L'Expression

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EXPOSITION-VERNISSAGE «AL-TIBA9», 3E ÉDITION

Au royaume de l'imaginaire

Très belle déambulation au royaume de l'imaginaire et du fantasque. Un vent de liberté a soufflé la semaine dernière à Alger.

Plus exactement au Musée national du Bardo. Inaugurée dans ce somptueux joyau architectural, la 3e édition de l'exposition collective «Al-Tibak», promettait de belles surprises. Nous n'avons pas été déçus du voyage. Des oeuvres énigmatiques à l'estampille artistique résolument contemporaine ont été présentées au public algérois et dont les auteurs sont originaires en partie d'Alger, mais aussi de Barcelone, Berlin, Rome, New York et Taiwan. En prenant comme référence la science, les tenants de cette exposition rappellent que la réalité est d'abord un fait imaginaire.
En attestent les propos de ce grand philosophe français: «L'imaginaire n'est pas comme le suggère l'étymologie, la faculté de former des images de la réalité, elle est la faculté de déformer les images qui dépassent... Elle est la faculté de surhumanité» et d'affirmer encore: «L'imagination est notre liberté elle n'est séparée ni du rationnel, ni du spirituel, (...) elle permet d'adhérer librement à la vérité.» De quelle vérité s'agit-il dans cette expo? Il s'agit de convictions personnelles et sans doute intimes, propres à chaque individu et partant, de chaque artiste qui nous présente ici un fragment de lui-même, de sa personnalité et de ses errements dans l'espace-temps qu'est cet univers onirique peuplé d'images fantastiques. Aliénation mentale ou digression de la pensée déraisonnée? Ici et là, des oeuvres qui témoignent pour certains de la folie du monde par l'endoctrinement audiovisuel, l'incarcération des cerveaux dans une boîte cathodique comme le suggère Nadjib Benmokhtar à travers ses quatre photographies grand format dont une en noir et blanc.
Le corps aussi comme support à «chuchotement au vent» en corrélation avec la nature est la proposition artistique de l'Espagnol Albert Coma Bau qui revient encore cette année avec quasiment les mêmes dessins de corps enchevêtrés, tels des branches mais avec d'autres nouveautés aussi. Pour sa part, le graphiste et designer Amine Aïtouche (alias Sneak), présente cinq toiles.
Le street art passe de la rue à la galerie d'art sans sourciller. Amateur de flat design (design plat), notre jeune artiste qui a déjà expérimenté sa démarche au niveau de l'Institut français d'Alger, réitère son exploit décliné en autant de variations esthétiques de géométrie et d'alphabet, ajoutant cette fois un prévalu: celui de la peinture sur toile. «Car cette dernière n'est pas éphémère comme le street art.» Outre les photos, dont celles bien rafraîchissantes, colorées et dynamiques signées Mazia Djaballah et intitulées «Barzakh», Mo' Mohamed Benhadj qui figure dans les images de cette dernière (tous deux membres du collectif Aswad) a présenté une très belle performance autour du poids du corps au sein de la société et son élévation grâce à l'imaginaire.
En effet, le visage cagoulé, bras noircis et à moitié nu, le jeune artiste a déambulé au sein du patio du musée du Bardo formant un cercle désorienté.
Les mains badigeonnées d'encre, il touchera, au passage, quelques spectateurs qui recouvriront cette peinture comme un effet de paroi de transmission énergétique pour faire revivre le halo de vie qui nous anime. Mo' Mohamed Benhadj, un esprit libre et frondeur, a su traduire paradoxalement cette légèreté immatérielle qui nous transporte et à laquelle il est en effet très rare, voire difficile, d'accéder si on n' arrive pas à se débarrasser complètement du poids des contingences de toutes sortes, de ces poids qui nous étouffent parfois et qui finissent par alourdir et nos corps et nos âmes...l'artiste en parcourant son «chemin de croix» titubera comme s'il portait en effet un lourd fardeau sur son épaule. Son chemin paraîtra à la fois sombre, mais aussi illuminé de la plénitude qui était sous-tendue par une musique électro-orientalo- pop créée par le jeune artiste lui-même. Une autre performance cette fois montrée en vidéo tend à faire incarner l'ascendance de la musique sur le corps. Mi-déséquilibrée, mi-décalée et créée, pour se faire, de façon répétée un sentiment de lassitude et de trouble chez lui.
Une chorégraphie minimaliste qui prend le risque d'ennuyer le spectateur. Une oeuvre signée Richter/Meyer/Marx et surtout une «délivrance» sensorielle enfin comme pour nous inviter à vivre et à ressentir les choses.
Une façon de dire sans doute que l'art permet de libérer l'esprit et le corps, pour peu qu'on se laisse emporter par son imagination et ses rêves. Cette belle exposition en tout cas est à ne rater sous aucun prétexte.

De Quoi j'me Mêle

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