Hasni ressuscité à Bab El Oued

20 ans après avoir été assassiné par la horde terroriste, le rossignol de la chanson raï est revenu à la mémoire et à son public, à travers ses chansons interprétées par les voix éblouissantes de 26 chanteurs.
Les artistes et le public ont mêlé, dans une ambiance émouvante et électrique dans la soirée de lundi dernier, leurs chants, leurs mots d'ordre et leurs larmes pour faire revivre Hasni, chanteur martyr de la décennie noire, lors du premier concert évènement «Génération Hasni, 20 ans après» organisé deux décennies après son assassinat à Oran, le 29 septembre 1994, à l'âge de 26 ans. Cet hommage organisé par l'Office national des droits d'auteurs et des droits voisins (Onda) en partenariat avec la Maison d'édition musicale Padidou a été animé par des chanteurs, de tous âges et profils et dont certains ont connu très jeune le chanteur de Gambetta, c'est le cas notamment de Houari Dauphin qui avait à peine 18 ans, quand il a connu Hasni qui l'avait encouragé à poursuivre son parcours artistique. La salle Atlas de Bab El Oued qui pouvait accueillir 3 500 personnes était trop exiguë pour contenir tous les fans des Hasni, mais aussi toutes les stars qui voulaient lui rendre hommage.
Ainsi, plusieurs étoiles de la chanson raï étaient présents pour rendre hommage à Hasni, comme Fadéla, Houari Dauphin, cheb El hindi, cheb Tarik, cheb Brahim, Mohamed Lamine, Rédha el Ouahrani, Amine Titi, cheikh Mami, Nada Rihane, Bilal Seghir et cheba Kheira ou encore Kader Japoni, l'enfant terrible de Bab El Oued.
Mais également d'autres artistes qui ne chantent pas le raï, mais qui ont tenu à marquer leur présence par leur style et le genre avec cet hommage unanime. C'est le cas de Chamssou du groupe Freeklane, de Lyes, de Hayet Zerrouk, de Rajah Meziane, ou encore de Salima Abada.
Le tout sous la direction artistique de Hakim Salhi. Leurs interprétations ont déclenché l'enthousiasme d'un public que semblait animer entièrement le souffle de Hasni lors de ce concert qui l'a, de l'avis de tous, «ressuscité».
Des familles, des adolescents et des jeunes non encore nés lorsque la star du raï a été assassinée par balles dans son quartier, reprenaient avec facilité dont les fameux Bab El Oued Echouhada (Bab El-Oued, martyre), One, two, three, Viva l'Algérie datant des années 1970 ou encore Hasni Allah Irahmou (Hasni que Dieu ait son âme). Sur un fond d'images de cheb Hasni chantant devant les foules, des interprètes du raï et d'autres genres musicaux se sont succédé au micro pour interpréter les célèbres tubes du cheb, repris en choeur par un public en ébullition, ont lancé les premières salves accueillies par des applaudissements et des mots d'ordre de plus en plus créatifs à la mémoire du regretté cheb. Li Fiha fiha ou gaâ enness mchett/Ana nbqa fiha ou kima jet jet (S'il se passe des choses que les gens fuient, moi je reste ici et advienne que pourra), le célèbre refrain par lequel Hasni affirmait son choix de demeurer dans sa patrie malgré les menaces reçues, a fait pousser à l'assistance des cris, saluant le courage du jeune homme abattu la même année que l'universitaire Abderahmane Fardeheb et le dramaturge Abdelkader Alloula, également fils d'El Bahia.
A l'occasion de cet hommage, la femme de Hasni et son frère Houari ont répondu à l'invitation du DG de l'Onda, Samy Bencheikh, et étaient présents à ce concert mémorable sur feu Hasni.
Sa veuve a pris la parole et a annoncé que son fils Abdallah n'avait pu assister à l'hommage, car son enfant allait naître d'un moment à l'autre. Melouka prends soin de son fils! ont alors chaleureusement chanté les jeunes dans l'immense salle Atlas.
D'une seule voix, le public a continué à accompagner les douces romances ou les tristes mélopées disant l'amertume de l'homme trahi, déçu par les siens, humilié par l'adversité, qui ont fait le succès fulgurant du chanteur.