L'Expression

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SOFIANE SAÂDI, CHANTEUR ET MUSICIEN, À L'EXPRESSION

«J'espère bien venir jouer chez moi en Algérie...»

Du groove oriental à la musique occidentale

Du clair-obscur, sa teinte préférée, est sa musique et le tempérament de feu de cet artiste discret à la voix sensuelle. Une belle découverte musicale et un magnétisme certain pour son album El Mourjane qui sortira bientôt en France et pourquoi pas chez nous?

L'Expression: Sofiane Saïdi, vous êtes originaire de Sidi Bel Abbès comme Lotfi Attar de Raïna Raï, que vous connaissez très bien. Vous êtes musicien-chanteur ayant quitté l'Algérie dans les années 1990. Mais encore, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs pour vous faire connaître un peu plus?
Sofiane Saâdi: Je suis né dans le berceau de la musique raï, nourri des mélodies traditionnelles arabes que mon père et mes oncles affectionnaient, ainsi que des musiques aux accents modernes et occidentaux dont mon frère inondait la maison. C'est de cet amalgame que j'ai composé mon propre style aussi bien dans le chant que dans la mélodie. Mes influences s'étendent de Cheikha Rimiti, Oum Keltoum, Raïna Raï, Farid el Atrache jusqu'à Otis Redding, James Brown ou Ella Fitzgerald. A 12 ans à peine, la rencontre fortuite avec un groupe local de raï, m'a conforté dans ma vocation. C'est avec cette formation que je ferai mes premières armes sur scène lors de concerts de mariage, à Sidi Bel Abbès et Oran... Suite à l'insurrection d'octobre noir, j'ai dû quitter mon pays et m'installer à Paris. C'est alors que mes projets discographiques vont commencer à se concrétiser. En effet, en 1995, ma route croise celle du groupe afro hip-hop Tukuleur (Universal Music), avec lequel j'enregistre le titre Loin du monde. S'ensuit tout naturellement une tournée pendant laquelle nous assurons les premières parties d'artistes d'envergure internationale tels que Alpha Blondy, cheb Mami, NTM, ou encore Salif Keita. Les rencontres humaines et musicales s'enchaînent, les influences se précisent... Jusqu'au jour où j'ai rejoint Naab (Bloom records) qui finalisait son premier album. D'une même communauté d'idées et de son, naîtront deux titres Oum Keltoum et Amour et amitié aux influences électro-oriental-drum'n'bass qui figurent sur Salam haleikoum (Universal jazz.1999). Une tournée à travers l'Europe (Marseille, Madrid, Oslo...) ensorcellera le public jusqu'à la transe. Ces deux fameux titres figurent alors sur des compilations éditées en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne ou encore en Australie. Parallèlement, j'ai continué à collaborer avec un autre groupe, Yog Sothoth. Nouveau choc des cultures, ici ce sont des sonorités tsiganes et jazz qui prédominent. Mais l'alchimie se produit et nous avons pris la route à travers l'Europe, apparus dans les favoris du Printemps de Bourges 2001, puis, de retour à Brest, nous avons enregistré leur album autoproduit: Le cri du dindon. En 2003, j'ai participé cette fois à l'album Le dernier cri du collectif Ali Dragon (Label atmosphérique-universal) qui réunissait la section rythmique de Louise Attaque et Antidote (Mercury- universal). C'est lors d'un festival en Espagne, en août 2003, que j'ai rencontré Natacha Atlas. Cette dernière m'invite à Londres et deux duos naîtront (Oully et La li khaouf) qui figurent sur le dernier album de la chanteuse, Mish maoul (beggars group-naïve-avril 2006). Je travaille actuellement sur un projet plus personnel, mon album El Mordjane ou Les perles, une métaphore des choses précieuses et rares de la vie. Dans une tonalité clair-obscur, ces chansons écrites dans ma langue maternelle, racontent, à la manière des comédies musicales égyptiennes, les joies et les tourments de leurs héros. La tragédie désopilante des destins (´´Mektoub´´), la vieillesse et les souvenirs (´´Gasbah´´), et le thème universel de l'amour!
Vous reprenez quelques chansons du patrimoine que vous réarrangez donc selon votre sensibilité mais cela ne vous empêche pas de chanter une bluette sentimentale avec Natacha Atlas ou un titre plus rythmé dans le genre wahrani. Comment qualifierez-vous votre musique?

Pour mon projet d'album El Mordjane j'ai concocté le titre de ´´glamour-oriental´´. En effet, j'ai un goût pour l'electro-anglaise à travers des groupes comme talvin singh ou Gorillaz, des anciennes collaborations avec Naab, ou aujourd'hui tim whelan (transglobal underground), ce qui ne m'empêche pas d'aimer et même redécouvrir des artistes plus classiques et anciens, comme Salim Hallali dont je fais une reprise sur mon album, avec la chanson Taali.

Quel statut a l'artiste algérien aujourd'hui en France?
Beaucoup d'artistes algériens, dont certains très connus, sortent peu à peu du circuit, il y a eu des périodes où le phénomène raï était à la mode, est peu à peu vulgarisé, et de moins en moins d'organisateurs prennent le risque de programmer ce style. De nos jours, le marché de la musique impose aux musiciens, s'ils veulent être visibles, de faire du «commercial», j'entends par là une variété un peu facile, et de chanter en français en ce qui concerne les artistes algériens...

Je crois savoir que vous écrivez aussi pour les autres..
J'écris déjà pour moi, et c'est beaucoup de temps de travail, mais j'ai coécrit avec Natacha Atlas sur l'album précédemment cité, et plus récemment j'ai réalisé les compositions et arrangements d'un spectacle théâtral burlesque, pour la grande diva Maria Dolores, dans lequel je chante et tiens également le rôle de musicien très décalé!

Que représente pour vous le chanteur Salim Hallali?
Salim Hallali fait partie de ces artistes, qui par leur voix et leur talent, ont contribué à l'élévation et la reconnaissance de la musique algérienne et maghrébine, et ce, des années 50 jusqu'à nos jours. Et l'on découvre encore des perles cachées!

Vous m'aviez confié que vous rêvez de retourner au pays pour transmettre votre expérience aux jeunes Algériens?
Oui, ce désir se précise depuis ces deux dernières années, à mesure que je remarque un certain avancement et une ouverture dans le domaine culturel, ainsi qu'une jeunesse qui ne demande qu'à s'ouvrir au monde mais aussi redécouvrir son patrimoine. A l'heure actuelle, l'Occident et l'Orient ne peuvent ignorer cette jeunesse bouillonnante d'énergie, qui frappe à la porte, et compte bien jouer son rôle dans les années à venir, au-delà des frontières de la Méditerranée. Pour ma part, j'ai bien envie de participer à ce chantier enthousiasmant, pour produire des disques avec des jeunes, faire profiter de mon expérience de studio et faire du développement d'artiste (résidence, pré-production d'un live, d'un spectacle, etc.). Sachez qu'étant enfant j'avais tant aimé être pris en main par d'autres artistes, c'est un chemin long et périlleux même s'il est parsemé de petits bonheurs, et avoir un soutien à ses côtés, est toujours utile, et offre des raccourcis! Je prépare ma tournée pour le printemps prochain, j'espère et je compte bien venir jouer chez moi en Algérie...

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