Hommage à Abderrahmane Bouguermouh
L'âme de Da Abderrahmane à plané sur Ouzellaguen
Disparu le 03 février 2013, le grand cinéaste Da Abderrahmane Bouguermouh est revenu ce week-end en l'espace d'un hommage à sa mémoire.
Il est revenu dans sa région natale en compagnie de ses amis d'activité professionnelle, de ses amis d'enfance, de sa petite et grande famille, et des jeunes et moins jeunes venus des quatre coins de la wilaya, mais aussi d'autres wilayas afin de rendre hommage à l'homme, au cinéaste et à l'humaniste qu'il fut. Une louable initiative à inscrire à l'actif de la dynamique association «Horizon» qui a tenu a faire coïncider l'événement avec la célébration de la Journée internationale des langues maternelles. Ce n'est qu'un clin d'oeil à celui qui a consacré toute sa vie à la cause identitaire et à la culture et langue amazighes. L'hommage est rehaussé par une exposition relative au monde du cinéma ramenée d'Alger par la fameuse «association Llumière». Une riche exposition qui a accroché les présents à cet hommage. Depuis la bibliothèque communale, une procession s'est ébranlée pour gagner le cimetière familial afin de déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de Da Abderrahmane. Une prise de parole est vite improvisée pour témoigner sur le défunt cinéaste. C'est Na Djamila, qui a ouvert le bal, toute émue, a tenu à remercier tout ceux et celles qui ont contribué de près où de loin pour l'organisation de cet hommage. Suivi des prises de parole des P/APC d'ouzellaguen, d'Akou, du directeur de la télévision AL24 Salim Aggar, des présidents d'associations lumières et horizon, pour enfin laisser la parole au directeur de la culture, M Reghal, de clôturer par une promesse de rénover la salle de cinéma d'ouzellaguen pour lui donner le nom de Abderrahmane Bouguermouh. Le programme de l'après-midi a débuté par une visite de la maison qui l'a vu naître, maison malheureusement en ruine aujourd'hui. Suivi par un détour au site d'Ifri, qui abrite le lieu du fameux congrès de la Soummam.
Le deuxième jour de l'hommage a été réservé à des séances de témoignages sur la vie, le parcours et les oeuvres du cinéaste. Abderrahmane Bougarmouh, cinéaste de renommée, est l'une des figures emblématiques du cinéma algérien et père fondateur, sans conteste, du cinéma amazigh. Né le 25 février 1936 à Ouzellaguène, fils d'un instituteur de l'école normale française et d'une mère analphabète, mère au foyer adepte des poèmes et chants kabyles. Après le primaire et le moyen dans la région, Il poursuit les études secondaires à Sétif où il voit de près l'horreur et la mort lors des événements de 1945. Des évènements qui ont éveillé en lui la conscience nationale. En 1957, il rencontre l'écrivain Mouloud Mammeri. C'est de la que nait une longue amitié. Après un passage à l'Institut des hautes études cinématographiques en 1960, Bouguermouh réalise des émissions de variétés pour la télévision, RTF, à Cognacq Jay. En 1963, il retourne au pays et participe à la création du Centre national cinématographique algérien. Il en est exclu en 1964, à cause de ses convictions et ses idées progressistes. En 1965, sur un texte de Malek Haddad, il tourne «Comme une âme», un moyen métrage en tamazight. Le film est refusé par le ministère qui en exige une version arabe. Il part alors pour Paris où il post-synchronise le film en français: cela lui vaudra un deuxième licenciement, la confiscation et la destruction des positifs et des négatifs. Le film ne sera jamais diffusé. De 1965 à 1968, il réalise une série de documentaires pour enfin se lancer dans les moyens et grands métrages à l'instar de «Kahla Wa Beidha». C'était lui qui avait donné coeur et âme à «la colline oubliée» de Mouloud Mammeri. Il a tiré sa révérence après avoir signé son dernier ouvrage, un roman, qu'il nomme «Anza» qui était écrit initialement comme scénario d'un film. Un long écrit dans lequel il retrace les souffrances du peuple algérien durant le joug colonial, avec une halte bien particulière durant les événements du 8 mai 1945.