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La maison de Mohamed Khadda transformée en résidence d’artistes

De l’engagement politique à la transmission artistique

Rhizome, galerie d’art contemporain basée à Alger, vient de s’agrandir, grâce à l’acquisition d’ un nouveau lieu de résidence, des plus mythiques, situé à Alger- centre…

L'inauguration de ce nouveau lieu de résidence s'est tenue jeudi dernier, dans l' ancien domicile-atelier de l'éminent artiste Mohamed Khadda, pionnier de la peinture algérienne moderne et figure emblématique du champ culturel algérien. «En ce lieu, Rhizome souhaiterait offrir un espace de recherche et de création à des artistes algériens·nes et internationaux·ales ainsi qu'au studio graphique Chimbo qui y aura ses quartiers généraux dans cet espace même.», nous apprend--on. Et de préciser: «Conçue par l'architecte et artiste Jean de Maisonseul dans les années 1950, cette maison a accueilli une intense activité intellectuelle et artistique que nous souhaitons réanimer avec nos différents programmes.» «Ce lieu- là va accueillir des artistes qui seront en résidence, mais aussi des ateliers d'écriture avec les éditions Motive. Ce sera aussi un lieu de vie où on aimerait accueillir d'autres activités proposées par toute personne intéressée. Nous accueillons trois artistes en ce moment, qu'on espère voir exposer bientôt à Rizhome ou ailleurs. Nous accueillons des artistes dans le cadre de trois programmes de résidence, notamment avec nos partenaires l'Institut français, l'Institut italien, mais aussi dans le cadre de nos appels à candidature réguliers....», dira Khaled Bouzidi responsable de Rhizome.
«Un passage de relais magnifique»
Cette inauguration conviviale, a été l'occasion de présenter une sélection d'affiches de Mohammed Khadda, ainsi que la réédition de son livre «Éléments pour un art nouveau» (2015, éd. Barzakh). Présente à cet événement, Selma Hallal co-éditrice de Barzakh Edition a longuement loué l'engagement de Mohamed Khadda et son travail tout en saluant l'acte généreux et son admiration à Najet Khadda qui a tenté à maintes reprises de proposer cette maison en musée dédiée à Mohamed Khadda, en vain! Et de la voir, enfin, transformée en une résidence dédiée aux artistes en devenant ainsi ce passeur entre deux générations. « Je trouve, au fond, extrêmement cohérent avec le souci qu'elle a, du partage et de la transmission. Un passage de relais magnifique que je trouve extraordinaire car ça participe aussi à une belle conscience citoyenne, avec l'idée de mutualiser des forces.» dira Selma Hellal. Evoquant le livre «Eléments pour un art nouveau» Selma Hellal dira que cette publication s'inscrit dans cette logique de la nécessité de revenir à la profondeur historique, à cette conscience d'appartenir à une filiation... (...) ce qui m'a marqué, en relisant ce livre est la modernité saisissante de la réflexion de Mohamed Khadda. On a l'impression qu'il parle d'aujourd'hui. C'est troublant même. Il embrasse tout, il peut parler de Benanteur, de Arezki Larbi, Issiakhem, Rachid Koraichi en passant par El wassiti.... C'est ébouriffant tout en étant extrêmement rigoureux. Il est dans cette tradition humaniste des grands savants érudits comme Leonard Devinci qui embrassait tout un spectre de connaissances qui aujourd'hui n'est plus. (...) il a le souci d'éduquer, d'éveiller et d'éclairer et jamais il ne cède au didactisme et à la lourdeur qui peut parfois l'accompagner. Il essaye toujours de maintenir ces deux objectifs: éduquer et en même temps inspirer, éclairer sans être paternaliste. On accueille ce savoir sans se sentir écrasé par lui. Pour moi ce livre est une sorte de dictionnaire raisonné des artistes de l'époque. Une espèce de matrice dans laquelle on peut se plonger. C'est un outil de référence pédagogique mais animé d'un souffle qui va vous porter. C'est une base de donnes. Un outil de travail y compris pour les jeunes, ceux la qui ne le connaissent pas forcément. Il est assez exhaustif me semble t-il. Enfin, ce qui m'a le plus frappé c'est la beauté de la phrase de Mohamed Khadda, (...) c'est d'autant plus bouleversant car j'ai redécouvert qu'il était autodidacte, il venait d'un milieu extrêmement pauvre. Son écriture est une prose éblouissante, d'une limpidité. Elle es t lumineuse....»
Le poète
de la peinture
à l'écriture
Prenant à son tour la parole, Najet Khadda abordera les deux volets, «les talents» que maîtrisait Mohamed Khadda, à savoir la peinture et «l'écriture qui restait en sous- bassement, puisqu'il a été imprimeur...» Et de souligner: « Ce qu'il y a dans ce livre et ce que vous voyez sur les murs (ses affiches, Ndlr) ramène à une époque sans qu'il y ait une volonté explicite de témoignage. Ce sont des pièces maîtresse d'une époque, évocatrice de ce que nous avons vécu, pendant la guerre d'indépendance et les premières années de l'indépendance.». Et de souligner ce trait de passation, entre artistes, intellectuels, qui existe grâce à cette maison symbole de modernité et de liberté qui l'habitaient. Ayant été enseignante, Najat khadda avouera être elle-même «modelée par cette mission de transmission. Mon devoir je pense est de ne pas laisser se dissiper les trésors que nous a légués Mohamed Khadda. Je ne veux pas être perçuee comme une personne qui fait la propagande ou la publicité du travail de son mari, loin de moi cette idée. Mais je pense que, de par ma fonction même d'enseignante, je suis dans l'obligation de transmettre ce quelque chose que j'ai appris en étant très proche de lui, quelque chose dont j'ai vécu, et que j'ai compris grâce à cette proximité». Et de relever: « Ce livre est une synthèse de sa pensée.C'est un livre qui se veut très modeste et très ambitieux à la fois, car il voulait être didactique mais sans être pesant. Il écrivait de façon spontanée et dans cette spontanéité, on retrouve à la fois la richesse qui l'habitait et la clarté qu'il voulait mettre dans son propos pour le rendre accessible au plus grand nombre. Son engagement dans le Parti communiste exprimait son désir à la fois de partage, de progrès, d'égalité et surtout d'émancipation du peuple.»Et d'annoncer la publication prochaine d'un catalogue raisonné qui se voudra dit- elle «original et atypique» et d'indiquer s'être «chargée de répertorier ses oeuvres éparpillées un peu partout et de réunir toute cette matière, le maximum que j'ai pu avoir entre les mains. J'espère que ce catalogue raisonné sortira le mois prochain si les conditions le permettent. Et j'espère venir après le présenter en ces lieux»,a-t-elle conclu. Pour rappel, Rhizome fonctionne à la fois comme une galerie commerciale et une organisation artistique indépendante. Rhizome travaille sur la promotion des artistes émergents et ceux déjà établis, en se focalisant sur l'art de l'Algérie et de sa diaspora. À travers la collaboration avec des artistes, nous travaillons en étroite conformité avec les approches et les pratiques individuelles, afin de soutenir la réalisation de projets extraordinaires tout en établissant une communauté diverse pour échanger des perspectives différentes, combler un fossé générationnel et cultiver l'apprentissage mutuel. Pour sa part, Chimbo est le fruit sauvage du cactus, c'est aussi un studio graphique indépendant créé à Alger en 2016. Poussant au bord des routes, il s'inspire du graphisme urbain pour nourrir une pratique allant de la direction artistique - identité visuelle et design éditorial - à la conception et l'animation d'ateliers artistiques, en Algérie et ailleurs. Louise Dib & Riad Hamed Abdelouahab s'attachent à cultiver l'indépendance de Chimbo pour partager avec leurs collaborateurs la passion d'une rigueur graphique et récolter à chaque fois un projet original. 

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