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Contre le confinement des artistes

Un guitariste belge joue dans les églises

Faute de perspectives pour déconfiner la culture, un guitariste belge se produit dans les églises, où la réglementation Covid autorise le rassemblement de quinze personnes. Il entend poser «un acte politique» face à «l'indécence» du gouvernement.
L'histoire de Quentin Dujardin a fait le tour de la Belgique pendant les vacances de février, quand la police est intervenue dans une petite église de Wallonie (sud francophone) pour le verbaliser. «Un coup de hache dans le dos des artistes!», s'emporte encore deux mois plus tard ce compositeur de 43 ans, joueur de guitare acoustique, en recevant une équipe de l'AFP à Clavier, entre Namur et Liège. Ce concert, qui avait surtout réuni ses amis artistes, s'était transformé en conférence de presse militante pour défendre leurs métiers «détruits» par la crise sanitaire, les privant de scène depuis six mois.
Le lieu était symbolique. Pour le culte, les églises belges (comme les mosquées, synagogues, temples etc.) sont autorisés depuis décembre à accueillir jusqu'à 15 personnes, masquées et installées à bonne distance les unes des autres.
Un musicien ne pourrait-il pas remplacer le prêtre le temps d'un mini-concert en respectant le même protocole? L'argument de Quentin: «Un expert est incapable de prouver que je suis plus contaminant qu'un prêtre». Cet ancien enfant de choeur décide de s'installer sur l'autel, guitare en main, pourtant bien conscient d'être hors-la-loi après avoir consulté les autorités locales.
En tant qu'organisateur d'un rassemblement interdit il encourt 4.000 euros d'amende, et chaque participant 250 euros. Mais «il ne s'agit pas de désobéissance, juste un acte de bon sens», clame-t-il. Quelques semaines plus tard, la justice a rendu une partie de son sourire au guitariste.
Les poursuites liées au concert du 14 février à l'église de Crupet -««L'acte de Crupet», comme il le qualifie- ont fait l'objet d'un classement sans suite par le parquet de Namur. Et le 31 mars à Bruxelles un juge des référés a invalidé l'actuel cadre légal des restrictions anti-Covid de l'Etat belge, une procédure actuellement en appel qui fragilise le gouvernement sur la délicate question du respect des libertés. Persuadé qu'il ne risque plus aucune poursuite, Quentin Dujardin est passé du classique au jazz et musiques du monde, a programmé une quinzaine de concerts en avril dans une chapelle du XIIe siècle située dans la commune de Clavier, dans la campagne entre Namur et Liège.
Le show organisé jeudi après-midi a forcément enchanté les spectateurs, assis bien espacés les uns des autres dans ces vieux murs de pierre grise. «Mettre les pieds dans un concert, ça manquait terriblement», a confié l'un d'eux, Matthieu Hendrick.
Pour Quentin Dujardin, il n'est pas question que la liberté de culte puisse être «supérieure à la liberté d'expression». «Je demande le droit au travail, nous sommes victimes d'une discrimination notoire depuis un an», accuse-t-il.
En Belgique, où la pandémie a fait plus de 23.500 morts et où la troisième vague ne fléchit pas encore, les cafés, restaurants et salles de spectacle sont fermés depuis fin octobre.
Cette semaine, le Premier ministre belge Alexander De Croo a offert une bouffée d'oxygène à sa population en annonçant l'ouverture des terrasses le 8 mai. Mais les perspectives du secteur culturel doivent faire l'objet d'une nouvelle réunion du gouvernement le 23 avril.

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