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JOURNÉES CINÉMATOGRAPHIQUES D'ALGER

Etat des lieux du 7e art algérien

Outre la projection de courts métrages algériens, certains bons et d'autres nettement moins bons, qui a attiré un panel de cinéphiles, la soirée de samedi dernier a été consacrée à la projection d'un documentaire du Libanais Rani Bitar, autour du cinéma algérien.

Qu'est-ce qu'un film algérien? A qui s'adresse un film algérien? Existe-t-il un cinéma algérien? Comment fonctionne-t-il? Par quel moyen est-il financé? Autant de questions qui se chevauchent et dont les réponses ont été données aussi bien lors de la projection du film de Rani Bitar, Un film algérien que lors du débat qui a suivi la projection de nombreux courts métrages algériens, portant justement sur cette forme de cinéma assez marginalisé en Algérie. Voila un réalisateur libanais qui s'intéresse au 7e art algérien. Pas une si mince affaire. Cette oeuvre qui s'avère être une commande d'El Jazeera documentary est en fait une production libano-qatarie-algérienne. Le traitement du film est original quant au propos véhiculé par l'ensemble des cinéastes interrogés, mais bien que mille fois rabâché, mérite encore d'être entendu à nouveau tant que les choses ne changent pas dans le bon sens. Raconté en noir et blanc, un jeune Algérien établi à Paris, parle du cinéma algérien à travers les films qui ont marqué sa vie, plusieurs figures du cinéma algérien défilent devant sa caméra, entrecoupées d'extraits de leurs films, cette fois-ci en couleur. Une manière de compenser et d'établir un certain équilibre esthétique à son film documentaire. Le jeune réalisateur nous livre ainsi son sentiment d'après toutes ces analyses et conclusions au regard de ce qu'il a entendu parmi toutes ces personnes, dont la majeure partie vit en France et les autres établis en Algérie. Qu'est-ce qu'un film algérien alors? Pour Karim Moussaoui, un film algérien serait celui de son financement sans doute, ou celui du pays de son financement, mais encore la nationalité de son auteur. Il citera ainsi les deux principaux bailleurs de fonds en Algérie, à savoir le Fdatic et l'Aarc, mais l'aide ne suffit pas pour faire un film, c'est pourquoi il reconnaît avoir eu de la chance de trouver une bonne productrice qui l'a aidé notamment à réaliser son dernier court métrage, Le jour d'avant. Pour Lyès Salem, le cinéma algérien sera cent pour cent algérien le jour où «la médecine et l'éducation notamment seraient elles aussi à cent pour cent algériennes», reconnaissant que ce dernier ne l'est que dans le cas des films autour des héros de la révolution. Il ajoutera que l'Algérie est un variable vivier de cinéma, où l'Algérien, un être entier, a le don de se surpasser dans n'importe quelle situation qu'elle soit ridicule ou autre. Merzak Allouache évoquera pour sa part, la censure étatique dont il fait l'objet, le poussant paradoxalement à vouloir encore plus tourner, même si dans l'urgence en Algérie, en multipliant les expériences cinématographiques ces dernières années. Il avouera en outre que le cinéma algérien est tributaire aujourd'hui des grands évènements. Pour Adila Bendimerad il est absous d'évoquer les jeunes cinéastes comme les artistes du futur alors que c'est «maintenant que les choses se passent car ces gens sont là» et qu'il faut apprendre à composer avec au présent et non pas attendre le futur hypothétique. Pour le père de Nahla, Farouk Beloufa, l'Algérie a essuyé un véritable échec quand elle a voulu nationaliser le cinéma, après l'indépendance, estimant d'emblée, que l'Algérie a échoué à réaliser une industrie cinématographique. Pour Khaled Benaïssa acteur mais aussi réalisateur, celui qui incarnera prochainement le rôle de Ben M'hidi dans le dernier film en cours de Bachir Derrais, en Algérie on ne parle même pas d'agent pour les comédiens et de soulever un problème épineux qui se pose à lui. Celui qu'a eu son agent français à négocier avec la production de ce long métrage et dont l'Etat voudrait qu'il soit justement une production à cent pour cent algérienne. Bachir Derrais releva pour sa part l'incohérence du système qui pousse à faire des films dans un pays qui souffre de diffusion. Pour le producteur de Thala Film Yacine Bouaziz, quels que soient les moyens obtenus ou pas, a-t-il estimé «on fera des films» ajoutant que les réalisateurs algériens aujourd'hui ne se mouillent pas assez quant au choix des sujets abordés qui restent souvent assez lourds, sans trop d'originalité. La féministe, Wassila Tamzali, évoquera pour sa part les femmes peu nombreuses dans le paysage cinématographique algérienne même si leur poids ne demeure pas négligeable et de citer Assia Djebar et Djamila Sahraoui. D'autres intervenants comme le critique de cinéma, M.Bejaoui, aborderont le sujet de l'historique du cinéma algérien tandis que Abdelkrim Bahloul, un autre cinéaste qui a étudié le cinéma sur les mêmes bancs de l'école à l'étranger que Farouk Beloufa dira que l'important n'est pas de rester ou pas en Algérie pour faire un film car un artiste est d'abord et avant tout un être libre et la liberté se doit d'être un moteur dans son travail, comme le mentionnera également Merzak Allouache qui affirmera que Omar Gatlatou se fera à l'époque du parti unique et du monopole étatique sur le cinéma avant de passer au privé, un système que l'Algérie tente aujourd'hui difficilement de reconquérir d'après Ahmed Bejaoui qui insistera sur la nécessité de donner la place aux jeunes pour faire des films, dans un contexte tout aussi miné par l'absence du public, dit-on. Ce dernier ayant fui les salles pendant la décennie rouge, n'y revient toujours pas encore en masse depuis. Enfin, pour Hamoudi Laggoune, chef opérateur, la différence entre les anciens et les nouveaux réalisateurs résiderait sans doute dans le fait que les uns sont plus portés sur la théorie et les derniers sur la pratique, ne voyant pas une grande différence sur le plan de la maîtrise technique de nos créateurs aujourd'hui comparée à celle de l'étranger au regard de la disponibilité des informations sur le Net pour se former, bien que ce segment demeure encore le chaînon manquant dans notre cinéma. Il ajoutera encore que le plus important pour lui se situe non pas dans le salaire, mais dans la qualité des moyens qui seront mis à sa disposition. En somme, un bon état des lieux du cinéma algérien, et un horizon somme toute assez flou au final, que dresse ce documentaire sur un cinéma qui prendrait comme devise: «Chacun pour soi et Dieu pour tous.» Et advienne que pourra. Pas faux...

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