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68E FESTIVAL DE CANNES

La Palme d'or à la Chine ou l'Italie?

Pas de coup de coeur cette année, si ce n'est quelques regards, des yeux écarquillés, de l'émerveillement et des bribes de larmes arrachées ici et là.

De l'émotion certes, mais pas seulement au programme des films en compétition officielle. Car, cette année nous nous sommes dispersés et c'est tant mieux. Souvent les perles se trouvent ailleurs où l'on ne s'y attend pas.
A l'heure où nous rédigions ce modeste bilan sur le cru cinématographique du festival de Cannes 2015 se tenait pas loin de nous la conférence de presse du film Macbeth de Justin Kurzel. Un film épique avec des scènes de guerre à vous couper le souffle, un hallucinant Michel Fassebender dans le rôle de Mcbeth et sa lady, une Marillon Cotillard parlant anglais comme une reine accomplie qui sans doute attendrira le jury par son noble jeu, digne adaptation du classique de William Shakespeare. Mais si le film est à vous couper le souffle, un autre risquera de rafler la Palme d'or aux dires de certains. Il s'agit de Assassin, un film chinois de Hou Hsiao-Hsien dont l'histoire se déroule en Chine, au IXe siècle.
Le synopsis: «Nie Yinniang revient dans sa famille après de longues années d'exil. Son éducation a été confiée à une nonne qui l'a initiée dans le plus grand secret aux arts martiaux. Véritable justicière, sa mission est d'éliminer les tyrans. A son retour, sa mère lui remet un morceau de jade, symbole du maintien de la paix entre la cour impériale et la province de Weibo, mais aussi de son mariage avorté avec son cousin Tian Ji'an. Fragilisé par les rebellions, l'empereur a tenté de reprendre le contrôle en s'organisant en régions militaires, mais les gouverneurs essayent désormais de les soustraire à son autorité. Devenu gouverneur de la province de Weibo, Tian Ji'an décide de le défier ouvertement. Alors que Nie Yinniang a pour mission de tuer son cousin, elle lui révèle son identité en lui abandonnant le morceau de jade. Elle va devoir choisir: sacrifier l'homme qu'elle aime ou rompre pour toujours avec «l'ordre des Assassins».
Si le film brille par son esthétisme épuré à l'extrême, il peut vite lasser le spectateur. Le film en tout cas divise les critiques, s'il peut paraître extraordinaire, vaporeux et aérien avec tous ces sauts périlleux de l'actrice principale qui se distingue par sa beauté et l'exactitude du geste à manier le sabre, la magnificence des paysages, des décors et des plans, il peut également ennuyer par son rythme lent parfois et son côté théâtral somme toute soporifique si l'on n'a pas assez d'énergie pour suivre le film.
L'autre film asiatique qui nous aura le plus, voire émus, sans trop nous faire secouer est le poétique film chinois Kishibe no Tabi de Kurosawa Kiyoshi. Un film sur le désir fort du retour aux origines à travers un espace-temps projeté vers le futur et une géographie circulaire, allant de la Chine en Australie en passant par les USA. Entre traditions et nouvelles technologies, sur fond du morceau entraînant go west des Pet shop boys, va se traduire cet air touchant qui nous rappellera surtout la chanson de Dahmane El Harrachi, Ya raeh taâia trouh outweli...La surprise cette année toutefois pourrait surgir du côté de l'Italie avec le film de Nani Moreti, Mia madre, histoire d'une réalisatrice en crise, qui pendant qu'elle tente de tourner son film sur l'impitoyable monde du travail et les licenciements abusifs en Italie, est confrontée à la maladie de sa mère et est obligée de faire avec, soutenue par son frère Nani Moreti lui-même! Youth de Paolo Sorrentino, pour sa part, aura également ému le public cannois, tout comme Carol, de l'Américain Todd Haynes. Le Fils de Saul, film hongrois de Laszlo Nemes sur le quotidien d'un juif forcé à collaborer à la solution finale dans les camps d'extermination, a beaucoup fait parler de lui. Ce dernier fait partie en effet des favoris, tout comme n'ayant pas peur de le dire, le nouveau de Jacques Audiard, Dheepan (voir notre dernier article).
Si La Loi du marché, de Stéphane Brizé, est le film français qui a séduit les Cannois, ce sera pour notre part Mon roi sans aucun doute de Maiwenn. On retiendra notre rejet irréversible pour Valey of love de Guillaume Nicloux. Un film insipide avec comme acteurs principaux, Gérard Depardieu et Isabelle Huppert à qui il vola un baiser sur les marches, mais cela ne suffira pas pour nous attendrir. Côté sensation, justement, on retiendra entre parenthèses, outre le film de Nabil Ayouch, Much loved (zine elifk) passé à la Quinzaine des réalisateurs sur la prostitution à Marrakech, le film d'amour en trois D, Love, de Gaspar Noé qui mettra en émoi toute la Croisette après avoir été projeté à minuit dans une salle pleine à craquer. Un film qui plaide pour le dévoilement en images de la passion vitale qui se nourrit de l'amour, du sexe...sans tabou mais avec juste de belles images et une sublime photographie du corps, rehaussée de musique souvent assourdissante pour exprimer cette folie libératrice de l'esprit.
Bref, qui sera palmé cette année, qui seront la meilleure interprétation féminine et masculine? Le prix du jury reviendra à qui? Hétéroclite, le jury présidé par les frères Cohen et composé notamment de la comédienne Rossy de Palma, Guillermo del Toro, Xavier Dolan, Jake Gyllenhaal, Sophie Marceau, Sienna Miller et Rokia Traoré donnera son verdict ce soir en direct du Palais du festival. Wait and see...Si les films pouvaient être grandiloquents parfois, comme c'est le cas, par exemple avec Tale of tales de Matteo Garone, (avec à nouveau Vincent Cassel, après avoir brillé dans Mon roi) le film qui se veut frivole mais hyper esthétisant dénonce néanmoins le pouvoir de la beauté qui fait des ravages dans la société moderne.
Cette année, les films abordent souvent les cassures familiales, le rejet et le manque d'amour sans trop de désespoir mais tournés vers un avenir peut être hypothétique, mais assumé. Pour notre part, on accueillera le résultat du jury sans regret... Le meilleur se trouvera toujours là, indubitablement.
Autre chose, avec 62 pays ayant pris part cette année au Village international, créé par le festival de Cannes pour accueillir les représentants des cinématographies du monde entier et promouvoir leur identité culturelle, un record a été enregistré cette année depuis la création du village en 2000. Aussi, outre les rencontres et les fêtes endiablées qui se font chaque soir sur la plage, d'aucuns repartiront avec des affaires juteuses sous le bras. Ce qui est le propre au demeurant du festival de Cannes. Ici malgré les apparences, on n'y vient pas uniquement, pour se pavaner en robe de soirée affriolante... mais pour bosser aussi!

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