachir Derrais...

L'Expression: Vous avez incarné dans une pièce de théâtre le rôle de Yacef Saâdi. Comment avez-vous appréhendé ce rôle?
Niddal El Melouhi: Oui j'ai interprété le rôle de Yacef Saâdi dans la pièce de théâtre «Dialogue» adaptée de l'ouvrage de «Combats de guerre et de paix» de Germaine Tillion.. tout d'abord je tiens à rendre hommage à feu Yacef Saâdi, mais aussi à feu Brahim Tsaki, deux personnalités qu'on a perdues presque en même temps, à deux jours de décalage. Ce sont deux personnes qui ont compté dans ma vie. J'ai côtoyé Brahim Tsaki dans les années 90. Yacef Saâdi, je l'ai croisé à la première mondiale du film «Fleur de lotus» de Amar Laskri où j'ai interprété le rôle de «Ali l'Indochine», le rôle principal du film et il est venu et il m'a félicité. J'étais tout jeune. C'était un honneur de le croiser à cette époque-là. On a perdu deux personnes qui comptent beaucoup pour le cinéma algérien: Yacef Saâdi qui était le producteur de La bataille d'Alger et qui a interprété son rôle et Brahim Tsaki qui était le poète et le prince du cinéma algérien. J'ai tardé à répondre aux questions car j'étais abattu et attristé. Paix à leurs âmes à tous les deux. J'espère qu'ils sont très bien accueillis dans l'au-delà. J'ai effectivement interprété le rôle de Yacef Saâdi dans la pièce «Dialogue» de Jean Quercy. J'étais entouré par d'excellents comédiens et comédiennes comme Sophie Million qui a interprété le rôle de Germaine Tillion, Fatima Hasouni... On a monté cette pièce en France en 2011 et on l'a joué jusqu'à 2016. Malheureusement, le public algérien n'a pas vu cette pièce. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi certaines productions ne peuvent pas être vues par notre public algérien. Pour l'anecdote, le personnage de Yacef Saâdi s'appelait Youcef, parce que Jean Quercy n'a pas eu l'autorisation d'utiliser le prénom de Yacef. Ce n'est pas qu'il contestait, mais Yacef Saâdi connaissait l'ouvrage de Germaine Tillion, il reconnaît qu'il l'a rencontrée à plusieurs reprises, mais... Le metteur en scène était honnête, il voulait avoir la permission de Yacef Saâdi, il l'a contacté et j'ai demandé à Jean de me le passer au téléphone et je lui ai rappele qu'on s'était croisé à la première mondiale de «Fleur de lotus» et là, il m'a dit «ah! O.k. c'est toi qui va interpréter mon rôle!» Et il a demandé à Jean de lui envoyer le texte et ainsi, il a accepté qu'on utilise son prénom dans cette pièce de théâtre «Dialogue»...

Cela n'a pas été difficile de camper le rôle de ce grand moujahid de La bataille d'Alger?
Je ne peux pas dire que c'était difficile de jouer le rôle d'un grand moujahid de la bataille d'Alger. C'était un honneur. d'ailleurs, dans l'ouvrage de Germaine Tillion que j'ai vraiment décortiqué, le personnage de Yacef Saaâdi, elle le décrit super bien. J'ai utilisé d'autres documentations pour me rapprocher au maximum du personnage. Certes, c'est difficile d'incarner un rôle d'une personne qui a déjà existé ou qui existe dans la réalité, mais quand il y a de la documentation, on peut se rapprocher au maximum d'elle, dans la gestuelle, la personnalité, y compris dans le maquillage, la coiffure et le costume, tout cela apporte quelque chose de plus. C'est notre métier qui veut cela. C'est parfois difficile et à la fois c'est un challenge d'interpréter ces personnages-là. Je l'ai fait avec Ben Bella, Abane Ramdane, ou d'autres personnages historiques qui ont déjà existé. C'est ce qu'on a appris dans les écoles et en pratiquant ce métier...

Que représente Yacef Saâdi pour vous?
Yacef Saâdi c'est un grand homme. Il a fait des choses très importantes pendant la guerre d'Algérie. Certes, au-delà du fait que je l'ai croisé à la fameuse avant- première du film, les moments rares et privilégiés où j'ai eu à discuter avec lui au téléphone, j'ai découvert un brave gars, souriant, un gentleman, un gars très sympathique.

Vous avez aussi interprété le rôle d'un grand moujahid dans le film Ben M'hidi de Bachir Derrais. Un mot là-dessus?
J'ai effectivement interprété le rôle d'Abane Ramdane dans le film Ben M' hidi» de Bachir Derrais et celui de Ben Bella dans un autre film, «L'ombre d'une guerre», un docu-fiction, un film qui n'a pas été projeté en Algérie non plus malheureusement. Il a été projeté une seule fois au festival de Mostaganem. J'ai interprété le rôle d'Abane Ramdane qui était l'architecte de la révolution algérienne. C'était un honneur aussi de camper ce rôle. Malheureusement, ce film est bloqué depuis 2018. Personnellement, je ne l'ai pas vu entièrement. Vous l'avez vu, vous les journalistes. C'est un super- film. Je pense que c'est un film qui peut être classé au même niveau ou en deuxième position après La bataille d'Alger. Certains disent «vous ne racontez pas la bonne histoire». L'histoire c'est l' histoire. il n' y a pas une bonne et une mauvaise, une officielle ou une officieuse. L'histoire reste l'histoire. C'est malheureux qu'on arrive jusque-là. J'espère qu'il y aura une ouverture pour qu'on puisse voir ces produits. Nous, on est des comédiens, des artistes, on n'est pas des politiciens. En plus, on n'est pas là pour raconter n'importe quoi. On se documente. On essaye de s'informer ici et ailleurs. Comme dans «l'ombre d'une guerre» on s'est battu pour l'écrire d'après des documents officiels. Le metteur en scène n'a pas inventé l'histoire dans «Dialogue». Bachir Derrais, non plus, il n'a pas inventé son scénario et ses informations. Laissons le public voir ces produits et à lui de juger si c'est la bonne ou pas la bonne histoire. Pour moi, c'est incompréhensible. D'ailleurs, il y a même d'autres produits qui n'ont pas vu le jour en Algérie parce qu'on dit qu'on ne raconte pas la «bonne histoire»... c'est triste, mais c'est la réalité.

N'était-ce pas une lourde responsabilité que de jouer des personnages qui ont réellement existé et qui plus est, des personnalités qui ont compté dans l'histoire de l'Algérie?
Non, pas du tout, ce n'était pas une lourde responsabilité d'interpréter et incarner ces personnages qui ont compté beaucoup dans l'histoire, au contraire c'est un honneur.. Il faut montrer leur côté humain. En Algérie on montre que les «superman» ou «superwoman» de la révolution algérienne. Ce que j'ai fait en interprétant ces rôles-là, c'est de montrer le côté humain de ces gens. D'une manière ou d'une' autre. Et puis, de toute façon ce sont bien évidemment des humains avant d'avoir été des moudjahidine qui ont compté dans l'histoire de l'Algérie. On a montré le côté humain de ces personnes durant une guerre qui n'était pas facile. Ces hommes se sont battus, jour et nuit, corps et âme par amour du pays. Donc,,pour moi, non ce n'était pas une lourde responsabilité. Au contraire, ce fut une joie et une fierté d'interpréter ces rôles- là, dont celui de Yacef Saâdi. Paix à son âme et vive l'Algérie. J'espère que toutes ces personnes dont j'ai eu à interpréter les rôles, ne sont pas mortes pour rien, pour que l'Algérie demeure libre et indépendante.

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