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MOUNIA MEDDOUR, RÉALISATRICE, À L'EXPRESSION

«Au départ j'ai rejeté le cinéma, mais à 20 ans...»

Mounia Meddour fait partie de cette nouvelle génération de réalisatrices algériennes, qui trace son parcours au fil des films et de la vie. Fille du célèbre réalisateur de La Montagne de Baya, Azzedine Meddour, Mounia qui est née en France en 1978, avait dans un premier temps choisi la voie du journalisme comme première étape dans sa carrière. Après avoir obtenu un diplôme au Cefp et à la Fémis. Elle finit par épouser la cause du 7e art en devenant l'héritière malgré elle des films de son père. Elle se rend très vite compte que le cinéma est finalement héréditaire et que la passion du 7e art est innée. Elle réalise son premier documentaire en 2007 Particules élémentaires, puis enchaîne avec La Cuisine en héritage en 2009, avant de s'intéresser en 2011 à la jeune génération du cinéma algérien à travers son documentaire Cinéma algérien, nouveau souffle. Elle vient de réaliser son premier court-métrage de fiction Edwige, présenté au Short Corner lors du dernier Festival de Cannes. C'est à cette occasion que nous avons rencontré cette jeune réalisatrice à la culture et au caractère trempés, et qui a hérité de son père: la générosité, le talent et la vision identitaire.

L'Expression: En mai dernier vous avez participé au pavillon algérien du Festival de Cannes, peut-on connaître les raisons de votre participation?
Mounia Meddour: Oui, effectivement, ce fut un grand honneur d'être présente au stand algérien lors du Festival de Cannes. J'étais présente pour deux raisons: d'abord, pour le documentaire que j'ai réalisé l'année dernière qui s'appelle Cinéma algérien, nouveau souffle, qui retrace un petit peu la nouvelle génération des réalisateurs et ensuite pour présenter un court métrage que j'ai réalisé et qui s'appelle Edwige et qui a été sélectionné pour le prix Unifrance du Festival de Cannes, et présent au Short Corner. Donc voilà, je représente ces deux films là et à côté de ça c'est un lieu de rencontre de visionnage de film et de projection, et c'était un plaisir d'être là-bas.

En tant que jeune réalisatrice, vous avez fait un documentaire très intéressant sur la new génération du cinéma algérien, quel regard portez-vous sur cette nouvelle génération de cinéastes justement?
Pour moi, ce film c'était très important de le faire et j'ai réalisé dans l'urgence, parce que je sentais qu'il y avait vraiment quelque chose qui se faisait en Algérie. Des personnes avec qui j'étais aussi en formation comme Mounès Khemmar, c'était aussi des amis et donc c'était important de leur donner la parole, de parler de leur film, de les présenter et de dire, voilà malgré la difficulté, il y a tout de même une génération qui est là, Maintenant le regard que je porte est différent, les courts métrages sont très intimes et très intéressants et j'attends de voir la suite parce que c'est assez prometteur.

Votre film a eu un bon parcours dans les festivals, notamment en France, dans le Maghreb et au Moyen-Orient. Qu'en est-il de sa production, est-ce que l'Algérie a participé à son financement et est-ce qu'on espère le voir sur une télévision algérienne?
Le parcours de ce film a été assez compliqué. En fait, j'avais le choix entre attendre des financements durant six mois ou une année ou l'autoproduire. J'avais le sentiment qu'il fallait faire quelque chose en urgence et l'option de l'autoproduction ou une coproduction, s'est imposée et donc je suis coproductrice de ce projet. On n'a pas sollicité d'aide financière parce qu'on savait que cela allait prendre six à sept mois, voire une année pour préparer tous les dossiers, donc on a préféré s'autoproduire et réaliser ce film rapidement. Ensuite, le film a été diffusé beaucoup dans les festivals, notamment au Maroc où il a eu le prix de la critique, il a été diffusé à Fès, à Zagora et en France, mais il n'a pas été encore diffusé en Algérie, moi je serais très contente s'il était projeté en Algérie.

Pourquoi justement il n'a pas été projeté en Algérie?
Tout simplement parce qu'il n'y a pas eu d'opportunité, mais nous allons organiser quelque chose, c'est le moment.

Pour ceux qui ne le savent pas, tu es la fille de Azzedine Meddour, l'un des réalisateurs algériens les plus talentueux, tu étais, bien sûr, très jeune pour participer à ses plateaux, mais quelle influence a-t-il sur ton parcours et surtout sur ton cinéma?
C'est assez compliqué parce qu'au départ, pour mon cas, c'était le rejet; je ne veux pas faire comme papa, je veux faire autre chose, mais quand on a un père qui est cinéaste, cette voie s'est un peu imposée à moi. Je me suis retrouvée à 20 ans à diffuser la Montagne de Baya, parce que mon père était malheureusement décédé quelque temps après avoir fini le film et qu'il fallait absolument diffuser le film dans les festivals et lui donner une vie malgré la disparition du réalisateur. Donc, je me suis vraiment plongée dans cette tâche et dans cette démarche et au fur et à mesure je suis passée de la diffusion à la distribution, à la production et ensuite à la réalisation. Donc je suis passée par le documentaire et je trouve vraiment que c'est une forme très intéressante, je m'intéresse surtout à l'humain, les rencontres, les histoires des uns et des autres, donc j'ai commencé par ce genre. Et mon père comme par hasard avait commencé par le documentaire dans les années 1980 et après le documentaire j'ai fait une première fiction, parce que c'est assez curieux aussi de voir toute cette grosse machine qui est la fiction avec les comédiens, les équipes techniques, donc c'était une curiosité de passer à la fiction.

Votre père avait fait un film en tamazight, est-ce que vous avez le même regard que votre père sur le cinéma amazigh aujourd'hui?
Non, je pense que le cinéma est universel, je n'ai pas de préférence par rapport aux origines des films, je regarde les films français, je regarde les films algériens, les films japonais, je n'ai pas de préférence par rapport au cinéma amazigh.

Quel est alors votre avis sur le cinéma algérien en général sachant qu'il existe deux cinémas, celui qui se fabrique en France principalement et celui qui se fabrique en Algérie?
Moi je pense que c'est une chance d'avoir eu un pavillon algérien à Cannes parce que cela va promouvoir les réalisateurs et cela va créer des coproductions et provoquer des rencontres possibles. Je pense que les deux cinémas doivent absolument se lier, parce que les idées sont en Algérie, les sujets forts, les histoires, les gens sont en Algérie, par contre, le financement est en France, donc voilà, il faut absolument trouver une solution pour les lier et faire de bons films. Car même si les réalisateurs algériens sont en France, les sujets forts sont en Algérie, donc il faut donner une vie à ces films.

L'Algérie a repris sa place au Festival de Cannes, avec l'installation d'un stand. Le Monde arabe qui a vécu une conjoncture difficile, est présent avec trois films dans cette importante manifestation, pensez-vous que le cinéma arabe a sa place à Cannes malgré la domination du cinéma américain, européen et, bien sûr, français?
Vous savez, pour la compétition officielle il y a une ligne assez déterminée, mais les bons films sont aussi à la Quinzaine et à la Semaine de la critique, je pense que les films du Sud sont assez représentés. Il y a une présence iranienne, égyptienne et d'Amérique latine assez importante, donc je pense que les films du Sud ont leur place, il faut juste continuer à creuser à raconter ce genre d'histoire, et même si la politique est en faveur ou en défaveur de ses thématiques, les films sont en tout cas présents.

Quels sont vos projets futurs, est-ce qu'on peut attendre un long métrage....avec un sujet algérien?
Oui, je l'espère, c'est en écriture.

Sur quel thème?
Moi je suis très proche des sujets sur la femme, c'est un portrait croisé de trois femmes à Alger, voilà je n'en dirai pas plus. J'ai un autre projet en préparation, c'est un long métrage français produit par deux producteurs français qui est l'adaptation du court métrage. Donc voilà, il y a ces deux projets, on verra lequel passera le premier.

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