L'Expression

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SI AMMAR BEN SAID BOULIFA

Le premier écrivain kabyle

Boulifa fut l'un des premiers Algériens à élaborer des méthodes d'enseignement de la langue amazighe, en publiant les deux ouvrages Une première année de langue kabyle et Méthodes de langue kabyle. Ces livres contiennent les premières règles et procédés d'enseignement et d'apprentissage de tamazight.

L'association Issegh de Souamaâ a rendu hommage, à Tizi Ouzou, au pionnier des auteurs kabyles, Si Ammar Ben Saïd Boulifa. Une occasion pour revisiter un auteur pluridisciplinaire qui a travaillé sur de nombreux fronts. De la poésie à l'archéologie, en passant par la recherche dans le domaine de la langue berbère, Saïd Boulifa a été le précurseur en la matière. Bien avant Mouloud Mammeri et Mouloud Feraoun, Boulifa a recueilli des poèmes kabyles anciens qu'il a traduits en langue française. Aujourd'hui, Boulifa est méconnu, certes, par le grand public, mais dans les milieux universitaires amazighs, il est incontournable.
Les travaux de Mouloud Mammeri sont une suite logique de ce qui a été effectué auparavant par Boulifa. C'est en 1897 que Said Boulifa publie son premier ouvrage intitulé: Une première année de langue kabyle: dialecte zouaoua. Puis, le même auteur rebondit avec Mémoire sur l'enseignement des indigènes de l'Algérie. Cet ouvrage a été publié dans le bulletin de l'enseignement des indigènes en 1897 également. Quant au recueil de poésies kabyles qui fit connaitre le plus Boulifa, il est publié, pour la première fois en 1904, à Alger aux Editions Jourdan. Saïd Boulifa, grâce à son initiative, a sauvé de l'oubli un certain nombre de poèmes kabyles anciens dont ceux du célèbre Si Mohand Ou Mhand. D'ailleurs, dans cet ouvrage, on retrouve que les poèmes de Si Mohand qui sont identifiés. Les autres textes présentés en kabyle et traduits en français sont attribués à des auteurs divers dont les noms ne sont pas signalés par l'auteur. Celui-ci souligne dans l'introduction de son ouvrage: «Le recueil, que nous avons l'honneur de soumettre à l'appréciation du public, a pour but de fournir des documents nouveaux, tant au point de vue littéraire qu'au point de vue social, sur les Kabyles et la Kabylie». Boulifa rappelle d'ailleurs, que le kabyle n'est (n'était pas Ndlr) pas une langue écrite et toute sa littérature se trouve à l'époque réduite à quelques contes et légendes qui se transmettent de génération en génération par la tradition orale, et qui en subissent presque aucune modification: «A côté des légendes et contes naïfs qui servent à amuser les enfants et qui n'ont qu'une valeur littéraire très relative, se trouvent des poésies, des chansons, qui par leur forme et leur tournure d'esprit sont réellement du domaine de la littérature».
Bien avant Boulifa, Hanouteau avait publié Les chants populaires du Djurdjura. C'était en 1867. Boulifa ne manque pas de rappeler que ces poèmes kabyles anciens ne sont pas l'oeuvre de poètes lettrés. Ce qui fait que les formes des poèmes en question sont principalement rythmiques et musicaux surtout. L'absence de rime et de mesure dans certains textes n'enlève pas grand-chose à la valeur littéraire de ces strophes.
Pour réaliser son livre, on constate que Saïd Boulifa s'est beaucoup inspiré des ouvrages de Hanoteau qu'il cite plusieurs fois dans son analyse de la poésie kabyle.
A l'époque, les études sur la poésie kabyle étaient pratiquement inexistantes. Le livre de Boulifa sur la poésie kabyle présente donc les poèmes de Si Mohand qui lui avaient été communiqués par certains élèves du Cours normal et par des jeunes de l'époque, bien sûr, d'Adeni.
Il a fallu quatre ans pour que Boulifa puisse collationner et contrôler les textes avec tous ceux qui ont approché Si Mohand et qui l'ont intimement connu soit à Annaba (ancienne Bône), soit ailleurs.
Contrairement aux chercheurs dans le même domaine qui sont venus après, Boulifa a eu la chance et le privilège d'avoir été un contemporain de Si Mohand. Il a connu ce dernier. Il en a parlé: «Quelques-unes (pièces poétiques, Ndlr) que nous avons lues à l'auteur même, ont été déclarées par lui, absolument authentiques.»
Dans la deuxième partie de l'ouvrage de Boulifa, le lecteur peut trouver des poésies d'auteurs moins connus et qui sont tous d'Adeni ou des villages voisins: «Nous y avons même inséré toutes celles de Si Mohand, dont l'authenticité nous parait douteuse, par suite de quelques légères modifications faites par ceux qui nous les ont transmises.» Quant à la troisième et dernière partie, elle renferme quelques pétitions assez originales, selon Boulifa, et qui traitent de l'organisation sociale et économique de la Kabylie.
Après ce livre retentissant, Boulifa publie d'autres ouvrages dont: Manuscrits berbères du Maroc, Textes berbères en dialectes de l'Atlas marocain, L'inscription d'Ifigha, Nouveaux documents archéologiques découverts dans le Haut Sébaou, Nouvelle mission archéologique en Kabylie, Méthode de langue kabyle, cours de deuxième année, Le kanoun de la zaouïa de Sidi Mansour des Aït Djennad et Le Djurdjura à travers l'Histoire, depuis l'antiquité jusqu'à 1830. Ce dernier ouvrage est paru pour la première fois en 1925.

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