L'Expression

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Le repos du guerrier

«La propagande est un tapis roulant qui vous emporte ou vous oblige, pour garder l'équilibre, à courir en sens inverse.» Libérez Barabbas (1957) Gilbert Cesbron

On nous a longtemps dit qu'il fallait tenir l'art loin des idéologies et que l'engagement dans l'expression artistique n'est qu'invention des bolchéviks qui n'ont fait de leur production qu'un grand ramassis de slogans. C'est simple, le septième art, entre autres, ne devrait être qu'un grand spectacle d'où le consommateur frustré devrait ressortir rassasié. C'est vrai qu'en regardant la plupart des productions américaines qui arrivent à nos écrans, on arrive à se persuader de cette simple vérité. Mais à regarder de près, il nous arrive quand même, des moments où la lucidité perce sous l'émerveillement causé par la richesse des décors, l'audace des effets spéciaux et des situations inédites dans lesquelles se débattent des personnages très courants, presque comme vous et moi. Ils sont simplement américains et de ce fait ne peuvent pas être comme vous et moi puisque leur monde, si proche et si lointain, est si différent du nôtre. Je vous avais déjà parlé l'autre jour de la pléthore de séries télévisées qui nous arrivent, aussi bien par le satellite, que par Internet: elles sont toutes d'une inégale qualité et certaines perdent même de leur intérêt dès le visionnage du troisième numéro... Mais cet intérêt existe quand il s'agit d'en faire une analyse sociologique ou politique et c'est là qu'on s'aperçoit que sous la mince apparence de comédie de moeurs, l'idéologie dominante chez l'Oncle Sam est présente et prend même une allure flagrante de propagande. Je suis tombé comme par hasard, au moment même où Obama essaie de corriger les c.....ries faites par son prédécesseur en Irak, en livrant des armes à des Kurdes qui sont menacés par les salafistes armés par les alliés d'America, sur la série Army wives, qui veut dire en bon français, femmes de l'armée. Il ne s'agit pas là seulement de femmes engagées dans l'action civilisatrice de l'armée américaine chez les Peaux-Rouges d'Asie, mais aussi des femmes au foyer qui partagent le quotidien stressant des boys qui attendent une mission incertaine dans un hypothétique pays situé dans un Moyen Age restauré grâce aux attentions bienveillantes des pays de l'Otan. C'est la vie trépidante dans une de ces énormes bases militaires qui parsèment le périmètre sécurisé du gendarme du monde et qui n'existe même pas dans Google Earth. Et alors, on tombe de haut! De très haut! Moi qui ai atteint depuis longtemps l'âge d'être grand-père et qui avait suivi avec attention toutes les manifestations grandioses du peuple des Etats-Unis et d'ailleurs contre la sale guerre menée par la première puissance militaire du monde (après Israël!) au Viêt-Nam, je m'aperçois soudainement que les concepteurs de cette pâle série de propagande ont oublié tout simplement la déculottée prise par les capitalistes au Viêt-Nam et de l'effet boomerang que cela avait produit sur la production artistique du pays des droits de l'homme blanc: on se remémore alors que le Rambo n° 1, n'est qu'un violent pamphlet contre les effets pernicieux de la guerre chimique et biologique menée contre un petit peuple, des conséquences désastreuses sur le moral et sur la santé physique ceux qu'on montrera plus tard comme des héros. Army wives ne montre pas les actions héroïques de ceux qui pratiquent une guerre comme un jeu électronique, mais décrit la vie des familles hébergées dans ce vaste camp. Les épouses, comme les soldats représentent toutes les couches sociales et toutes les ethnies qui forment cette nation: on nous les montre comme un grand corps soudé, arc-bouté vers un seul but: soutenir l'action de ceux qui vont défendre «l'honneur» de l'armée et du pays. Les épouses, qu'elles soient des pénélopes ou des salopes qui font des enfants dans le dos de leurs maris, qu'elles affrontent des épreuves liées à l'économie, à l'éclatement des familles ou aux répercussions des conflits lointains, se montrent toutes solidaires et présentent un front uni: on ne verra pas une mère faire le pied de grue devant le ranch de George Bush pour demander qu'on lui rende son fils tué là-bas...
Army wives est une série de basse propagande loin des préoccupations humanistes de Norman Mailer ou de la peinture tristement réaliste de Le retour de Hal Ashby.

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