L'Expression

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Avec clause

«Entre Volat et Tancogne existait un pacte tacite, aux clauses multiples et délicates, de ces clauses qu'un papier officiel ne pourra jamais mentionner.» Maurice Genevoix

«Ton pessimisme me scie les jambes!» me dit Lounès en refermant brusquement la chemise dont il voulait me faire lire le contenu. Il l'aplatit d'un coup de poing et, posant les deux coudes sur la table pour bien me faire face, il continua: «Donc, d'après toi, il ne faut pas s'attendre de sitôt à une amélioration de la situation?» «A moins d'un miracle ou d'une disparition totale de la génération qui maintient le statu quo, il ne faut pas que les pauvres gens comme nous s'attendent à quelque chose de positif. Et ce n'est pas le changement d'un alinéa d'une Constitution sans cesse retournée qui te remplira le couffin ou te donnera un logement décent. «La ronce ne donne pas de figues» dit le proverbe kabyle. Souviens-toi du discours de feu Boumediene à l'inauguration d'un village agricole. Il avait déclaré: «Si jamais, la bourgeoisie prend le pouvoir, vous ne verrez plus la lumière!». On ne l'avait pas cru alors. On croyait qu'il jouait à nous faire peur pour que l'on applaudisse à chacune des décisions qu'il prenait. Bien entendu, nous ne sommes pas encore dans l'obscurité totale, mais nous sommes bien engagés sur la route qui y mène. Les salaires demeurent insignifiants malgré quelques réajustements qui n'ont touché que quelques secteurs «sensibles» et l'érosion du pauvre dinar n'arrange pas les choses. Et ce ne sont pas les gesticulations qui se font à la veille de l'élection présidentielle qui vont donner de la crédibilité à des institutions qui marchent par à-coups. Je rigole quand je vois les gens se précipiter pour fournir un dossier qui leur promet les clés d'un appartement: ceux qui en ont fait la demande il y a plus de dix ans, attendent toujours la convocation. Et pendant ce temps-là, des autorités se démènent pour offrir des logements à ceux qui ont squatté des caves, des terrasses d'immeuble ou des terrains publics: une manière d'encourager la délinquance et la politique du fait accompli. Tiens! la dernière fois que je suis entré chez un notaire, j'ai assisté à une scène qui m'a laissé pantois. Une dame d'un âge respectable s'est présentée et a demandé au notaire si elle pouvait obtenir par acte notarié l'engagement de vente d'un logement Aadl de la part d'un quidam. Le notaire lui a opposé un refus net et sans appel: «Les logements Aadl sont frappés d'incessibilité pour une période de dix ans. C'est un bien de l'Etat et moi je ne joue pas avec le bien de l'Etat. Je ne contournerai pas la loi pour servir les transgressions de la loi.» J'ai été agréablement surpris par l'honnêteté du notaire et je m'étais dit que la bonne dame pouvait tomber sur quelqu'un qui ne cherche qu'à empocher des honoraires. La démarche explique en partie l'impuissance des pouvoirs publics à satisfaire la demande en logements: ça doit être toujours les mêmes petits malins qui se faufilent dans le labyrinthe de la bureaucratie pour bénéficier d'un logement dont ils n'ont nullement besoin et qu'ils s'empresseront de vendre à un prix prohibitif à quelqu'un qui est dans la panade. La spéculation foncière est le symptôme le plus criant de la corruption. C'est la plus ancienne et c'est celle qui fait le plus mal aux gens qui n'arrivent pas à se procurer un toit par les voies normales, c'est-à-dire par la promotion immobilière étatique. D'ailleurs, je me suis toujours demandé pourquoi il n'existe pas de service qui surveille les annonces immobilières où l'on rencontre souvent les offres d'appartement avec «clause». Clause d'incessibilité, s'entend.

De Quoi j'me Mêle

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