L'Expression

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Adaptations

«Il n'y a pas de petits rôles, il n'y a que de petits acteurs.» Constantin Stanislavski

Quand on a vu au cinéma un grand rôle joué par un interprète de talent, le concept de ce rôle, se confond dans l'esprit avec la silhouette et la physionomie de cet acteur..C'est ce qui m'est arrivé après avoir vu Le Joueur interprété par feu Gérard Philipe, il est difficile de croire en une autre interprétation, quel que soit le talent du comédien. Vous me direz la même chose en pensant au Faust de René Clair dans les traits d'un diabolique Michel Simon... C'est cela l'art. Il réunit les magies d'une adaptation intelligente et d'une interprétation fulgurante. L'acteur dévoré par son rôle, promène sur la scène où le décor est tour à tour misérable ou opulent, la silhouette maladive du pauvre bougre, frêle, pâle, amaigri par les privations, consumé par sa passion intérieure:seule la lumière intense qui anime son regard inquiet ou plein d'espoir, demeure le seul aspect qui en fait un être vivant. Il est sans cesse attiré par les tables de jeux, obnubilé par sa passion, hypnotisé par le mouvement de la roulette. Il se prive de l'essentiel pour pouvoir s'adonner au vice qui le dévore...L'image en noir et blanc de cet acteur disparu, persiste encore quatre décennies après. Rien à voir avec le personnage incarné chez nous par un personnage qui éclate de santé, et qui promène, à la Orson Welles, un volume imposant dans les rues d'Alger. C'est là que l'on sent que l'adaptation comme le casting n'ont pas été heureux. Tous les Le Joueur présents et à venir ne sont pas censés se dérouler en Russie, à l'époque des tsars. Chaque pays, chaque société recèle des personnages dont le profil psychologique correspond au personnage de Dostoïevski. Le génie des scénaristes, des dialoguistes est d'adapter les grands traits du personnage névrosé aux réalités, aux us et coutumes de la société en question. Ce qui a attiré le plus mon attention et que je trouve caractéristique de notre société et qui a fait le bonheur des dramaturges de la radio, c'est le conflit perpétuel qui existe entre une belle-fille, sa belle-mère et sa belle-soeur. On est en plein vaudeville!
Je trouve particulièrement génial d'introduire dans le récit, cette atmosphère malsaine qui mine bien des familles, empoisonne les relations de couple et quelquefois détruit même certains ménages: une belle-soeur frustrée qui sabote par tous les moyens l'épouse de son frère...Cela traduit très bien le malaise d'une société où une majorité de femmes est confinée au foyer (donc, pas de salaire) et où le fils marié est contraint de vivre avec son épouse chez ses parents en raison de la crise de logement. L'adaptation serait encore plus heureuse si on avait ajouté le fait que le marié attend depuis dix ans un logement Aadl, qu'il touche un salaire de misère car il travaille au noir chez un privé qui le paie toujours avec un mois de retard, qu'il a vainement essayé de demander un visa pour le Canada et que malgré les 7000 DA versés au cabinet d'escrocs, sa demande a été rejetée. On peut aussi ajouter que le cousin du Joueur est un journaliste détenu à la prison d'El-Harrach. Toute la famille se mobilise à tour de rôle pour lui porter le couffin. On peut ajouter une touche très particulière en montrant une descente de police dans l'immeuble d'en face: ils sont venus arrêter un boucher indélicat qui a fait fortune en vendant de la viande d'âne. On peut aussi montrer Le Joueur égaré au milieu d'une marche interdite de chômeurs qui se font matraquer place du 1er-Mai ou éconduit parmi tant d'autres, à El-Aâlia, devant la tombe du grand Boudiaf.

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